Gazpacho – Soyuz

Soyuz
Gazpacho
Kscope
2018
Christophe Gigon

Gazpacho – Soyuz

Gazpacho Soyuz

Plus de vingt ans de carrière et déjà dix albums au compteur pour la formation norvégienne dont le nom lui-même, tiré du titre d’ouverture de l’album Afraid of Sunlight de Marillion (1995), marque un hommage au combo britannique. La simultanéité historique entre la sortie du chef-d’œuvre de la bande à Hogarth et la création du groupe scandinave est remarquable. En fait, toute la carrière de Gazpacho pourrait se réduire à un essai de coller au plus près à l’ambiance si particulière du disque-jalon de Marillion. Il est vrai que cet enregistrement, parfait de bout en bout, a posé les bases esthétiques de la musique que proposera Marillion à partir de là : un rock mélodique, atmosphérique, empreint d’emprunts discrets à la musique électronique, folklorique ou classique. Une sorte de rock progressif contemporain absolument non démonstratif mais très émouvant.

Gazpacho Soyuz band 1

A la suite des ténors du genre, Anathema et Gazpacho creuseront leur semblable sillon : mêmes envolées de guitare, mêmes lignes vocales tantôt plaintives, tantôt écorchées. Du reste, durant leur tournée Marbles, en 2004, Marillion a pris sous son aile Gazpacho en leur offrant la lourde tâche d’ouvrir tous leurs concerts. Dès lors, tous les fans du groupe anglais ont découvert Gazpacho, l’ont apprécié et ont suivi leur carrière prolifique en achetant leurs productions. Même si le chant et les orchestrations doivent beaucoup (trop) à Marillion, d’autres influences notables sont envisageables : Talk Talk, Radiohead, The Pinapple Thief et, surtout, Muse.

Gazpacho Soyuz Band 2

Ainsi, allons donc à l’essentiel en présentant les avantages et les désavantages à écouter Gazpacho. Relevons la qualité indiscutable des compositions et des albums proposés par le groupe depuis le premier, Bravo, en 2003, jusqu’au petit dernier, Soyuz, de 2018. Chaque galette forme un trésor, un concentré d’émotion et de finesse, au son recherché et travaillé. Au rayon des mauvais points, soulevons que cette recette parfaitement maîtrisée reste significativement la même depuis…Bravo. On entend toujours du Marillion (beaucoup), du Radiohead (un peu), du Pineapple Thief (un peu) et du Muse (beaucoup trop !!). Même s’il nous en coûte de l’avouer, admettons également que chaque disque ressemble à s’y méprendre au précédent. Ainsi, la recette magique marche toujours à plein régime. Mais jusqu’à quand ? Soyuz n’est ni meilleur ni moins bon que Molok (2015), Demon (2014), Night (2007) ou Tick Tock. (2009). Il est seulement (presque) parfaitement identique. A l’instar d’AC/DC, ZZTop ou Dream Theater, Gazpacho a trouvé un style qu’il se contente de creuser jusqu’à la lie. Mais pourquoi le pardonne-t-on aux groupes de hard-rock ou de metal et pas à un groupe de rock progressif ? Peut-être parce que, justement, le but semblerait être de progresser. Ou de quitter.

http://gazpachoworld.com/

 

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