Neal Morse – The Dreamer, Joseph: Part One

The Dreamer - Joseph: Part One
Neal Morse
Frontiers Records
2023
Fred Natuzzi

Neal Morse – The Dreamer, Joseph: Part One

Neal Morse The Dreamer Joseph Part One

Nouvel opus en solo pour notre prêcheur préféré, j’ai nommé Neal Morse. Enfin, tout seul pour la compo car sinon il y a pléthore d’invités sur cet album. Eric Gillette (qui ne chante pas, quelle erreur !), Steve Morse (Flying Colors), Ted Leonard (Spock’s Beard, Pattern-Seeking Animals), Matt Smith (Theocracy), Talon David, Jake Livgren (Proto-kaw, Kansas), Wil Morse, Matt Pogue, Mark Leniger, Gabe Klein, et j’en passe, figurent parmi les musiciens et chanteurs réunis à la cause de cette histoire biblique. The Dreamer – Joseph: Part One suit les aventures de Joseph et de ses frères, jaloux de lui. Il finira à la fin de cette première partie en prison pour un crime qu’il n’a pas commis. Car oui, il y aura une deuxième partie en 2024 ! C’est dire l’intensité de l’inspiration Morsienne, intarissable. Pourtant, Neal semblait en fin de course (pour certains, il a passé la ligne d’arrivée depuis longtemps !) avec des opus plus faibles comme Sola Gratia ou pire, le rock opera Jesus Christ The Exorcist. Pour The Dreamer, même s’il surfe sur la même vague du rock opera avec un cast presque identique, il n’en prend pas la teneur. Entendez par là qu’il évite les clichés de Broadway propre à la comédie musicale. The Dreamer est un vrai album de rock progressif mais il y a aussi du rock plus direct. Et la guitare parle en maître. Le jeu des chanteurs qui se répondent dans les morceaux est fluide, pas de sons gênants comme dans JCTE, même si de temps en temps le symphonique de Neal Morse est un peu trop appuyé (un défaut qu’il a toujours eu), bref un album qui passe sans ennui du moment que l’on sait ce que l’on écoute !

Et bien entendu, on commence par une « Overture », sinon ce ne serait pas fun. C’est le bruit d’une mouche qui ouvre le disque (euh … vraiment Neal ?) avant de se confondre dans un son orchestral qui débouche sur une partie instrumentale de haute volée, comme d’habitude. Puis le titre « Before The World Was », faisant office de « Prologue » reste lui de facture classique mais évolue avec une mélodie hors pair. On pense à ses premiers albums en solitaire, preuve que sa patte est inimitable, avec en plus un solo de Steve Morse. Bref, ça marche, et on reconnaît toute l’efficacité du père Morse à la fabrication de chansons pop gospel. Étonnamment, le titre suivant ne fonce pas tête baissée dans le rock mais reste dans la veine pop légère que l’on peut connaître dans ses albums « maisons ». « A Million Miles Away » et sa guitare acoustique accompagnée de moments plus heavy est un condensé de savoir-faire à l’américaine. Jusqu’ici, on se demande ce que peut bien venir faire le genre du rock opera. « Burns Like A Wheel » est le premier morceau où figurent d’autres vocalistes. On rentre donc dans le vif du sujet. Ted Leonard est toujours impeccable (si l’on n’est pas allergique à sa voix haut perchée) et le titre devient plus « racontant ». On avance dans l’histoire. « Liar Liar », plus heavy, garde un style qui m’a fait penser à The Tea Party, sans doute à cause de la guitare mais ça reste quand même un morceau progressif qui n’appartient qu’à Neal (et à ses influences). Les morceaux s’enchaînent et « The Pit » ramène des souvenirs du feeling de Snow, comme on a pu penser à Testimony au début de l’album. « Like A Wall », c’est du rock direct, pêchu, à base d’un riff qu’on dirait sorti d’un vieil album de Bryan Adams ou autre ! Le son, c’est vraiment du Neal Morse pur jus. Très agréable et fun !

Neal Morse The Dreamer Joseph Part One Band 1

« Gold Dust City » enchaîne et on est encore ébahi par le nouveau riff de guitare. Assurément, cet album est « guitar driven » et ça fait du bien. J’ai toujours aimé Neal Morse en guitariste. Très bon titre qui aurait pu figurer sur un opus du Neal Morse Band (on pense à The Great Adventure par exemple), Eric Gillette aurait pu la chanter avec brio celle-ci ! « Slave Boy », chantée merveilleusement par Talon David, fait aussi penser à Snow, un morceau rock très réussi. Changement d’atmosphère avec « Out Of Sight, Out Of Mind » où là, on se rapproche un peu plus du « musical ». Moins convaincant donc. « Wait On You » m’a rappelé « Say It’s Alright Joe » de Genesis, mais c’est anecdotique. Morceau introspectif où Joseph se demande quel crime il a commis. Les cordes sont convoquées à mi-chemin et tirent le titre de sa mélancolie avec encore une fois un superbe solo de guitare. « I Will Wait On The Lord » est un intermède spirituel à base de chant choral religieux, étonnant moment ici avant une reprise furieuse de l’ « Overture ». Le riff de départ de « Ultraviolet Dreams » est excellent (j’ai pensé à Prince, vous me dites si je perds la boule, hein ?), et la chanson est peut-être la meilleure du disque. Neal déploie des trésors d’émotion, et son chant est habité. « I’ll Embrace The Great Nothing », une autre référence destinée aux fans ! Et quel solo de guitare encore ! La première partie de The Dreamer aurait pu s’arrêter là et de bonne façon. Nous avons droit à encore deux titres. « Heaven In Charge Of Hell » commence donc comme s’il débutait le disque, avec une intro majestueuse et un super riff. Très « musical » par contre avec son chant en chœur et sa fin pompier, il est dispensable. Tout comme « Why Have You Forsaken Me » qui souffre du syndrome de vouloir finir un album avec lyrisme en en mettant plein la face. Et le gong de fin est ringard… Quel dommage, sans ces deux morceaux, l’album était à mon sens bien mieux équilibré.

Neal Morse The Dreamer Joseph Part One Band 2

The Dreamer – Joseph: Part One est quand même une bonne surprise. Là où JCTE pêchait par trop de tics Broadway, The Dreamer reste un album rock avec des pointes de rock opera. Il surprend par ses guitares au premier plan, et le fait qu’aucun morceau ne dépasse les sept minutes. Neal Morse a bien fait de sortir les deux parties à distance l’une de l’autre, contrairement à JCTE. Il y a déjà 65 minutes à apprécier et digérer alors plus mènerait à l’indigestion. En attendant la suite, le second opus de D’Virgilio, Morse, Jennings est annoncé pour novembre prochain !

https://nealmorse.com/

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