Amarok – Hope

Hope
Amarok
OSKAR Records
2024
Thierry Folcher

Amarok – Hope

Amarok Hope

Pour tout vous dire, c’est grâce à Hope, que j’ai découvert Amarok. Mieux vaut tard que jamais, c’est certain, mais comme à chaque fois en pareil cas, une mise à niveau s’imposait. Me voici donc en compagnie d’un quatuor polonais composé de Michał Wojtas, multi-instrumentiste et leader incontestable, de Marta Wojtas, percussionniste et responsable de la plupart des textes, de Kornel Popławski à la basse et de Konrad Zieliński à la batterie. Voilà pour le line-up actuel, présent à la fois sur Hope et sur Hero, le disque précédent sorti en 2021. L’histoire de cette formation varsovienne commence en 2001 avec la publication de Amarok, leur tout premier opus éponyme dont le nom est un hommage direct à Mike Oldfield, véritable icône inspiratrice pour Michał Wojtas. Par la suite, de nombreux musiciens vont participer à l’aventure, dont Colin Bass de Camel et Mariusz Duda de Riverside, tous deux invités sur plusieurs projets. Par ailleurs, il est à noter qu’Amarok a partagé la scène avec quelques cadors du monde progressif comme Nick Mason de Pink Floyd, Gazpacho ou encore Bjørn Riis. C’est marrant, mais à partir de tous les noms que je viens de citer, on peut aisément se faire une petite idée des influences et des domaines musicaux qui ont fabriqué le son Amarok. La musique sera progressive, inventive, mélodieuse, symphonique et particulièrement bien rythmée par moments. Cela dit, je m’empresse d’ajouter que le groupe possède une véritable identité qui l’exonère totalement d’un quelconque plagiat sans âme. « Hope Is », le titre initial de l’album, a donc été ma première expérience avec eux et je peux vous dire qu’on ne peut guère faire mieux comme entrée en matière. Tout est parfait sur ce morceau qui trimballe l’auditeur dans un univers où s’échangent des riffs lourds et une rythmique hyper puissante avec des vocaux légers, des nappes vaporeuses, des arrangements subtils et une envolée de guitare floydienne à vous mettre par terre. Et si l’on rajoute à cela une narration qui rappelle Propaganda, on obtient une des choses les plus passionnantes du moment.

Après cet alléchant départ qui a réellement piqué ma curiosité, j’ai décidé de remonter le temps afin de mieux cerner cet étonnant combo que n’importe quel amateur de prog rock classique devrait connaître. Et quels bons moments j’ai passés avec leurs précédents ouvrages ! Les petites touches de Pink Floyd, de Mike Oldfield ou même de Dire Strait vont orner des compositions très souvent instrumentales et toujours accessibles. Les sons de guitare, les atmosphères et les trouvailles en tous genres y sont variés et offrent à l’auditeur attentif un réel plaisir d’écoute. Mais en 2004, Metanoia marquera la fin de la première période d’Amarok et il faudra attendre treize longues années pour réentendre parler de lui. En 2017, c’est donc la sortie de Hunt qui sonne le retour d’un groupe requinqué et désireux de franchir un palier. L’identité visuelle se précise avec notamment la tête de loup en symbole, désormais présente sur toutes les pochettes. (A noter qu’Amarok veut précisément dire loup en langage eskimo). Dès le premier morceau de Hunt, on s’aperçoit que beaucoup de choses ont changé. La musique est devenue plus profonde avec un côté dramatique proche de Riverside ou même d’Anathema, la référence absolue de l’époque. Ensuite, The Storm (2019) confirmera le parti pris sombre et recueilli de la musique, mais dans un climat plus ambient qui fait penser aux belles errances de Lunatic Soul. Cependant, le lien avec Hope est à rechercher plus récemment, en 2021 précisément, avec le très beau Hero qui a fait passer le groupe dans un autre monde. Le quatuor actuel est constitué dans la durée et se lâche complètement sur ce disque où le chant, les synthés et la guitare se drapent de modernité et de sonorités plutôt bienveillantes.

Amarok Hope Band 1

Maintenant, il est grand temps de revenir à Hope et à la succession de « Hope Is », pas forcément gagnée d’avance. « Stay Human » est carrément un cran en dessous et ne réitèrera pas les belles vibrations précédentes. Cela dit, c’est super bien chanté avec un bel allant qui emporte l’auditeur malgré un discours un peu passe-partout (Stay human, in the age of fake…). Ensuite, « Insomnia » continuera dans une sorte de faux rythme pas vraiment emballant, mais heureusement bien contrarié par la guitare de Michał, toujours aussi puissante et inspirée. Attention, ces deux derniers titres ne sont pas faiblards, ce sont des passages très honnêtes, mais ils ont juste la malchance de succéder à un morceau plus costaud. C’est pour cette raison que « Trail » arrive au bon moment pour remettre Amarok sur de bons rails et faire (enfin) oublier « Hope Is ». Ici, pas de tergiversations, c’est bien cadencé, très bien produit et superbement chanté par un Michał Wojtas qui impressionne par son charisme (un peu comme Nick Barrett chez Pendragon). La petite touche métal est plutôt bienvenue et laisse présager de bons moments sur scène. Et on n’est pas au bout de nos surprises. « Welcome », embrayant juste après, nous fait découvrir un panel de voix assez impressionnant (surtout celle du batteur Konrad Zieliński en lead) qui prouve qu’Amarok est bien armé pour surprendre et ne pas lasser. Et ce n’est pas « Queen » qui contredira tout cela, bien au contraire. Avec son tempo lourd, on sent du Black Sabbath dans les intentions et dans le rendu malsain. Sur cet étonnant morceau, c’est au tour du bassiste Kornel Popławski de prendre la direction des opérations en accaparant le chant et le violon avec une aisance incroyable.

Le temps passe et la chronique s’allonge, surtout qu’il reste encore de bons moments à découvrir. Tout d’abord, l’instrumental « Perfect Run » en pourvoyeur de belles boucles tournoyantes, propices au décollage immédiat. Puis, arrive le langoureux « Don’t Surrender », un peu à contre-courant c’est vrai, mais finalement bien intégré, en partie grâce aux backings enveloppants de Marta et à la guitare salvatrice de Michał. Je lui préfère nettement les plaisirs simples de « Simple Pleasures », son atmosphère étrange, sa guitare blues prog et son irrésistible pulsation charnelle. Et pour terminer en beauté, Michał Wojtas nous offre « Dolina », une poésie pastorale qu’il chante dans sa langue natale comme pour nous rappeler d’où il vient et que son pays est devenu un sacré bon fournisseur de talents ainsi qu’un fer de lance de la création musicale de qualité.

Amarok Hope Band 2

Avec la sortie de Hope, c’est un peu l’histoire d’Amarok que je me suis efforcé de vous relater, car je pense que cela en valait la peine. Si vous aimez le rock progressif et que vous cherchez à regarder au-delà des habituelles Stars du genre, un petit tour vers l’Europe de l’Est ne pourra qu’enrichir votre univers musical préféré. Ce septième album d’Amarok est un petit bijou qu’il faut absolument écouter et qui viendra sans peine compléter votre collection de disques favoris. Se constituer un beau rayonnage de musiques « made in Poland » est certainement une bonne idée à creuser. Pour ma part, c’est commencé depuis longtemps.

https://amarokmusic.bandcamp.com/album/hope

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.