Neal Morse – Jesus Christ: The Exorcist

Jesus Christ: The Exorcist
Neal Morse
Frontiers Records
2019
Fred Natuzzi

Neal Morse – Jesus Christ: The Exorcist

Neal Morse Jesus Christ The Exorcist

Qu’ont donc en commun Pascal Obispo, Robert Hossein et Neal Morse ? Je vous le donne en mille : Jésus et… les comédies musicales ! Alors que Neal Morse vient de lancer sa propre application, « Waterfall », pour écouter sa musique en streaming non stop, que l’on annonce un live de la dernière tournée The Great Adventour en août, un troisième opus de Flying Colors en septembre et un nouvel album de Transatlantic, voici qu’apparaît Jesus Christ : The Exorcist. Ah ouais, carrément. A l’énoncé du titre de cette épopée musicale de Neal Morse, j’en connais quelques-uns qui se sont évanouis, d’autres qui sont partis en Norvège invoquer Satan en compagnie d’illustres groupes de black metal, d’autres encore, plus raisonnables, qui ont simplement dit « Oh dis donc le père Neal là il abuse ». Je pencherais plutôt du côté de ces derniers. Car en effet, alors que l’on pensait Neal Morse assagi dans les termes religieux de ses dernières offrandes, bah là il sort l’artillerie lourde. A sa décharge, Jesus Christ : The Exorcist a été écrit et composé lors de ses crises de foi, en 2008 et 2009 (mais réécrit juste avant sa performance au Morsefest en 2018). Il lui a fallu dix ans donc pour concrétiser ce projet fou de faire une comédie musicale progressive sur Jésus. Ou un opéra rock progressif. Appelez ça comme vous voulez.

A l’écoute de ces 24 titres (oui c’est un double album, what did you expect ?), on peut dire qu’encore une fois Neal Morse a eu une inspiration sans bornes. Mais pas sans limites non plus car bon nombre de moments en rappellent d’autres… Tous les genres sont abordés ici, de la ballade au progressif technique, de la variété à la musique style Broadway, Neal Morse touche à tout. Cependant, et c’est sans doute inhérent au prog opéra, il y a des moments, comment dire… gênants. Voire embarrassants. Pourquoi ? Parce que c’est amené maladroitement, ou bien les mélodies sont trop banales. Et musicalement, c’est pompier. Trèèèèèès pompier. Bien plus que ce que Neal Morse a l’habitude de faire. Résultat, l’ensemble s’écoute par moments difficilement. Jesus Christ : The Exorcist pêche (si je puis dire !) par excès en voulant coller au plus près de ce qui fait une comédie musicale, de celles qui sont jouées sur les planches mythiques de Broadway. Le mélange de tout cela peut se révéler indigeste. Ce n’est pas tant le thème abordé qui en est la cause, ça on en a l’habitude, mais la façon d’orchestrer le tout.

Neal Morse Jesus Christ The Exorcist Band 1

Et pourtant, il y a du beau monde sur cet album. Neal Morse lui-même aux claviers et guitares mais qui se fait assez discret au chant, Ted Leonard en Jésus (si vous êtes allergique à son chant, partez très vite), Nick D’Virgilio en Judas, Jake Livgren, Matt Smith, Paul Bielatowicz à la guitare, et les habitués Bill Hubauer et Randy George. Étonnamment, pas de Mike Portnoy à la batterie, sans doute parti pisser au moment de l’enregistrement, remplacé par… Eric Gillette. La notion d’ « exorciste » se réfère à la capacité de Jésus à faire sortir les démons des hommes et le musical relate différents moments de la vie de Jésus, sa relation avec Mary Magdalene, interprétée brillamment par Talon David, et va jusqu’à la crucifixion. Niveau fun, retenons les 10 minutes de « Jesus’ Temptation » (seul morceau de cette durée), très Spock’s Beardien tirant vers Deep Purple, le dynamique « There’s A Highway », « The Madman Of The Gadarenes » qui fonctionne comme « Thoughts » de Spock’s Beard, « Love Has Called My Name » qui sera repris à la fin, le rock rigolo (même si je pense qu’il n’est pas fait pour être rigolo) « Get Behind Me Satan », le vibrant « Gethsemane » et le final « The Greatest Love Of All » aux mélodies bien lyriques.

Neal Morse Jesus Christ The Exorcist Band 2

Un opéra prog par Neal Morse semblait inévitable. Pourra-t-il un jour le monter en dehors des Morsefests ? Ce sera assez épineux car trop de monde sera sur scène. Et il lui faudra sacrément améliorer les sonorités, surtout des claviers, pour que ça ne paraisse pas trop cheap ce qui est un peu le cas sur disque. Heureusement et comme toujours, l’authenticité et la sincérité du mec emportent tout. Jesus Christ : The Exorcist est cependant à réserver à ses fans inconditionnels.

http://www.nealmorse.com/

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