Live Report Prog Rock Fest au Casino de Paris, 26 et 27 septembre 2025

Live Report Prog Rock Fest au Casino de Paris, 26 et 27 septembre 2025
2025
Palabras De Oro et Fred Natuzzi

Live Report Prog Rock Fest au Casino de Paris, 26 et 27 septembre 2025

Live Report Prog Rock Fest au Casino de Paris, 26 et 27 septembre 2025

Un festival consacré au rock progressif, il en reste quelques-uns en France (malgré plusieurs disparitions récemment), mais il n’y en avait pas à Paris ! C’est enfin chose faite avec le Prog Rock Fest qui s’est tenu pour sa première édition au Casino de Paris les 26 et 27 septembre dernier. L’affiche était assez alléchante avec IQ en tête de gondole pour les deux soirs, auréolés du succès de leur passage au Café de la Danse l’année dernière, mais également les Allemands de RPWL, les Italiens de The Watch et les Gallois de Karnataka. Un beau programme varié qui réunit différentes nations et façons de faire du prog. À Clair & Obscur, nous nous devions d’aller y célébrer un type de musique qui a entraîné la création de votre webzine. À l’origine, en effet, nous parlions beaucoup de rock prog, avant que nous ne nous embarquions vers d’autres genres sous l’impulsion des différents collaborateurs qui nous ont rejoint au fil des années. C’est le geek Palabras de Oro et le vétéran du site, Fred Natuzzi, qui s’y sont collés. Vous connaissez peut-être leur manie de se chamailler amicalement pour des petites broutilles (voir les pour et contre sur Dream Theater par exemple), eh bien ce fut également le cas pendant ces concerts, enfin surtout pendant celui de Karnataka !
Premier soir, Karnataka donc et IQ. Le classieux Casino de Paris accueille cette première édition et chaque groupe aura son stand, ainsi que quelques partenaires vendant un magazine ou, plus surprenant, des chaussures ! Premier groupe : Karnataka. Difficile d’ouvrir le bal bien évidemment, mais le public est venu entendre du prog. Il sera servi et le fera savoir en ovationnant chaque groupe dans une ambiance extrêmement chaleureuse. Des morceaux au minimum de dix minutes égrènent le set, avec aussi, malheureusement, des problèmes de son, qui ne seront pas réglés au cours de la soirée. Donc seuls cinq titres sont joués pour une heure et quart de show. La guitare est sous-mixée, on n’entend que les soli, mais pas les riffs. Dommage pour le talentueux Luke Machin (Maschine, The Tangent, It Bites) qui tient à bout de bras le combo, faisant le show. Fred trouve les compos trop longues et artificiellement étirées, sans doute pour coller aux schémas classiques du prog, au risque d’en frôler la caricature. Pour Palabras, le sentiment est similaire, mais il reste beaucoup plus bon public grâce à la séduisante chanteuse Sertari, toute de cuir vêtue, qui met tout son pouvoir d’attraction dans ses cheveux et dans sa voix, hélas, également sous mixée. Elle vit son show et fait battre le cœur du public ainsi que le sien qu’elle martèle avec conviction sur « Heart Of Stone ». Desservi par les claviers très passéistes de Rob Wilsher, le set est rattrapé par les soli de Machin et par Jack Summerfield, un batteur très présent par son jeu aéré, précis et moderne, ce qui contraste avec les claviers.  Ian Jones, le bassiste et unique membre d’origine d’un groupe presque entièrement reconstruit, consolide avec bonheur les squelettes des morceaux un peu faiblards rythmiquement parlant du fait des riffs inaudibles de Machin dus au son mal réglé. Globalement c’est sympathique, mais les mélodies les plus accrocheuses sont noyées dans une succession de plans interminables. Alors, pour Fred, il est difficile de garder l’attention durant parfois de longues minutes de remplissage au sein d’un morceau. Sans nier cet avis, Palabras fait ressortir la qualité technique du groupe estimant que le combo, même s’il a subi de gros changements de line-up, assure un set plus qu’honnête bien que contenant effectivement certaines longueurs.

IQ band1
C’est au tour d’IQ d’entrer en scène pour près de deux heures de rock progressif haut de gamme. Peter Nicholls est assurément en voix et son charisme est largement suffisant pour ne pas noyer le public lors des longues parties, dont le groupe, fort heureusement, n’abuse pas systématiquement. Mike Holmes aura le même souci que Machin, le son des riffs est noyé dans la masse et sa guitare manque d’attaque, ce qui amoindrit l’impact de ses interventions. De plus, la batterie n’est pas nette. Elle semble ne pas être dans le mix. Elle sonne confusément et désagréablement, surtout la grosse caisse. Le set se balade dans la discographie d’IQ, de The Wake au dernier opus, Dominion. Bien meilleur que le double Resistance précédent, IQ choisira de présenter les excellents « Never Land » et « Far From Here » qui passent très bien l’épreuve de la scène. Citons les toujours efficaces « The Wake », classique parmi les classiques, « Further Away » tiré du génial Ever. Également, la formation livre une version épique du fabuleux « Sacred Sound » extrait de l’excellent Dark Matter, le préféré de Palabras. L’enchaînement avec le dynamique « Subterrenea » de l’opus éponyme lui fera dire qu’IQ est vraiment bon sur les titres aux tempi rapides et qu’ils devraient en faire plus dans ce style. Fred donnera raison à Palabras mais lui fera remarquer avec l’air faussement supérieur et surtout moqueur qu’on lui connait, que ce dernier n’a jamais écouté les albums précédents Subterrenea ! Quand même, quelle faute de goût de ne pas connaître au moins The Wake et Ever ! En revanche, Palabras s’étonnera qu’à part IQ, Fred n’ait jamais vu en concert aucun des autres groupes programmés ces deux soir ni… Manfred Mann : à chacun ses fautes de goût et ses chamailleries eh eh !!! Les deux s’entendent cependant pour adorer les morceaux mélodiques qui clôturent habituellement et judicieusement les fins de disque d’IQ. Ils auront droit à « Guiding Light » de The Seventh House et « Closer » de Frequency. Palabras, est également friand des gros morceaux (de musique évidemment). Outre « Sacred Sound », il plébiscitera « The Road Of Bones » et « From The Inside In » de The Road Of Bones. À part Martin Orford parti en retraite il y a longtemps et remplacé par Neil Durant, on retrouve outre Nicholls et Holmes, Paul Cook à la batterie (parti en retraite avant Orford et revenu très vite derrière les fûts) et Tim Esau à la basse, soit le line-up du IQ originel ! Dû à la durée (excessive pour Fred) du set de Karnataka, IQ ne jouera ni « No Dominion » ni « The Darkest Hour », au grand désespoir de Fred qui adore Ever, ni « You Never Will » ou « Born Brilliant » de Dark Matter au grand dépit de Palabras, même si ces deux titres n’étaient de toute façon pas prévus au programme. Ce fut quand même du méga IQ, et une très belle première soirée.
Le deuxième jour du Prog Fest commence à 17h pétantes lorsque entrent en scène les Teutons de RPWL, qui jouent rarement en France sauf dans des festivals ou Chez Paulette (sous l’égide de nos chaleureux amis d’Arpegia). Yogi Lang chante de sa voix douce, proche d’un David Gilmour. Il possède un capital sympathie communicatif qui compense son absence de jeu de scène. Le groupe étant connu pour faire des reprises de Pink Floyd, nous aurons droit, au cœur de son set, à « Welcome To The Machine », bien retravaillé au niveau des claviers, mais ce n’est vraiment pas le moment le plus intéressant de leur concert, fort heureusement. Les Allemands ont une large discographie personnelle, ce qui leur permet de faire découvrir pendant 1h15 toutes leurs capacités. Pas de problème de son cette fois-ci, le public a pu apprécier le groupe à sa juste valeur. Avec deux choristes féminines qui ne font pas que de la figuration et qui ajoutent un supplément d’âme à la musique, leur son prend de l’ampleur et conquiert la salle qui leur offre une ovation qu’ils n’attendaient pas, à en voir leurs visages ! Et c’est tant mieux car ils le méritent. Du planant floydien « Hole In The Sky » extrait de God Has Failed, leur premier effort, à « Victim Of Desire » de leur petit dernier Crime Scene, en passant par l’entêtant « Roses », interprété alors avec Ray Wilson sur World Through My Eyes et repris à gorge déployée par le public, le set est parfait et reflète l’image d’un groupe en pleine possession de ses moyens, sans trop en faire. Un régal. Il faut noter aussi que les problèmes de sons de la veille ont été résolus ce qui mettra mieux en valeur les trois formations du samedi. Par contre, les éclairages fantaisistes continueront à laisser presque en permanence les musiciens de fond de scène dans l’ombre (ainsi que les choristes) lors des deux soirées, ne poursuivant qu’aléatoirement les frontmen aussi. Assurément, un axe de progrès pour la prochaine édition.

RPWL
C’est The Watch qui prend la relève pour jouer du Genesis période Peter Gabriel. Les Italiens défendent particulièrement bien cette période du groupe mythique reproduisant à la note près les morceaux de Trespass, Foxtrot, Selling England By The Pound ou The Lamb Lies Down On Broadway, le disque que n’aime pas Palabras, au contraire de Nursery Crime qui ne sera pas mis à l’honneur. Il ne s’est pas fait que des amis lorsque les fans autour de lui l’ont entendu descendre ce monument culte du prog, surtout celui juste derrière lui qui portait un t-shirt du Lamb. Une future idée de chronique pour notre célèbre rubrique polémique « L’album de trop » ? Il s’en est fallu de peu pour qu’il devienne Persona Non Grata au Prog Rock Fest ! Bon, quand on sait que Fred a entrouvert la porte Genesis par inadvertance, en partant de la case « You Can‘t Hurry Love », la cover de Phil Collins, il n’y a pas de quoi pavoiser non plus. Avec un « Firth Of Fifth » parfait, de l’intro fabuleuse de Banks au solo légendaire d’Hackett, assurément le meilleur de toute sa carrière, un « I Know What I Like (In Your Wardrobe) » repris en chœur par un public aux anges et un « Supper’s Ready » épique en diable, The Watch a su recréer dignement l’ambiance de l’époque.

The Watch
Deuxième round pour IQ qui décide de jouer un album en entier. Ce sera Frequency. Pour vos deux compères chamailleurs, ce n’est pas un album marquant dans la carrière des Anglais (comme quoi, ça leur arrive d’être d’accord!), mais le proposer sur scène pourra permettre de réévaluer l’opus. Pour Fred, il y a trop de longueurs qui noient le propos. « The Province » étant l’exemple de titre à rallonge qui devient ennuyant à la longue. La guitare a retrouvé son mordant et la batterie est bien intégrée au mix. Outre la redite « Closer » puisqu’il clôture magnifiquement Frequency, le combo rejouera les deux titres de Dominion, « Never Land » et «  Far From Here », en oubliant « No Dominion » encore une fois. Nous supposons que le groupe a voulu privilégier son dernier effort mais il est dommage de ne pas sortir quelques surprises récentes du chapeau pour éviter les redites de la veille. Peter Nicholls est encore plus en voix et sa prestation est d’une pureté impressionnante. Le reste de la set list est enthousiasmant, surtout pour Fred, puis que « Headlong » de The Wake et surtout « Leap Of Faith » et « The Darkest Hour » tous deux de Ever seront offerts aux fans nostalgiques de cette époque dorée. Plus surprenant, le popisant « No Love Lost » de Nomzamo, chanté à l’époque par Paul Menel, refait surface et tranche avec le reste du concert. Fred sera ravi, Palabras beaucoup moins, trouvant ce titre plat et faiblard ! Il y en aura eu pour tout les goûts dans ces deux sets d’IQ qui prouve encore qu’il a toujours sa place aux côtés des groupes de neo prog ayant débuté en même temps qu’eux, à savoir Pendragon et Marillion.

IQ band2
Cette belle affiche du premier Prog Fest a enchanté le public, qui a su offrir, surtout le deuxième soir, une atmosphère chaleureuse à chacun des groupes présents, parfois même à leur grande surprise. Témoin RPWL que nous espérons revoir plus souvent en tête d’affiche en France lors d’une prochaine tournée ! Et que dire d’IQ qui a snobé la France pendant une vingtaine d’années, persuadé que le public français n’était pas derrière eux. Les ovations reçues leur ont donné la banane, et l’on n’avait jamais vu Holmes aussi guilleret et même facétieux sur scène, y compris quand Nicholls lui donnera une accolade appuyée lui faisant péter une corde de guitare juste au moment du solo final du show. En tout cas, le public, tout comme nous à Clair & Obscur, est prêt à revenir pour une seconde édition l’année prochaine, c’est tout le mal que l’on souhaite aux organisateurs de ce Prog Rock Fest parisien particulièrement bien réussi !

https://progrockfest.com/
https://www.facebook.com/profile.php?id=61576952514150

Set List IQ Vendredi :
From The Outside In
Sacred Sound
Subterrenea
Guiding Light
Never Land
The Wake
Shallow Bay
Far From Here
The Road Of Bones
Closer
Further Away
Rappel : Ten Million Demons

Samedi :
Frequency
Life Support
Stronger Than Friction
Ryker Skies
The Province
Closer
No Love Lost
Never Land
Leap Of Faith
Far From Here
Headlong
Rappel : The Darkest Hour

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