Steven Wilson – To The Bone

To The Bone
Steven Wilson
Caroline Records
2017

Steven Wilson ToThe Bone

Même pas sorti, que le nouvel album de Steven Wilson, To The Bone, défrayait déjà la chronique. Les extraits que l’on pouvait trouver sur le net affolaient le petit monde des adorateurs du génie prog adoubé après Grace For Drowning et surtout après The Raven That Refused To Sing (And Others Stories) , ce dernier se voulant même être un disque qui aurait pu sortir au début des années 70, selon les dires de son créateur. Certes, cet effort a plu aux plus fans du prog mais moins à ceux qui aimaient chez le Britannique un semblant d’originalité malgré un savoir-faire indéniable. Cependant, pour Wilson, il n’a jamais été question d’être un artiste catalogué dans le progressif (il crachait sur ce mot il y a vingt ans…), mais de proposer une certaine idée de la musique, et qui rassemblerait ses influences, aussi diverses et variées qu’elles fussent. Ce qu’il a proposé avec Porcupine Tree est différent de chacun de ses albums solo. Son travail avec Opeth, le projet Storm Corrosion, Blackfield, Bass Communion ou No-Man, tout cela témoigne d’un appétit créatif impressionnant. Tout n’est pas réussi, mais au moins, il essaye, quitte à en laisser certains sur le carreau. D’ailleurs, Hand. Cannot. Erase. en a refroidi plus d’un. Alors oui, le monsieur a des rêves de gloire, a eu des excès de prétention, mais il nous donne quand même des disques bien produits, avec des compositions de qualité. On aime ou pas sa voix, son style, mais force est de reconnaître que depuis vingt-cinq ans, Steven Wilson occupe une bonne partie de notre univers musical.

Steven Wilson ToThe Bone Band1

Les intentions de Steven Wilson sur To The Bone ont sans doute fait peur à beaucoup de monde ; en effet, il souhaitait se focaliser sur le songwriting et proposer un paysage musical plus direct, plus… pop. Oui le mot est lâché : pop. Bim ! Mais pop dans le bon sens du terme, comme en a eu à cœur de préciser le maître. Bah oui, faudrait pas non plus que tout le monde parte en courant. Et de citer les Beatles, Tears For Fears, XTC, Depeche Mode et j’en passe. Alors qu’en est-il ? Comme tout le monde, je m’attendais à quelque chose de très ouvert, des formats courts, un peu à la Blackfield, et sans côté progressif. Déjà, le single éponyme dure quasiment sept minutes. Question pop, on va donc se calmer, ça ne va pas passer en radio. Il se fait donc plaisir le père Wilson. Et il a bien raison. Sauf que… Sauf que ce premier titre, « To The Bone » donc, co-écrit avec Andy Partridge de XTC, fait penser au début à Pink Floyd. En tout cas l’intro. Ensuite, la chanson m’a plus fait penser à John Wesley, son compère américain qui tenait la gratte dans Porcupine Tree, qu’à quelqu’un d’autre. Enfin, il se conclut par un passage planant inattendu à la Tears For Fears. Mais le titre semble se perdre un peu. Bref pas convaincu. Arrive alors « Nowhere Now », titre effectivement lumineux mais sans grande originalité. La peur de la banalité m’étreint donc alors. C’est plaisant, ça s’écoute, mais ce n’est pas du grand Wilson. Heureusement, le disque se réveille ensuite avec le premier duo avec Ninet Tayeb, « Pariah », sorte de nouveau « Mercy Street », avec une splendide envolée à la fin du morceau. Sur « The Same Asylum As Before », Wilson s’essaye au falsetto, faisant au passage certainement ricaner les plus intégristes de ses détracteurs. Pourtant, c’est réussi et bien construit, et ça rappelle presque les meilleurs moments popisant du porc-épic, y compris dans les riffs de guitares. « Refuge » prend le point de vue d’un réfugié dans le camp de Calais, pour un titre émouvant, avec un bon travail d’atmosphère, léger et subtil, et une jolie montée en puissance. « Permanating », c’est le titre pop, tube en puissance, référence disco et une pointe de John Lennon. La chanson la plus joyeuse de son auteur, qui… sourit dans le clip, preuve à l’appui en dessous de cette chronique. Pour un mec qui a pour chanson préférée, « Drown With Me », c’est plutôt renversant ! Efficace, addictive, un grand moment.

Steven Wilson ToThe Bone Band2

Ninet Tayeb revient sur « Blank Tapes », plus calme, une jolie respiration, avant le dynamique « People Who Eat Darkness », chanson sur le terrorisme. Six minutes urgentes, aux sonorités porcupiniennes, réjouissantes. Avec « Song Of I », où il est accompagné par Sophie Hunger, on découvre un beau travail atmosphérique au climat menaçant, et rehaussé par de splendides cordes et d’une bonne intensité dramatique. Les neuf minutes de « Detonation » détonnent par rapport au reste de l’album. On se croirait sur Insurgentes ! Pas pop du tout pour le coup, ce morceau est sympa, mais m’a un peu perdu. Enfin, « Song Of Unborn », une petite douceur sophistiquée, bien travaillée, calme avec un splendide jeu de guitare.

Les sonorités qui émaillent To The Bone sont très familières et même si Steven Wilson revendique son album comme le plus pop de sa carrière, il y a toujours ses touches particulières, sa patte. Son songwriting se révèle des plus efficaces, sa voix est plus mise en avant, et touche au plus juste. Un bon album, un peu inégal, clairement en dessous du précédent, mais qui restera comme le plus accessible de son auteur.

Fred Natuzzi

http://stevenwilsonhq.com/sw/

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