Six By Six – Six By Six
Inside Out Music
2022
Fred Natuzzi
Six By Six – Six By Six
J’arrive peut-être après la bataille, mais il faut dire que le rock progressif ne me transporte plus beaucoup. La faute peut-être à une lassitude d’entendre les mêmes plans over and over again (pourtant j’adore Neal Morse !) ou alors à un manque de curiosité de ma part. J’en profite du coup pour découvrir d’autres choses dans d’autres genres. J’ai commencé à écouter l’album de Six By Six un peu par hasard, il traînait dans mon itunes. En pressant la touche lecture, je ne me doutais pas que j’allais maintes fois me dire « Putain c’est vachement bien ça » ! Le disque est sorti en août 2022 et bizarrement, je suis passé à côté. Il est temps de rattraper les choses et une chronique suffira, j’espère, à me faire pardonner. D’autant plus que ce qui m’a vraiment fait bourdonner les esgourdes, c’est bien ce son de guitare reconnaissable entre mille : le gars joue comme Ian Crichton dans Saga ! Et il y a une bonne raison à cela. C’est Ian Crichton de Saga qui joue ! Le Canadien s’est fait accompagner du batteur anglais de Saxon, Nigel Glockler, et du vétéran américain Robert Berry (rien à voir avec Richard) au chant, aux claviers et à la basse, qui s’était illustré dans le groupe 3 aux côtés de Keith Emerson et Carl Palmer dans les années 80. Un super-groupe ce Six By Six, au même titre qu’un Transatlantic par exemple. Et ça envoie du bois ! Ça joue bien et fort, à l’ancienne, mais sans que ce soit dépassé. C’est technique, mais sans en mettre plein les oreilles. Les gars ont de la bouteille et ça se sent pour notre plus grand plaisir. Un peu plus de 45 minutes suffisent pour nous rassasier et sans remplissage. Du beau boulot !
Je me suis pris en pleine face l’intro de « Yearning To Fly », un nom qui rappelle « Learning To Fly » des Pink Floyd, mais qui n’a rien à voir. D’ailleurs au début, je me suis demandé si ce n’était pas Dream Theater qui jouait. Puis vient la guitare d’Ian Crichton sur des claviers qu’aurait pu tenir un Derek Sherinian. Une intro exemplaire, d’un peu moins d’une minute, pour installer l’ambiance qui va caractériser l’opus : du heavy prog de haute volée. Une voix typique du genre, une batterie lourde à mi-chemin entre le heavy classique et celle du regretté Neil Peart de Rush et une guitare impressionnante, notamment dans la partie instrumentale. Pas besoin de faire long, moins de cinq minutes suffisent pour asseoir tout le monde. Si vous n’aimez pas ce titre, alors passez votre chemin, vous n’aimerez pas le reste ! « China » parle de la soif de pouvoir de ce pays sur un titre puissant avec un chant montrant les belles possibilités de Robert. Morceau engagé comme on n’en fait plus. Les huit minutes de « Reason To Feel Calm Again » commencent par calmer le jeu et imposent une curieuse solennité avant de partir dans un fascinant développement mettant en valeur chacun des membres du groupe. Super efficace et inventif. Superbe intro également pour « The Upside Of Down », beau jeu de basse de Berry et un power prog efficace. On pense à Saga (forcément) en plus heavy. Décidément, ils sont très forts pour accrocher l’auditeur, car toutes leurs intros sont excellentes. C’est encore le cas pour « Casino ». Au-delà, encore des trouvailles et du groove !
« Live Forever » est une chanson de transition de moins de deux minutes où la voix de Bob trône. L’orgue qui ouvre « The Last Words On Earth » est détruit aussitôt par la guitare (et c’est tant mieux). Un titre qui fonce, mais qui est peut-être un peu plus faible que l’ensemble. « Skyfall » doit beaucoup aux riffs de guitare qui le compose pourtant l’énergie du titre est palpable. Je parlais de Pink Floyd au début de cet article, sur « Battle Of A Lifetime » on a quasiment droit à une ouverture digne de Gimour ! Finalement, ce titre joue plus avec l’émotion, toujours accompagné par de belles lignes de basse et aussi par de la guitare acoustique. Ian Crichton fait preuve d’une belle diversité dans l’utilisation de ses guitares et cela participe au plaisir que Six By Six nous procure. Avec « Save The Night », c’est carrément Rush que l’on croit entendre sur cette intro formidable. Puis revient la touche du groupe : une énergie folle, des guitares merveilleuses, une batterie redoutable, des vocaux maîtrisés, de l’espace pour la musique, bref, tout ce qui indique que le combo a marqué un grand coup avec cet album éponyme.
Six By Six réussit à maintenir l’attention tout au long de cet album avec une énergie communicative. Le sourire s’inscrit souvent sur nos visages à l’écoute de ces morceaux, certes pas très modernes, mais fort bien construits et interprétés pour nous faire passer un très bon moment. Aucun remplissage ou temps mort, dix morceaux totalement fun. Un super-groupe doit nous faire penser que ses membres jouent ensemble depuis des années et des années. C’est le cas ici, la complémentarité de chacun est hallucinante et chaque composition est d’un haut niveau. Chapeau donc à Robert Berry, Nigel Glockler et Ian Crichton, en espérant très vite un second opus !
Excellent review of an amazing group!
Thanks Stuart !
je suis tombé aussi par hasard sur cet album et ce groupe sur YouTube en regardant des vidéos live de SAGA injustement boudé ces dernières décennies à l’instard de RUSH , jamais compris pourquoi pourtant aussi talentueux et prolifique en rock progressif de haute volée ! C’est vraiment bien mais malheureusement côté promotion nada, sourtout en france, il tombera dans l’oubli et inaperçu derrière la médiocrité musicale qui elle est partout et mis en avant! dommage
Hello Rockman78 et merci de nous lire ! A nous de promouvoir les musiques qui nous tiennent à coeur et à favoriser le bouche-à-oreille 😉
Fan de Saga depuis mes 13 ans (j’en ai 40 de plus), je me dis que j’ai de la chance de ne pas être passé à côté.
Quel guitariste ce Ian Crichton! Un des rares à me donner la chair de poule quand il se lance dans ses solos.
Je confirme, cet album est très très réussi.