Neal Morse & The Resonance – No Hill For A Climber

No Hill For A Climber
Neal Morse & The Resonance
Inside Out Music
2024
Fred Natuzzi

Neal Morse & The Resonance – No Hill For A Climber

Neal Morse & The Resonance No Hill For A Climber

Voici un disque de prog pour les amateurs de prog pur et dur. Si vous ne supportez pas les morceaux de plus de quatre minutes, passez vite à une autre chronique. Et puis, si vous résistez plus de dix minutes, félicitations, le reste vous conviendra. Neal Morse & The Resonance, c’est quoi ? Eh bien c’est Neal Morse (comment ça, c’est qui ?) qui a engagé des petits jeunes multi-instrumentistes de sa paroisse pour faire de la musique avec lui. En flex office. Il compose avec eux, propose des trucs, mais fignole un album collectif. La même chose qu’avec son Neal Morse Band en fait. Cinq titres seulement ornent No Hill For A Climber, et le premier, « Eternity In Your Eyes », est un epic en sept parties. Dès les premières notes, ça sonne comme du Neal Morse classique, puis du Transatlantic, et finit en Spock’s Beard ! Tout y passe : l’ouverture avec des plans que l’on connaît bien, des références progs datées comme Procol Harum ou Gentle Giant, des passages instrumentaux virevoltants et un final grandiloquent. Du déjà entendu évidemment, comme si le groupe recyclait les chutes d’un Neal Morse période Transatlantic. D’ailleurs, l’un des chanteurs a une voix proche de Roine Stolt, les plans de basse se rapprochent de Pete Trewavas et la batterie n’a pas besoin de Mike Portnoy pour faire du Mike Portnoy. Bref, du Transatlantic sans les cadors de la formation, excepté Neal Morse, qui se fait plaisir. Vous me direz, « Mais qu’est-ce qui t’arrive Fred ? D’habitude, tu es indulgent avec Neal ! » Oui, mais là, il n’y a aucune originalité, voire de créativité. Et ça dure plus de vingt minutes. Admirablement bien exécuté quand même, il n’empêche que j’aurais apprécié, avec l’apport de nouveaux musiciens aussi talentueux, un peu plus d’ambition, surtout lorsque l’on propose deux epics. Saluons néanmoins les p’tits jeunes qui rejoignent la grande famille du prog : Philip Martin et Joe Ganzelli, batteurs, Chris Riley au chant, guitares, basses et claviers, André Madatian aux guitares et orchestrations ainsi que Johnny Bisaha au chant (celui qui va dans les aigus). Comme pour Kaleidoscope de Transatlantic (il n’y a pas de hasard…), trois morceaux plus courts sont pris en sandwich entre les deux gros plats de résistance.

« Thief » a une approche presque jazzy avec cette basse ronde, et les chœurs chantant le leitmotiv pourraient faire penser à Queen. Puis le titre se développe et enfin nous avons droit à quelque chose d’intéressant. La référence Queen apparaît un peu plus flagrante ensuite. Des bases progressives reprennent le flambeau et emportent le morceau ailleurs avant de revenir à l’ambiance du début. L’un dans l’autre, une chanson qui a le mérite de proposer autre chose et de sortir Neal de sa zone de confort. On oubliera cependant le son abominable de la trompette qui affaiblit le morceau. « All The Rage » rappelle Spock’s Beard époque V. Bien écrit, il est plus direct, pas original du tout mais efficace. « Ever Interceding » possède une intro acoustique très réussie, et le chanteur a une sacrée belle voix qui s’intègre bien dans cet univers, à la manière d’un Eric Gillette. Pas grand-chose à dire de plus, c’est donc soit un manque d’inspiration de ma part (ce qui serait concevable !), soit c’est parce que je n’ai pas grand-chose à me mettre sous la dent. Enfin… sous l’oreille si je puis dire ! Trop proche de ce qui a été fait avant, avec le même message chrétien. C’est joli, bien exécuté, mais cela ne va pas loin.

Neal Morse & The Resonance No Hill For A Climber Band 1

Arrive le second plat de résistance, un autre epic en six parties formant vingt-neuf minutes de musique, « No Hill For A Climber ». L’intro est déjà plus intrigante, voire… captivante ! On part dans les mêmes sempiternels plans prog, mais la batterie offre une accroche beaucoup plus prenante. Un bon point pour ce démarrage. Les claviers pompiers par contre, bon, il faudrait se calmer. Niveau guitare, joli thème, bien amené. Puis la partie « A Hill So High » montre un dialogue de chant bien géré, avec un refrain horriblement sirupeux. Une transition Transatlantic-esque plus tard, retour de l’acoustique et une atmosphère plus menaçante avec « Burn It Down ». L’intérêt revient, c’est le travail rythmique du batteur que l’on remarque encore ici et ce moment se révèle prenant et plein de surprises, pour une fois. Le groupe balance ensuite une transition prog par excellence avant un passage gnan gnan qui se veut majestueux, et renvoie à Yes. Tout cela pour atteindre le climax habituel, grandiloquent et exalté de fin. « Des fois ça marche, des fois ça marche pas » disait Garcimore. Vous choisirez votre camp !

Neal Morse & The Resonance No Hill For A Climber Band 2

No Hill For A Climber ne renouvelle malheureusement pas le genre.  À part quelques surprises ici ou là, c’est la même recette du rock progressif à la Neal Morse. Même les amateurs de sa musique comme moi pourront commencer à se sentir fatigués, à se lasser d’entendre les mêmes choses. Non pas que cela soit un album désagréable et mal foutu, non, l’opus s’écoute, s’apprécie même. Il manque juste un peu d’ambition (un comble quand on joue ce genre de musique). 67 minutes dont quelques-unes sortent du lot, c’est peu. L’effort va se fondre dans la masse et on pourra ressortir le disque au hasard de sa discothèque dans quelques années et se dire, finalement, qu’il est plutôt bon.

https://nealmorse.com/

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