Spock’s Beard – The Kindness Of Strangers

The Kindness Of Strangers
Spock's Beard
1997
Giant Electric Pea

Spock’s Beard – The Kindness Of Strangers

Au début des années 90, les californiens de Spock’s Beard publient « The Light » et « Beware Of Darkness », deux albums géniaux qui les consacrent d’emblée comme fers de lance du renouveau progressif (la 3ème génération) alors en train de s’installer et se développer un peu partout sur la planète. En effet, cette époque d’intense revival du genre voit naître une profusion de groupes sortis de nulle part, plus où moins créatifs, originaux et talentueux. Avec les suédois de The Flower Kings et les anglais de Porcupine Tree, Spock’s Beard s’est déjà hissé au sommet de la hiérarchie progressive, et « The Kindness Of Strangers » va définitivement achever la consécration de son statut de groupe référentiel et incontournable du rock-prog, toutes époques et tous styles confondus. A l’instar d’un Roine Stolt pour TFK, Neal Morse s’impose comme le mentor incontestable du combo, en signant l’intégralité des 7 compositions de l’album, dont il assure lui-même la majeure partie de l’enregistrement, en brillant multi-instrumentiste qu’il est.

« The Kindness Of Strangers » poursuit dans la même voie que ses illustres prédécesseurs, à savoir un rock symphonique jubilatoire à la fois complexe et très mélodique, teinté de sonorités seventies, orgue hammond et mellotron en tête, mais avec ici quelques accents plus pop qui n’enlèvent rien à la qualité générale de l’œuvre, bien au contraire ! Entre les habituels titres à rallonge (« The Good Don’t Last » en ouverture, et « Harm’s Way » suivi de « Flow » en guise de conclusion épique), s’alignent 4 titres au format chanson, un choix inédit chez les américains de Spock’s Beard, qui avaient pourtant déjà testé brièvement et avec succès cette formule sur « The Light » (« On The Edge ») et « Beware Of Darkness » (le titre éponyme, une reprise assez jouissive d’un classique de George Harrisson, et le heavy « Waste Away »).

La virtuosité instrumentale et la folie contagieuse ne sont guère absentes de ces morceaux moins ambitieux par leur durée, à commencer par le percutant « In The Mouth Of Madness » qui porte bien son nom, et qui de par son caractère débridé à la limite de l’hystérie deviendra l’un des classiques du répertoire scénique du quintet californien. Et l’exercice de la performance live est, on ne le répétera jamais assez, une fantastique cour de récréation aussi bien pour le groupe que pour son public généralement en transe, surtout lors de cette époque glorieuse malheureusement révolue aujourd’hui. On attend d’ailleurs de pied ferme ce que donnera le groupe à la fois en studio et sur les planches après les départs successifs de son mentor Neal Morse (atteint d’illumination mystique subite), puis de Nick D’Virgilio, booké quant à lui par d’autres projets, et qui avait repris le flambeau avec l’aisance qu’on lui connaît, mais sans le génie de son prédécesseur.

Pour terminer avec « The Kindness Of Strangers », impossible de ne pas citer « June », la formidable ballade acoustique composée et exécutée à la manière de Crosby Stills & Nash (ce qui tranche un peu avec les influences majeures du groupe que sont Yes, Genesis, Gentle Giant et les Beatles), et de vanter les qualités exceptionnelles de « Harm’s Way », peut-être la plus belle composition de la barbe de Spock jusqu’à aujourd’hui, tant elle conjugue avec brio tous les ingrédients qui en font son inimitable personnalité.

En conclusion, « The Kindness Of Strangers » restera pour moi peut-être le meilleur album de Spock’s Beard (en tout cas, mon préféré!), le plus fun lors d’une écoute intégrale, et le plus abouti de par son équilibre parfait entre sophistication et accessibilité. Le groupe poursuivra encore davantage dans cette voie avec l’album suivant titré « Day For Night », mais avec un résultat moins heureux à l’arrivée, avant de publier « V » qui, pour beaucoup de fans, restera son chef d’œuvre ultime. Vous connaissez la suite de l’histoire. Non ? Alors vous avez beaucoup de chance également !

Philippe Vallin (9/10)

http://www.spocksbeard.com/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.