Porcupine Tree – Lightbulb Sun

Lightbulb Sun
Porcupine Tree
K-Scope
2000
Philippe Vallin
Porcupine Tree – Lightbulb Sun
Porcupine Tree poursuit tranquillement son bonhomme de chemin en affirmant son style d’album en album, à savoir un parfait compromis musical entre pop-songs sophistiquées de très haute volée et compos plus fouillées, plus ambitieuses. « Lightbulb Sun » s’inscrit donc dans la droite continuité de « Stupid Dream », son magnifique prédécesseur, tout en étant à la fois plus harmonieux et maîtrisé que son devancier, moins surfait et surproduit également. En effet, l’album gagne en assurance et en cohérence ce qu’il perd en spectaculaire (et encore que !), plus simple et plus direct dans sa forme et son contenu. On a l’impression, avec ce nouvel opus, que Porcupine Tree atteint véritablement l’état de grâce, qu’il est au sommet de son art.Les chansons pop ne représentent en aucuns cas un handicap pour la bonne tenue de l’oeuvre, loin d’atténuer en effet l’impact des titres plus consistants, qui se situent, on l’aura aisément deviné, dans la deuxième moitié du disque. La qualité et le bon goût sont ici constants du début à la fin. Mélodiquement parlant, cet album regorge de petites perles à déguster sans modération. Rien à jeter, hormis peut-être le 1er single « Four Chords That Made A Million », un peu trop basique, au refrain quelques peu simpliste et répétitif, mais assurément efficace quand il est joué en live. Concernant le reste, des titres de la trempe de « Shesmovedon », « The Rest Will Flow », « Where We Would Be » ou « Feel So Low » (ce dernier agrémenté d’un magnifique quatuor à cordes), font véritablement mouche en titillant nos papilles émotionnelles. Un album entier de pop-songs de cette qualité n’aurait pas à rougir de lui même chez Porcupine Tree tant l’ensemble est superbe ! Surprise également que ce très court et hyper-intimiste « How Is Your Life Today », ballade triste et légère, dominée par le piano et le dulcimer, et dont les chœurs magnifiques nous replongent dans l’ambiance du « Atom Heart Mother » de Pink Floyd. Un pur moment de bonheur confondant de simplicité, complètement anachronique, mais vraiment délicieux. L’amateur du Porcupine Tree « progressif » aura deux titres à la hauteur (longueur ?) de ses égigeances à se mettre sous la dent. Tout d’abord avec « Hatesong », morceau sublimissime qui démarre façon Jansen/Barbieri (rythmique et chant tout à fait caractéristique, ce titre aurait pu aisément trouver sa place sur « ISM », leur dernier opus), pour finalement monter en puissance et en intensité, avec un chant réellement bouleversant de Steve Wilson soutenu par d’amples et magnifiques nappes de mellotron. Et quant à « Russia On Ice », il représente à mon avis, du haut de ses 13 minutes de pur bonheur, la quintessence de l’œuvre du groupe anglais. Quelques notes de piano électrique, et déjà la magie opère. On se croirait presque dans le « Rêve » de Vangelis, issu de son célèbre « Opéra sauvage » ! La suite est quant à elle toute droite sortie d’un « Dark Side Of The Moon » ou d’un quelconque chef-d’oeuvre du même acabit. Rythmique lente et obsédante, guitares planantes, basse profonde et hypnotique, orgue Hammond : on baigne à fond dans l’univers des Floyd, qui, soit dit en passant, n’écriront plus jamais rien d’un tel niveau musical et émotionnel. Le morceau décolle ensuite complètement dans sa seconde partie, qui n’est pas sans rappeler le monolithique « Plague Of Ghost » de l’ami écossais Fish, avec son groove imposant et ses effets de guitare Wah-wah. Puis le titre se conclue dans un final apocalyptique digne du « King » de Marillion. « Russia On Ice », c’est bourré de références, et c’est la baffe ! Pour conclure, voilà bel et bien l’album qu’il fallait à Porcupine Tree pour s’offrir les faveurs d’un plus large public et accéder enfin à une notoriété tant méritée. Reste à savoir si la promo du disque suffira à toucher le public potentiel, ce qui est malheureusement loin d’être gagné. Quand je pense qu’il suffirait de passer « Shesmovedon » en boucle sur la FM afin que Porcupine Tree affiche complet au Zénith !
Philippe Vallin (8/10)
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