HFMC – Eternal Snapshots
Glassville Records / Bad Dog Promotions
2024
Palabras De Oro
HFMC – Eternal Snapshots
Submergé par de nouvelles idées créatrices, Hasse Fröberg, l’un des deux chanteurs de The Flower Kings, décida de créer HFMC (Hasse Fröberg & Musical Companion) en 2009. Il apparaît assez étonnant qu’un groupe aussi prolifique que The Flower Kings n’ait pas épuisé l’inspiration d’Hasse. Cependant , il est vrai qu’il n’en est pas le leader et que le groupe a connu quelques longues éclipses, notamment entre 2008 et 2011.
Eternal Snapshots est le sixième LP d’HFMC et marque le quarantième anniversaire de la création du premier album d’Hasse Fröberg qui, à l’époque, donnait plutôt dans le hard rock. Eh oui, on ne rajeunit pas. Pourtant, sa voix, que j’estime sous-estimée, est intacte. Le groupe est également constitué de Sampo Axelsson (bass), Kjell Haraldsson (claviers), Anton Lindsjö (guitare) et d’Ola Strandberg (batterie et chœurs).
Forcément, à l’écoute d’HFMC, on se prend à faire des comparaisons avec The Flower Kings. Certaines mélodies exhalent le parfum de ce groupe mythique comme dans « Searching For The Dark ». Néanmoins, HFMC possède sa propre originalité. Les morceaux ne sont pas interminables ni exagérément torturés. HFMC donne plus dans le neo prog à tendance pop et hard que dans un rock progressif pur et démonstratif. D’ailleurs, cette galette procure un sentiment de gaieté quasi permanent avec des refrains assurément pops. Pourtant, Eternal Snapshots est un album concept qui traite de la destinée de l’humanité, un sujet qui ne procure pas autant de jubilation qu’un futile record de médailles françaises aux Jeux Olympiques. Son titre (en français « Instantanés Éternels ») image la naissance de nouveaux destins de vie à chaque seconde.
L’entame très pompeuse de l’opus sur « All I Wanted To Be (pt 1) » est presque incongrue. Je dirais même qu’elle est dispensable, car le groupe peine à assurer une transition convenable avec l’excellente seconde partie enjouée de la chanson. De plus, cette intro est reprise intégralement dans la « part 2 », donc à quoi bon ? Passé cette faute de goût initiale, le titre se révèle être une parfaite entrée en matière, surtout quand le chant lumineux d’Hasse prend le pouvoir. Il est à noter aussi qu’il est très souvent intégré dans des chœurs remarquablement conçus, un peu à la façon de Spock’s Beard, en témoigne le très joli « Only For Me ». Les refrains, empreints d’accents à la Toto, sont particulièrement réussis. C’est notamment le cas pour « No Messiah » à la rythmique assez étrange, et « Once In A Lifetime » avec l’intégration inattendue d’un passage instrumental qu’on aurait extirpé d’un orgue de barbarie pour le revisiter. Deux courts instrumentaux parsèment adroitement l’album. « The Yard », emmené par la basse galopante de Sampo Axelsson, est affriolant alors que « A Sorrowful Mariner » est un intermède majestueux. Cependant, l’un des temps forts du LP est, sans conteste, « Wherever You May Go » avec sa déferlante de gaieté qui transpire dans les multiples tempi de cette sympathique plage. On passe régulièrement du folk au pop un peu à la façon d’un Yes enfin, celui des débuts, puis à Peter Gabriel quand le rythme s’accélère. L’autre incontournable d’Eternal Snapshots est « Blind Dog ». J’écrivais plus haut qu’Hasse Fröberg avait fait ses classes dans le hard rock. Ce titre est un sacré mid-tempo que Deep Purple n’aurait pas renié. Sa rythmique de guitare doublée d’orgue Hammond donne des frissons. Le chant d’Hasse endosse la tonalité d’un Glenn Hughes. Le solo de guitare/clavier renvoie aux légendaires joutes entre Ritchie Blackmore et le regretté John Lord.
Ainsi, HFMC réussit avec Eternal Snapshots à concilier prog, pop et même hard rock pour proposer une musique riche et enlevée sans tomber dans une complexité outrancière. À son écoute, on comprend mieux pourquoi Hasse Fröberg ressent le besoin de s’extirper régulièrement du royaume des Rois de la Fleur pour créer une production musicale plus proche de ses racines (celles d’Hasse, pas celles de la fleur !)
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