Hexis – Abalam

L’exorciste ? C’est pour les snobs, les pontes de la cinémathèque sur leurs fauteuils et quelques cinéphiles. Remarque, on aime bien ce film, il fait toujours son petit effet. Mais maintenant, c’est plus trash. Maintenant, on veut que le prêtre la saute, la fille. Le fantasme. Un vieux libidineux frustré du presbytère et une jeune fille droguée, aux seins trop gros pour son âge. Hexis, c’est la bande-son. C’est même plus un film, c’est carrément du snuff. Du voyeurisme en clair-obscur, de la lingerie qui se déchire, des bras et des jambes attachés, un filet de bave au coin des lèvres sur des poils broussailleux. Et là, on détournerait presque le regard, mais l’envie est trop grande, pressante, bestiale. Ce corps qui se contorsionne, le bois qui grince, ce visage grimaçant, les pupilles aux lueurs smaragdines, cette affolante culotte immaculée… Le « giallo » horrifique hardcore. L’érotisation dans sa plus grande violence. Au point près, seulement, que ce hardcore-là, il est démoniaque, vicelard. Il fait retenir le souffle, une plongée en apnée.  Sa brutalité en est psychédélique, intarissable comme un chat qui refuse de sortir de la glotte (voyez l’image ?). Ça racle, ça étouffe, l’asphyxie n’est pas bien loin. C’est court, sale, tellement féroce qu’on se perd dans les ténèbres qui enserrent l’étreinte, plus serrée, plus forte. Sa barbarie aveugle. On est dans l’acte, transpirant, suant, docile presque. « Abalam » ne cherche pas à te faire comprendre la différence entre noirceur du black et furie hardcore, il te plonge juste au plus profond du gouffre. Pas de recul, de la haine, de la rage et le sentiment de se faire hacher, yeux révulsés, sous les lames de la moissonneuse-batteuse. Ça peut prêter à rire un descriptif pareil, mais non : ce qu’il reste c’est une ambiance pesante, une violence continue. Et puis, au final, le cureton, lui, est impuissant.

Jérémy Urbain (8/10)

http://hexisband.bandcamp.com/