Global Gnawa à Paris, le 9 mai 2015

Global Gnawa à Paris
Global Gnawa
2015
Lucas Biela

Global Gnawa au restaurant Le Royal Est, Paris, le 9 mai 2015

Global Gnawa

Après un footing qui m’a donné plus de peine que la montée de la rue Ménilmontant le 25 avril dernier pour voir Bania au studio de l’Ermitage (voir compte-rendu ici), je me prépare pour le concert d’une formation qui nage dans des eaux tout aussi chaudes. C’est Nassim Dendane (lire compte-rendu d’une de ses performances ici) qui m’a mis au parfum de ce événement. En effet, le talentueux chanteur organise sur une période de trois mois des concerts au restaurant Le Royal Est pour promouvoir la musique de ses amis. Global Gnawa inaugure cette série de concerts. Une fois sur place, mon ventre criant à la famine, je demande la carte. En mangeant, je sympathise avec une personne qui est venue en groupe via le site « on va sortir ». J’ai cependant une mauvaise surprise quand je trouve des morceaux de coquille d’oeuf dans mon omelette ! Je le signale à la serveuse… et du coup, je ferai mon Philippe Etchebest la prochaine fois pour m’assurer que mes doléances ne sont pas restées vaines ! Je m’installe ensuite à la table que Nassim a réservé pour moi. Les autres convives ont déjà pris place et le maître de cérémonie me présente comme « journaliste ». Flatté, j’entame la discussion avec celles qui vont suivre la prestation avec moi. Ainsi, Sanaa travaille dans la finance et souhaite faire carrière dans la chanson. Quant à Sarah, elle s’épanouit dans l’informatique.

Après quelques anecdotes amusantes sur des situations vécues au Caire et à Montréal, c’est au tour de Global Gnawa de s’exprimer. La performance débute a cappella, les quatre musiciens battant la mesure à l’aide de leurs mains. Par la suite, ces dernières se saisiront de karkabous pour assurer le rythme. Dans les moments les plus exaltés, ces castagnettes métalliques résonnent même comme des chevaux battant le pavé à vive allure dans un tumulte assourdissant ! Le chant incantatoire, rendu avec force émotion, est partagé entre les quatre compères, à tour de rôle ou en chœur, le public les suivant dans les refrains. Avec sa guitare, Thierry donne des attraits tour à tour rhythm’n’blues et funk à l’univers ensoleillé du groupe. Attelle à la jambe droite, et n’hésitant pas à esquisser quelques pas de danse avec sa jambe « valide », le comparse « accidenté », Mehdi, se joue de sa condition pour souffler son enthousiasme dans un saxo soprano (le même que celui avec lequel John Coltrane nous avait enchanté sur « My Favorite Things »).

On a justement droit a une plongée dans un jazz hâtif quand le gumbri de Jaouad exécute un « walking bass ». Le jazz est également là quand des improvisations instrumentales ponctuent les scansions rythmées. Avec ses airs de Captain Beyond (mais si, rappelez-vous, le personnage qui illustrait les pochettes du groupe de hard-rock psychédelique éponyme que Rod Evans avait créé suite à l’aventure Deep Purple), Jaouad joue non seulement de son gumbri mais fait également résonner des clochettes enroulées soigneusement autour de sa cheville gauche.

Dans la salle, on peut distinguer trois groupes en fonction de la position du corps : les attablés, les assis (à même le sol), les danseurs. Parmi ces derniers, une femme en particulier se balance avec une telle énergie qu’on la croirait être en proie à un exorcisme vaudou. Quant à votre serviteur, il profite tantôt des premiers pour discuter, tantôt entre dans la danse avec les derniers. Quand le rythme s’y prête, les « assis » se lèvent également pour se tortiller. Le tapis qu’ils occupaient se transforme alors en piste de danse. Parmi les spectateurs, de nombreuses têtes me sont connues (aperçues à Bania ou à d’autres concerts évoluant dans le même style). On regrettera donc un peu que ce courant peine à attirer plus de visages. Espérons néanmoins que ce compte-rendu donnera envie aux lecteurs curieux d’assister sur le trimestre qui vient à une des prochaines représentations au Royal Est. Nassim Dendane se tient à votre disposition pour plus de renseignements.

http://tournsol.net/artist/global-gnawa/

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