Chandelier – Live At Loreley
Autoproduction
2020
Christophe Gigon
Chandelier – Live At Loreley (CD + DVD)
Après la réédition luxueuse de leurs trois albums mythiques des 90’, Chandelier a bouclé la boucle, l’an passé, en jouant au prestigieux festival Night Of The Prog (dont l’édition 2020 vient malheureusement d’être annulée pour cause de Covid 19), à Loreley, en Allemagne, lieu de captation du célèbre concert de Marillion en 1987.
Revenons en 2019. En ce beau jour de juillet, le groupe, mené par l’impeccable Martin Eden, aura eu la lourde tâche de passer juste avant IQ. D’ailleurs, Peter Nicholls lui-même regardera la prestation des Allemands depuis le bord de scène. Et à voir l’air entendu du bonhomme, ainsi que les applaudissements des premiers rangs, pourtant entièrement vêtus de t-shirts griffés IQ, on sait que les fans de Chandelier avaient vendu la mèche : ce groupe est imparable. Les musiciens sont excellents, la musique est plutôt facile d’accès et très, très mélodique. Mais ce qui marque par-dessus tout reste la voix du chanteur, maîtrisée à 100% alors que ces titres fameux ont été enregistrés il y a presque trente ans ! Voilà qui doit faire rougir Fish, Robert Plant ou même Phil Collins ! Le guitariste, jamais en reste, ne manque pas une occasion de rappeler au public quel grand fan de Steve Hackett il est. Il se permettra même le luxe d’intercaler un passage du dantesque solo de « Firth Of Fifth » de Genesis en plein milieu de leur magistrale composition à tiroirs que forme « Glimpse Of Home ». Chapeau bas. Le batteur – très concentré – et le bassiste – très relax – ne sont pas en reste : ça joue bigrement bien ! Du haut niveau.
Le concert commence avec, en guise d’amuse-bouche, quelques notes de « The Lamia » de Genesis. Histoire de prouver que Chandelier ne renie pas ses influences même si le son du groupe évoque bien davantage le Marillion de la période Fish ou IQ que la bande à Peter Gabriel. Le concert démarre en fanfare avec le tonitruant « Start It », extrait de leur meilleur album, Facing Gravity, de 1993. A signaler que cet album fantastique vient d’être réédité en double vinyle rouge de toute beauté. Edition limitée ! Le groupe est détendu, souriant et très à l’aise pour dire qu’il n’avait pas foulé les planches depuis le milieu des années 90 ! Certes, le chanteur ne possède pas le charisme d’un Fish ni d’un Pyt (Galaad) mais il semble si tranquille, si apaisé alors que ses parties vocales ne sont constituées que de chausse-trapes harmoniques, par-dessus lesquelles il sautille allègrement. Quelle facilité ! Il se promène à l’intérieur des méandres tonaux des titres alambiqués de la formation, littéralement les mains dans les poches. Il faut le voir pour le croire ! Même en concert, force est d’admettre que les titres les moins prenants sont ceux issus de leur dernier disque en date, l’inutilement complexe Timecode, de 1997. Sur le titre « All My Ways », le groupe invite, au chant, le membre du légendaire groupe allemand Grobschnitt, Toni Moff Mollo. S’il n’était le ridicule achevé du t-shirt que porte le bonhomme (que l’on ne voit plus guère que sur le dos des fans les plus âgés de Johnny), avouons que la voix du bonhomme, elle non plus, n’a pas souffert du poids des ans. Ce titre figurait déjà parmi les pépites de Facing Gravity. En live, il en paraît d’autant plus réussi.
Après une grosse heure de concert, il sera le temps de céder la place à IQ. Décidément, le public présent à cette soirée en aura eu pour ses deniers. Il n’était pas gagné d’avance de réussir le passage de la scène avec une telle aisance, surtout pour un groupe non professionnel pour qui la musique reste un hobby. On imagine aisément les heures de répétition qu’il a fallu pour offrir au public un concert de cette qualité. La question que le public est dès lors en droit de se poser : à quand un prochain album ?