Ayreon – The Theory Of Everything

The Theory Of Everything
Ayreon
2013
Inside Out

Ayreon-copie-2

Le dernier opus d’Ayreon, « 01011001 », remonte à 2008. Une sorte de double album ultime, qui renouait avec le brio d’un « Into The Electric Castle », insurpassable chef d’œuvre, mais bien loin de l’égaler toutefois. Arjen Lucassen avait voulu marquer une pause après la réception en demi-teinte de ce disque.  Pourtant, il ne se reposa pas sur ses lauriers, puisque « Guilt Machine », un nouveau « Star One » et un solo « Lost In The New Real » virent le jour en peu de temps. La patte de Lucassen est reconnaissable entre mille. Et comme les autres grands du progressif, il a tendance à répéter les mêmes schémas. C’est exactement le cas ici avec « The Theory Of Everything ». Même si la fluidité du concept est plus facile d’accès, l’histoire choisie est cette fois-ci un peu simplette. On se croirait vaguement dans la série « Touch », passée sur M6 récemment ! On s’éloigne de la science-fiction, et en lieu et place d’un space opera, on assiste à une comédie musicale dont les paroles sont si banales qu’elles peuvent, si on comprend l’anglais, vous détourner de l’œuvre elle-même. C’est un peu dommage. Et pour ceux qui connaissent bien les albums d’Ayreon, c’est aussi la déconvenue. Même si, par le passé, la musique « sonnait » Ayreon, elle est ici recyclée dans des morceaux qui se répètent, voire se copient. Il n’est pas rare de se dire que l’on a déjà entendu la même mélodie avec les mêmes instruments dans un précédent opus, les mêmes façons de chanter, ou d’insister sur telle ou telle partie musicale.

Comme à son habitude, Arjen est généreux et offre 1h30 de musique en 42 morceaux. En fait, ce sont 4 titres d’une vingtaine de minutes qu’il a préféré indexer, chose très utile si l’on veut réécouter un passage particulier, et que Neal Morse aurait dû appliquer pour son « Sola Scriptura ». Bien évidemment, l’album est efficace. Mais pour que cela marche, il ne faut pas chercher une originalité quelconque, mais un simple divertissement, auquel des invités prestigieux sont encore une fois conviés à participer. Outre l’irremplaçable Ed Warby à la batterie, nous retrouvons ainsi au chant John Wetton, dans le rôle du psy, aux claviers Jordan Rudess, Rick Wakeman et Keith Emerson, dont les interventions sont toujours bienvenues, Troy Donockley qui apporte une touche celtisante, Jeroen Goossens et sa flûte Jethro Tullienne, et enfin Steve Hackett dont le solo de guitare est parfait.

Citons quelques moments qui se distinguent : « The Theory Of Everything part 1 » et son piano signé Wakeman, « Progressive Waves », excellent instrumental aventureux où au moog d’Emerson répond un solo de Rudess, le mélodieux « The Eleventh Dimension », « Potential » qui donne le meilleur d’Ayreon dans la construction d’un morceau, « Quantum Chaos » qui mélangerait Dream Theater, avec de l’électro, « Alive ! » aux claviers majestueux avant une deuxième partie plus heavy, « Magnetism » et « Mirror Of Dreams », celtisants et envoûtants, « The Parting » pour le solo de guitare magnifique de Steve Hackett. Citons enfin les intervenants principaux de ce concept, tous brillants : JB (Grand Magus), Sara Squadrani (Ancient Bards), Michael Mills (Toehider), Cristina Scabbia (Lacuna Coil), Tommy Karevik (Kamelot, Seventh Wonder) et Marco Hietala (Nightwish, Tarot).

« The Theory Of Everything » n’apporte donc pas grand-chose de neuf, tout juste quelques ambiances ici où là, qui sonnent différentes et donc bienvenues. La déception est bien grande et l’on regrette qu’Arjen Lucassen n’ait pas pris une direction plus ardue. On déplore la facilité de certaines mélodies que l’on connait déjà par cœur, et le fan, au-delà de l’admiration pour cet homme talentueux, multi-instrumentiste, chaleureux, sympathique, ouvert et d’une simplicité désarmante pour un artiste de ce calibre, devra se contenter d’une resucée des précédents albums, en attendant un sursaut créatif d’un génie musical qui ne saura se reposer sur ses lauriers.

Fred Natuzzi (6/10)

http://www.arjenlucassen.com/

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