Voivod à Eragny-sur-Oise le 30 mai 2015

Voivod

Voivod en concert aux Covent Garden Studios d’Eragny-sur-Oise le 30 mai 2015

Informé par la prêtresse du métal québécoise, Diane Messier, que Voivod allait se produire en France fin mai, je fus surpris, autant que saisi d’un sentiment de nostalgie euphorique. Voici en effet un des premiers groupes que j’ai découvert lors de mon initiation au thrash metal au tournant des années 93/94 (avec leur album « Rrröööaaarrr »), loin à l’époque d’imaginer l’évolution des plus singulières qu’il avait suivi entre-temps et le statut légendaire dont il jouissait alors. A la grande loterie de la ville d’accueil de nos québécois, c’est Eragny-sur-Oise qui rafle la mise. La chance me sourit donc, car on reste dans les frontières de l’Ile-de-France. Par ailleurs, comme l’amie Magali R habite à proximité de cette commune, je lui y donne rendez-vous. Arrivé sur place avec mon T-shirt tout blanc et mon crâne dégarni, ce sont quelques fans au T-shirt tout noir et aux cheveux longs qui sont regroupés devant un bâtiment aux allures d’entrepôt. Je fais remarquer mon originalité à Magali, elle en rit. En attendant la première partie, c’est l’occasion de prendre une petite mousse et de converser avec elle, tout en profitant de la quiétude et de la clémence du temps, avant la tempête qui nous attend à l’intérieur. Et en effet, quand The Cleaner assènent leur puissant thrashened death metal, nous en sommes tout retournés.

The Cleaner

The Cleaner

Dans leurs enchaînements d' »entrecôtes » et de « pièces de choix », ça hurle, ça martèle, ça riffe, ça décoiffe même (malgré ma capillarité clairsemée). Pas de temps mort avec eux. Ce groupe, qui a déjà a son actif trois CDs est une vraie machine de guerre, évoluant dans une débauche de violence qui prend toute son ampleur sur scène. Nous en sommes assez près d’ailleurs, ce qui nous permet de voir très nettement les joueurs (quand des géants ne nous cachent pas la vue), et d’apprécier leur jeu. Temps orageux oblige, nous nous épongeons le front et économisons nos mouvements pour ne pas nager dans la sueur.

Après l’ouragan Cleaner, c’est un tonnerre d’applaudissements qui retentit. C’est néanmoins sonnés que nous sortons prendre l’air. Sur notre chemin, nous croisons deux membres d’un groupe franco-finlandais de…ghost metal, dénommé Selfless?. Comme Magali a la présence d’esprit de me présenter comme chroniqueur d’albums pour Clair & Obscur, ils me remettent un CD dont je livrerai mes impressions dans ces colonnes mêmes. Nous voilà ensuite à nous délecter d’une nouvelle bière avant d’aller savourer le plat cyber-metal assaisonné à la sauce thrash punkoïde et psychédélique (si si c’est très digeste) de nos québécois mythiques.

Voivod

Voivod

L’on retrouve alors cette énergie sauvage et ces riffs affolés qui les caractérisent tant. Autre élément indissociable de l’identité Voivod, Snake continue à nous charmer de sa voix nasale mêlant emportement et implorations. Son acolyte des débuts, Away nous impressionne par le jonglement entre acrobaties virtuoses et violence rutilante. Quand on l’interroge sur son secret (rappelons qu’il est dans le groupe depuis ses débuts), il est embarrassé car il ne sait pas lui-même comment il arrive à garder l’énergie de ses vingt ans. Le crâbe ayant eu raison du guitariste des débuts, Piggy, qui avait tant contribué à forger le style Voivod, c’est désormais avec le talentueux Daniel Mongrain, alias Chewy, du défunt groupe de death technique Martyr, que la formation compose. Il semble très à l’aise dans les compositions de l’époque où officiait son prédécesseur.

On se rappelle par ailleurs que Voivod avait créé la surprise en intégrant en son sein l’ex-bassiste de Metallica, Jason « Jasonic » Newsted, après la valse des bassistes qui a suivi le départ de Blacky. Ce fut néanmoins au tour de Jasonic de quitter le bateau pour se concentrer sur son propre groupe éponyme. Blacky revint mais pour les besoins de la scène c’est Rocky (non, pas celui des salles obscures) qui prend la relève. Lui aussi apporte du sang neuf, même si comme on l’a vu auparavant, les anciens n’ont rien à envier aux nouveaux. Voivod ont donc démontré ce soir qu’ils peuvent encore continuer à surprendre les fans de la première heure tout en émerveillant les nouvelles générations.

A l’extérieur, nous entamons un brin de causette avec la choriste de Gogol 1er, Ornella, qui évoque nos légendaires Loudblast nationaux (un groupe pour lequel Daniel Guichard semblait présenter de la sympathie suite à l’extrait que Jean-Luc Delarue avait passé dans son émission « Ça se discute »). Quand je décline mon identité, la jeune femme aux atours « gothiques » pense à son compagnon qui est chanteur de Barrakuda, groupe oeuvrant dans le hard-rock traditionnel. Du coup, elle en profite pour me remettre la carte de visite du groupe, dont je ne manquerai pas de chroniquer l’EP… pour Clair & Obscur vous l’aurez compris !

En conclusion, la rencontre du passé et du futur en une soirée : un ancien groupe que j’ai été ravi de voir sur scène (mais qui regarde vers un futur post-apocalyptique), et des petits nouveaux (dont un qui lorgne plutôt vers le passé) que je serai ravi de chroniquer.

Lucas Biela

http://www.voivod.com/

Extrait du concert de The Cleaner :

Extrait du concert de Voivod :

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