Tiste Cool – L’Etude Du Cool
Auto-production
2022
Fred Natuzzi
Tiste Cool – L’Etude Du Cool
Tiste Cool (alias Baptiste Homo) aura mis trois ans à sortir ce nouvel EP, L’Étude Du Cool, après Caïpiranha. Tiste Cool continue son exploration quasi thérapeutique pour nous parler d’amour contrarié, de séparation, dans des morceaux qui semblent fragiles, mais qui en fait sont bien solides. Musicalement, on navigue entre lo fi et sophistication, un art où il est bon de ne pas se fourvoyer. Autant dire que L’Étude Du Cool relève du funambule qui essaye de ne pas perdre l’équilibre. Tiste arrive au bout de sa corde tendue avec de belles pirouettes musicales. Il se livre sans fard et développe ce personnage un peu loser, tantôt mélancolique, tantôt drôle, et qui se demande comment gérer les relations amoureuses. Il cultive un certain sens du décalage avec des titres qu’on ne penserait pas sérieux (du genre « Big Bisous Bien Baveux ») et son contenu touchant. Tiste Cool, c’est un univers, une sorte de roman photo mais musical, des vignettes de la vie amoureuse de son personnage musical.
L’EP débute par des notes de piano et une tonalité qui installent un moment triste. On reconnaît immédiatement la patte du compositeur de certains morceaux de Julien Doré (période pré Aimée) mais il y a aussi du Christophe dans ce titre, « Big Bisous Bien Baveux » qui raconte l’errance d’un personnage trompant sa mélancolie et sa tristesse dans la fête. Au fur et à mesure, le morceau devient une lettre adressée à l’absente. « Paillettes » hésite entre narration et chant, sur une musique décalée et entraînante qui a un air de vacances. Une histoire d’amour raté (comme toujours !), contée avec nostalgie et un brin d’ironie tandis que le morceau s’habille et s’étoffe en électro caribéen semblant indiquer que, malgré la solitude, il faut rester optimiste. C’est la vie !
« L’Amour En Pyjama » ne déroge pas à la règle : une rupture et le point sur ce qui s’est passé avant. Nous sommes les témoins des aventures de notre personnage qui décidément n’a pas de chance. Bébé Yumi lui chante « C’est comme ça », comme un couteau dans la plaie béante tandis que la musique minimaliste, sorte de bossa électro, en contraste, apporte une distanciation quasi cinématographique. Il ne faut pas oublier que Tiste est aussi photographe. Ses chansons sont des mini films qui observent le sujet, le laisse se complaire dans sa tristesse et ses émotions brutes, afin de les montrer telles que et de les laisser analyser par qui veut. Une thérapie donc. Là où l’analyse est personnelle, l’artiste expose et s’expose aussi, si tant est que le sujet soit aussi l’artiste et non un personnage inventé. M’est avis que Tiste Cool est un peu des deux !
Belle ligne de basse sur « Beauté Future » chantée en duo avec Amélia Jorda. Son tempo dynamique nous sort de cet entre-deux amer, même si bien sûr le texte n’est pas à la joie. Retour du piano triste sur « La Grande-Motte », station balnéaire emblématique des vacances familiales et donc de bon temps. Ce n’est pas le cas dans cette chanson, Tiste Cool se montre encore plus à nu dans un titre intime et grave. Ici pas de soleil, pas d’échappatoire musical. « Ode À Mon Amante » aide ainsi à remonter (un peu) la pente avec ces oiseaux qui chantent en ouverture. Puis le morceau prend de la hauteur et reste aérien nous permettant de contempler d’une autre manière cet amour terminé. Tiste semble apaisé et offre ici un de ses plus beaux titres.
Pour son second EP, Tiste Cool n’a pas cherché à édulcorer son propos. Il se livre comme jamais, va au bout de sa démarche, quitte à décontenancer parfois. Cela donne six titres cohérents et uniques, colorés d’émotions vives et de musiques décalées mais pertinentes. Un univers singulier, qui n’est pas pour tout le monde, mais qui intrigue et révèle un artiste attachant. Reste à voir ensuite si Tiste Cool va (ou peut) continuer dans cette voie introspective sans se répéter ou s’il choisira un autre chemin. À suivre !
https://tiste.cool/