The Overlookers – Driving Fast

Driving Fast
The Overlookers
BOREDOMproduct
2018
Frédéric Gerchambeau

The Overlookers – Driving Fast

The Overlookers Driving Fast

Puisque cet EP en provenance du très excellent label synthpop BOREDOMproduct, et qui annonce la sortie prochaine de l’album Teenage Wet Dreams, nous est présenté sous une forme quelque peu mystérieuse – et notamment qui sont ces Overlookers dont le nom surplombe (je ne pouvais décemment pas la rater, « to overlook » signifiant surplomber en anglais) la front cover de ce mini-album ? – jouons le jeu et voyons ce que nous pouvons découvrir de cette plaisante énigme.

A vrai dire les indices ne sont pas minces et, de plus, ils sont en nombre. Profitons-en ! Tout d’abord, même si ça ne frappe pas l’œil a priori, il faut bien regarder dans tous les détails car cet EP est illustré tel une affiche de cinéma. C’est d’ailleurs un langage cinématographique qui est largement employé. On relève ainsi facilement « From the producers of… », comprendre « Par les producteurs de… ». Ou encore « Noise stunts », autrement dit « Cascadeurs sonores ». Haha, j’adore l’humour l’air de rien de ces marseillais. Bon, je passe sur les termes « Special effects » et « Post-production », vous avez compris le schéma.

The Overlookers Driving Fast band2

Mais, bon, s’il faut une preuve supplémentaire, elle est grosse comme une bagnole… de rêve ! C’est ça, une dream car, une voiture dont rien que l’aspect vous fait vous pâmer d’envie. Celle illustrant la pochette de ce Driving Fast m’a tout l’air d’être une Cadillac Eldorado, dans une version toutefois encore plus topissime que le modèle courant, déjà parfaitement affolant. Dois-je révéler tout de suite qu’elle est rouge… sang, ou est-ce aller trop vite par rapport au scénario ? Non non, nous sommes dans le bon timing, car nous abordons maintenant les titres de ce mini-album.

Le premier, « Driving Fast », donne son nom à l’EP. Alors lisons bien le refrain : « Driving fast, dying slowly. » « Conduire vite, mourir lentement. » Cette chanson ouvre l’EP tout comme elle initie l’album à venir. Tout est dit en une giclée de mots, le sang va couler, nous sommes conviés à un drame déroulé pied au plancher, en rouge et noir, tout espoir écrasé dans un crissement déchiré par la lumière des phares. Le terrible final n’est-il d’ailleurs pas énoncé dans ces lignes ? : « I see a car crash in slow motion, a mix of steel and flesh. » Je suppose qu’il s’agit du pauvre gars dans la bagnole qui s’observe avec un certain détachement se crasher comme dans un film au ralenti, sa chair se mélangeant peu à peu à l’acier. Conduire vite, mourir lentement, tout est clair. On se croirait là dans un film fantastique. Notons que nous quittons par la même occasion le côté gentiment romantique d’un James Dean pour entrer à toute allure dans le domaine nettement plus sombre d’un Crash à la Cronenberg.

D’accord, ok, tout ceci est bien joli, mais musicalement c’est comment ? Parce c’est quand même ça le principal, n’est-il pas ? Alors, comme le dit la chanson, « Relax and take a breath », « Détends-toi et respire. » Comme j’ai déjà eu maintes fois l’occasion de l’écrire, c’est toujours un véritable honneur pour moi de chroniquer la sortie prochaine d’une production réalisée par BOREDOMproduct. J’admire le boulot à chaque fois monstrueux, je savoure le résultat à chaque fois somptueux. Là, c’est idem pareil itou. Rectification, non, ici c’est encore mieux. Parce que les gars, c’est évident, tout en bossant comme des damnés sur ce gros projet, ils y ont pris en même temps un plaisir de dément. C’est la musique… en cinémascope !

The Overlookers Driving Fast band1

Même si le synopsis est des plus noirs. « On ne fait pas de bons films avec de bons sentiments. » est une phrase classique, et véridique ! Alors écoutons « Speak To The Devil » et plongeons-nous sans fausse honte dans l’obscurité du récit proposé. C’est d’abord une dualité plaisir/souffrance qui est exposée. « Luxury, she takes you for a ride. Debauchery, feel the pain inside. » « La luxure, elle t’emmène pour une virée. La débauche, sens la douleur à l’intérieur. » Puis vient le vrai propos, abyssal. « Struggle with yourself. Time to kill the pain. » « Lutte contre toi-même. Il est temps de tuer la souffrance. ». « Teenage Wet Dreams » conclut ce mini-album (en exceptant le remix « Driving Faster ») comme il conclura l’album proprement dit du même nom. Un chant apaisé, presque lent.

« It’s all right, no need to worry, the fear is gone… » « Tout va bien, plus la peine de t’inquiéter, la peur a disparue… ». On y parle aussi de plaisir solitaire. « Your self pleasure will get you higher… » « Ton plaisir solitaire t’emmèrera plus haut… » Plus haut. Car ce plaisir solitaire, assumé, encore que secret, succède aux bien involontaires rêves humides. « Teenage wet dreams are gone for good now, so take your time… » « Les rêves humides d’adolescent sont loin maintenant, alors prends ton temps… » Le passage à l’âge adulte, avec ses nouveaux plaisirs. Un happy end en quelque sorte…

Je n’ai pas encore parlé des auteurs de cet EP, ces Overlookers. Comme je le disais dès le départ, c’est un peu l’énigme. Je me permets d’imaginer que ce mystère sera levé au moment de la sortie de l’album. Cependant, quelques indices décisifs ont été semés. Deux noms d’albums, Lost In Space et Poladroid. Le premier est le fruit du duo mixte formant Foretaste, du très lourd, et l’autre est l’œuvre de Dekad, soit plus exactement de Jean-Benoit Lacassagne, du très gros calibre aussi. Voici donc certainement le trio composant The Overlookers. Vu le niveau stratosphérique de celui-ci, plus besoin de s’étonner de la qualité exceptionnelle de cet EP. Cela promet une prochaine sortie tout à fait passionnante.

https://www.facebook.com/theoverlookersmusic/

 

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