The Night Flight Orchestra – Give Us The Moon

Give Us The Moon
The Night Flight Orchestra
Napalm Records
2025
Palabras De Oro

The Night Flight Orchestra – Give Us The Moon

The Night Flight Orchestra – Give Us The Moon

C’est décidé, ma première chronique de 2025 sera carrément pop ! Bon, ça fait bizarre qu’un groupe aussi sucré que les Suédois de The Night Flight Orchestra soit signé sur Napalm Records. Mais comme ils nous promettent la lune avec Give Us The Moon, il ne faut s’étonner de rien, quoiqu’il faille rappeler qu’il est composé de membres de Soilwork, Arch Enemy et Mean Streak, loin d’être des spécialistes de musique sucrée. Et pourtant, ce qui pouvait apparaître comme un clin d’oeil de la part de zikos extrêmes est devenu une institution : Give Us The Moon est déjà leur sixième opus depuis leur création en 2007 !
Les affaires promotionnelles musicales ont repris bien vite en ce début d’année, saturant comme d’habitude ma messagerie, tel un repas de Noël bien arrosé, mon foie. Étant d’humeur légère, je me suis alors gentiment laissé envahir par la gaieté des huit Scandinaves et l’AOR pop qui les anime. Évidemment, il faut être dans un certain état d’esprit pour s’abandonner à ce genre de musique plus directe et assumée pop, certains diront plus facile… Un ami m’a demandé un jour « Toi qui aime la zike alambiquée, je suis certain que tu as comme tout le monde des passions coupables qui t’ont fait aduler certains artistes pour lesquels tu as ressenti rétrospectivement une certaine honte… on en a tous. » Il m’est revenu à l’esprit cette passion du disco à laquelle, moi le rocker, j’ai cédé, même si, depuis, j’ai réalisé pourquoi (la passion des claviers, ces rythmiques hypnotiques de basse, la durée inflationniste des morceaux). OK, j’ai aussi un 45t de Claude François… argh ! Il faut me pardonner : j’étais si jeune ! Étais-je dans cet état d’esprit pour accrocher à Give Us The Moon ? Quand-même pas. Je me suis passé l’album tout en éditant des brèves sur notre page Facebook et je me suis surpris à fredonner machinalement les refrains qui s’enchaînaient aussi vite que… les mails promotionnels dans ma boîte de réception. J’ai considéré que la chose méritait donc d’être approfondie.

The Night Flight Orchestra – Give Us The Moon band1
La référence en matière d’AOR, c’est, pour moi, Toto. Or, à part les morceaux «  Miraculous » et « Runaways », l’album de The Night Flight Orchestra en est relativement éloigné, contrairement à un Work Of Art, Suédois également. Il serait plus à rapprocher d’un autre groupe compatriote tel qu’Europe, en particulier pour les sonorités de claviers. Elles sont extrêmement et délicieusement datées 80’s. Et d’ailleurs, les claviers de John Lönnmyr tiennent une immense place dans Give Us The Moon, à tel point que les guitares en sont réduites à la portion congrue. Un des rares soli de guitare figure sur « Runaways », tiens, tiens, comme par hasard, un de ceux plus apparentés à Toto, un groupe que l’on n’imaginerait pas un instant amputé de Steve Lukather. Ceci explique peut-être cela et aussi, pourquoi ce titre plus lent et charpenté que les autres est mon préféré. Effectivement, pratiquement toutes les plages de l’album sont exécutées à un rythme enlevé et d’une gaieté folle. L’entrainant chanteur Björn Strid génère une banane permanente sur mon visage et les chœurs assurés par Anna Brygard et Åsa Lundman, en sing-along ou en courts chorus intercalés entre chaque lyric, rappellent souvent ceux de Styx. L’album nous conte des histoires d’héroïnes dont Anna et Åsa font assurément partie, tout au moins vocalement.
Tout juste le temps de répondre à ce « Final Call », une annonce d’aéroport, on embarque sur le The Night Flight Orchestra pour un « Stratus » qui donne le ton et surtout le rythme enlevé à coups de clavier secs et frénétiques. La nostalgie s’invite pour « Shooting Velvet » alors que c’est le groove de la basse cavaleuse de Sharlee D’Angelo qui monte à bord pour « Like The Beating Of A Heart ». Les refrains sont imparables et je défie quiconque de rester assis pour garder les sacs à mains quand une telle envie de se trémousser est générée. On pourrait se dire que tout ceci est plutôt convenu et linéaire, pourtant, à y regarder de plus près, on note qu’à chaque titre un ingrédient supplémentaire est ajouté. À partir de « Melbourne, May I? » puis « Miraculous », des courts soli de clavier et guitares (Sebastian Forslund et Rasmus Ehrnborn ) font leur apparition. Du coup, la set-list apparaît très judicieuse, incorporant au bon moment le sentimental, mais pas mièvre, « Paloma » dont les woh, woh woh sont taillés pour la scène. Incontestablement, le tube de l’album est sa chanson éponyme qui survient, nantie de riffs tribaux et d’une basse galopante du plus bel effet. Place au… disco (juré, malgré ce que j’ai écrit plus haut, ça n’est pas cette chanson qui m’a donné envie d’écrire cette chronique) pour la visite guidée au pas de charge de « A Paris Point Of View » et son complément en termes d’activité touristique « Way To Spend The Night ». Enfin, ils ont gardé pour le final la cerise sur le gâteau, toujours aussi sucré, avec l’épique « Stewardess, Empress, Hot Mess (And The Captain Of Pain) » qui, malgré ses sept minutes, ne peut être qualifié de progressif, n’en déplaise à ceux qui voient du prog partout. Il se décrit plutôt comme étant un résumé du savoir-faire AOR popisant du groupe.

The Night Flight Orchestra – Give Us The Moon band2

Attachez donc vos ceintures et n’hésitez pas à embarquer sur ce vol à destination de la lune. Vous pourrez admirer les treize étoiles qui composent le dernier album de ces Suédois empreints des sonorités 80’s. Vous subirez également la poussée et l’accélération permanentes de ses puissants boosters lors de ce voyage supersonique à couper le souffle.

https://thenightflightorchestra.com/
https://www.facebook.com/thenightflightorchestraofficial/

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