Soul Cages Trio – Soul Cages Trio

Soul Cages Trio
Soul Cages Trio
Alien Beats Records
2017
Fred Natuzzi

Soul Cages Trio - Soul Cages Trio

On sait que les compositions de Sting sont élégantes, raffinées et appartiennent au répertoire pop, mais souvent, elles sont teintées de jazz. Musicalement, au début de sa carrière solo, c’était la fête avec The Dream Of The Blue Turtle et surtout le sublime et indépassable double live Bring On The Night. Les musiciens s’en donnaient à coeur joie (Darryl Jones, Brandford Marsalis, Omar Hakim, entre autre), ça jouait comme dans un night club, ça resplendissait. Puis le succès avec Nothing But The Sun, grand album au demeurant, a un peu changé la direction prise par Sting. Et le très beau, très calme The Soul Cages a surpris tout le monde ensuite car pas du tout tourné vers les hits pop. La suite deviendra un peu moins intéressante mais toujours jalonnée de succès, jusqu’au vide des années 2000. Le sursaut rock de l’année dernière a remis sur le devant de la scène l’icône anglaise, qui a laissé sa marque avec sa voix d’or et ses arrangements classieux. Mais pourquoi un petit laïus sur Sting ? Tout simplement parce que le brillant guitariste Yannick Robert (allez voir sur internet son parcours !) a eu l’idée de former un trio de jazz avec ses collègues Gilles Coquard à la basse et Cédric Affre à la batterie intitulé Soul Cages Trio, et de reprendre des morceaux de Sting en les amenant sur le terrain du jazz instrumental. Gros challenge donc, pour ne pas dénaturer les compositions originales et les rendre identifiables sans les reprendre telles quelles. Un travail sur les arrangements, les rythmes, les riffs, a été nécessaire pour porter les 10 titres qui composent l’album. Et bizarrement, il n’y a aucun morceau issu de The Soul Cages !

Soul Cages Trio - Band

Il y a un mélange de genre dans « A Thousand Years » dont on reconnaît bien la mélodie : il y a un beau jazz classieux, qui nous emporte dans sa douceur, avec un son de guitare envoûtant pour ensuite puiser l’énergie pop de Sting. Etonnant ! « Be Still My Beating Heart » se promène sur sa mélodie et les musiciens y amènent leur touche subtile, qui soulève le morceau à quelques centimètres du sol, grâce notamment à la formidable batterie de Cédric Affre. Les ajouts, que ce soient les phrasés de guitare (avec la sublime technique du finger picking) ou la basse circulant autour des rythmes comme pour lier le tout, sont tout bonnement géniaux et très fun. « Englishman In New York », c’est du pain béni pour des jazzmen. Et ça s’entend ! Ça virevolte de partout, on sent que les musiciens s’amusent et aiment ce qu’ils font. Police est aussi repris, avec « Walking On The Moon ». Assez atmosphérique, le rythme est ralenti, et donne une autre épaisseur au titre. C’est aussi ça l’ambition du trio : savoir retravailler les sons et donner une nouvelle orientation à une chanson très connue. La beauté de la mélodie interpelle dans « Children’s Crusade » et invite à la rêverie. Intemporelle. « We’ll Be Together » swingue et se démarque assez de l’original pour un jazz dynamique. « Fields Of Gold » était déjà une très belle chanson de Sting. Ici, elle est magnifiée par les musiciens qui en déroulent toute la saveur tout en l’amenant ailleurs. Petit bémol avec « We Work The Black Seam » et son riff répétitif, c’est sans doute le morceau le moins attachant de l’ensemble. « Message In A Bottle » est plus fun avec sa guitare sautillante et qui décortique le rythme avec brio. On entend bien en écho le chant en français de Sting sur « La Belle Dame Sans Regrets », puis le titre s’envole, devient aérien, un petit macaron délicieux, bref un petit bonheur.

Soul Cages Trio à la fois revisite et rend hommage à ces morceaux de Sting, en les emmenant vers des horizons jazz que l’anglais lui-même apprécierait sûrement ! Les musiciens sont brillants, la musique est vivante (rien de pire que du jazz d’ascenseur, il n’en est rien ici), se joue des codes (transformer de la pop en jazz, c’est une alchimie que peu peuvent se targuer de réussir) et arrive à nous embarquer, fan ou pas fan, dans cet univers intemporel fait de mélodies, de technique, d’improvisations, et de poésie. Car oui, par moment, ces tourbillons autour des airs principaux nous surprennent et nous projettent quelques gouttes de rêve pour finir de nous perdre dans leur circonvolutions. Très réussi.

Fred Natuzzi

http://www.yannickrobert.com/

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