Pendragon – North Star
Toff Records
2023
Fred Natuzzi
Pendragon – North Star
Ce n’est pas la première fois que Pendragon sort un EP, mais il faut retourner en 1996 pour As Good As Gold, le dernier en date ! C’est dire si North Star doit compter aux yeux du groupe. Chaque sortie des Anglais est un événement, vu le nombre d’années qui les séparent. Ce North Star est donc le bienvenu et il continue en beauté l’aventure commencée avec Love Over Fear, le splendide dernier bébé en date sorti il y a déjà plus de trois ans. Les sons plus métalliques, plus durs ont été mis de côté et le groupe a repris sa direction originelle pour le plus grand bonheur des fans de la première heure qui ont donc retrouvé le son qui les avait fait rêver. Cependant, Nick Barrett ne s’était pas reposé sur ses lauriers et nous avait donné un album lumineux, moderne et époustouflant de grâce. Love Over Fear a malheureusement souffert de la pandémie. En effet, la tournée pour le promouvoir a dû être stoppée. J’ai eu la chance d’assister au concert parisien en mars 2020 où le combo a joué le disque en entier. Je ne peux imaginer la frustration et pour le groupe, et pour le public qui avait très envie de les retrouver sur scène. Car Pendragon en live, c’est magique ! Une communion avec l’auditoire, une simplicité d’approche, une générosité sans pareille et des titres qui prennent une autre dimension ! C’est bien tout cela qui fédère le public de Pendragon depuis tant d’années.
North Star est donc un mini album de 24 minutes, en une suite et une chanson. La suite est en trois parties et développe plusieurs ambiances. Je dois dire que ces trois morceaux auraient pu être distincts les uns des autres, cela ne m’aurait pas dérangé. Le thème de l’étoile qui guide les hommes avec bienveillance est un message d’espoir. Regarder de l’avant après cette période troublée qui nous a tous mis au point mort. Niveau musique, nous retrouvons les mêmes sensations que sur Love Over Fear, c’est fluide, aérien, serein, et surtout varié dans ses approches ! Dès les premières notes de « Part 1 : A Boy And His Dog », on se retrouve propulsé dans le monde unique de Pendragon. Une brillante intro de guitare de Nick Barrett, une dynamique assurée par la batterie de Jan Vincent Velazco, une basse texturale de Peter Gee et des claviers évocateurs de Clive Nolan. Le chant est plutôt dans un registre grave avant d’aborder une partie qui m’a évoqué « She’s Leaving Home » des Beatles. Puis la guitare nous rappelle qu’on écoute bien du Pendragon ! Le timbre de Nick remonte et le titre commence à s’envoler avec les chœurs de Johanna Stroud jusqu’à la partie instrumentale, bluffante de maestria, sans être démonstrative.
« Part II As Dead As A Dodo » nous emmène ailleurs, avec sa guitare proche d’une country américaine. Un jeu de guitare encore une fois excellent pour un titre dynamique où Jan Vincent Velazco déploie ses talents de batteur dans la petite partie instrumentale. « Part III Phoenician Skies » est peut-être la pièce qui rappelle le plus le Pendragon « originel », celui qui vous transporte instantanément dans un rêve. Avec l’aide de John Barnfield aux claviers, vieille connaissance des débuts du groupe, le titre est un enchantement avec ses envolées de guitares. Parfaitement délicieux. On enchaîne avec le dernier titre de l’EP, « Fall Away ». Guitare espagnole en avant, l’intro est surprenante. Puis la musique devient mélancolique, évoque même Genesis (période « Entangled ») avec sa magnifique guitare acoustique, et la ballade est franchement enjolivée par les claviers et les chœurs qui accompagnent le titre. Du bel ouvrage, assurément.
Pendragon remet donc le couvert avec North Star, un EP indispensable. Ce n’est pas une suite à Love Over Fear, mais on retrouve la même sensation de plénitude. Seul Pendragon dans le milieu du rock évolutif est capable de transmettre ce genre de sensation. On aurait pu espérer un album complet plutôt qu’un mini album aussi réussi soit-il, certes. En attendant, il ne faut absolument pas louper North Star. Alors, prenez votre télescope et trouvez-le, car il n’est pas facile à débusquer !