Minimum Vital – Musicalité maximale ! (part 2 : la maturité)
Musea
1990
Christophe Gigon
Minimum Vital – Musicalité maximale ! (part 2 : la maturité)
Minimal Vital franchit le cap de l’expérimentation et de la jeunesse pour monter d’un cran le niveau de sa discographie faisant preuve ainsi d’une maturité éclectique.
Sarabandes (1990)
L’album de la maturité. Le son est excellent et le groupe a stabilisé son identité musicale. Il s’agit toujours, naturellement, de rock progressif. Mais de rock progressif qui ne ressemble à nul autre. C’est du Minimum Vital comme on dirait du Magma ou du Yes. « Le Chant Du Monde » éblouit par sa luxuriance sonore. La magnifique illustration de pochette participe à l’identité du groupe, tout comme les masques vénitiens portés par le guitariste lors des concerts de promotion de cet album. La formation a même eu l’honneur d’apparaître dans un supplément « rock progressif » encarté dans le défunt mensuel Best. Minimum Vital y côtoyait leurs compatriotes d’Arrakeen, au milieu des Allemands de Chandelier et des Anglais d’IQ, mais, au début des années 90, on ne pouvait pas encore parler de renaissance du rock progressif. Il faudra attendre l’éclosion de Porcupine Tree, Spock’s Beard et Dream Theater pour que le genre retrouve son statut d’antan. Le titre « Sarabande n°1 » ressemble encore beaucoup à du Steve Hackett même si on remarque bien les efforts consentis pour essayer de faire de la musique de Minimum Vital une potion absolument unique et originale. « Cantiga De Santa Maria » impressionne par son ambiance spirituelle. « Sarabande n°2 » prouve toujours l’amour inconditionnel que porte l’équipe bordelaise à Magma même si, une fois encore, la musique proposée possède un charme absolument peu commun. Le soin porté aux arrangements et à la section rythmique relève de l’orfèvrerie et aboutit à un produit final formant une sorte d’artisanat de luxe. On est ici bien loin de ce rock néo-progressif insipide et poussif que trop de musiciens d’outre-Manche nous réservent pour plaire aux anciens fans désœuvrés de Marillion. Définir cette musique semble une impossible gageure. Essayons : du funk rock progressif médiéval et incantatoire ? Minimum Vital offre bien plus que cela : une musique magique et inentendue.
La Source (1993)
Le disque sort en mars, toujours chez Musea. Minimum Vital affine encore son propos. Même si les fans de King Crimson ou de Mike Oldfield continueront d’adorer ce groupe français hors normes, force est d’avouer que leur style est incroyablement bien posé : on reconnaît la musique des frères Payssan dès la première seconde d’écoute. Toujours essentiellement instrumentale et diablement mélodique, la source de leur musique puise dans l’énorme chaudron de la culture musicale ancestrale afin d’en proposer une recette nouvelle, mais respectueuse des traditions. Ces Huits Chants De Lumière proposent une autre manière d’incorporer l’organe vocal aux instruments. En effet, le traitement des voix est à relever. Davantage que du chant, il faudrait plutôt parler d’incantations ou de mouvements, à l’instar des meilleurs passages d’Incantations de Mike Odfield. Une série de concerts, avec Philippe Cauvin au micro, proposera quelques prestations mémorables issues de cet univers si particulier. Dès l’année suivante, le poste sera occupé par Sonia Nedelec puis par Jean-Baptiste Ferracci. Charly Berna remplacera également Christophe Godet à la batterie. La démarche musicale est en train d’évoluer vers d’autres horizons… En 1995 sortira la première cassette VHS du groupe (et du label Musea) : Les Mondes De Minimum Vital.
Esprit D’Amor (1997)
Les pistes chantées donnent tout de suite un côté plus « populaire » ou « folk » aux neuf titres de ce magnifique album. La voix de Sonia Nedelec, évidemment, fait pencher la musique de Minimum Vital vers un plateau plus accessible. On pensera naturellement à ce que Maggie Reilly a apporté à Mike Oldfield au milieu des années 80. L’Anglais essaiera d’ailleurs de reproduire cette formule magique avec d’autres timbres féminins au cours du temps. Mais revenons à nos Bordelais. Esprit D’Amor s’offre plus facilement que les albums précédents grâce, entre autres, aux sublimes interprétations vocales. Des cuivres et des arrangements très dynamiques font de ce disque une aventure auditive plutôt fraîche et joyeuse, sans les zones plus ombrageuses traditionnellement dévolues aux longues plages progressives. L’ambiance y est champêtre et rythmiquement agile. Un disque à siffler sous la douche, dans les bois ou en courant à travers champs. Le son de guitare, très « oldfieldien », sur « Modern Trad’ » réjouira les amateurs de « To France » et autres « Moonlight Shadow ». Cela étant dit, le souci de Minimum Vital de toujours vouloir garder une identité propre, voire « médiévisante », empêche de véritablement comparer leur travail à celui d’autrui. Probablement leur disque le plus accessible depuis le début de leur aventure musicale. À ranger dans la catégorie Blackmore’s Night, The Wishing Tree ou même Loreena McKennitt.
Atlas (2004)
Après l’expérience Vital Duo, la formation au complet se remet en scène (autour des jumeaux Payssan, on retrouve Eric Rebeyrol à la basse et Didier Ottaviani à la batterie) et sort Atlas. Motis, autre groupe français d’excellence, a dû écouter cet album à de multiples reprises. Très « médiéval » et cosmopolite, cet Atlas porte bien son nom. Le chant donne un côté véritablement folklorique à l’ensemble : de faux airs de Fairport Convention ou Malicorne. Le son de guitare de Jean-Luc se fait plus planant, les arpèges « marillionesques » tissent des trames harmoniques magnifiques sur lesquelles les soli affûtés peuvent creuser leur nid. Le titre « Voyage 1 », malgré sa longueur de plus de sept minutes, aurait pu devenir un hit tant la mélodie et la production brillent par leur efficacité et leur fausse simplicité. Les textes, poétiques et accessibles, apportent une nette plus-value et transportent la musique pourtant complexe de Minimum Vital vers des chemins plus populaires, atemporels. Comme si tout le monde connaissait déjà ces chants d’avant, d’ailleurs. Manau pour mélomanes, Yes pour les familles, Minimum Vital a, dès le début, trouvé sa place qu’il ne cèdera pas. Un chef-d’œuvre de plus.
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