Mastodon – Once More’ Round The Sun

Once More’ Round The Sun
Mastodon
2014
Reprise Records

Mastodon – Once More’ Round The Sun

Ah ! L’été. La saison du farniente. La période des tongs, des retrouvailles autour du rosé et du mojito, le barbecue, la plage, la serviette, les amourettes, le pastis après une partie endiablée et métaphysique de pétanque. Ah ! Douce saveur. L’été c’est aussi l’époque des blockbusters. Vous savez, les films hollywoodiens au budget digne du PIB d’un pays du tiers-monde qu’on regarde pour profiter de la clim réglée un chouia trop fort. Mastodon, c’est la même chose. La bonne grosse sortie avec du pognon qui vous accompagnera durant deux mois. Mastodon, c’est comme-ci on passait du statut de film d’auteur (« Remission », « Leviathan », « Blood Mountain ») à celui de grosse artillerie à pop-corn (« The Hunter », Oh Yeah Baby !). Alors la production, c’est du gros son massif, un peu visqueux même. Le scénar ? On ne fait pas dans le compliqué ni le littéraire, ce n’est pas du Christopher Nolan. Des titres bien compressés, format standard, il ne faut pas déconner non plus. Et surtout ne pas perdre l’auditeur, sans blague. Pour ça, on commence par une affiche. Celle de « Once More’ Round The Sun » est aussi efficace que celle de « La Planète Des Singes » ou celle de « Man Of Steel ». Ça accroche bien la gueule. Un p’tit côté psyché-seventies, c’est dans l’air du temps et le tour est joué. N’empêche, elle claque c’te pochette du graphiste Skinner.

Et puis, on n’oublie pas les acteurs. Là ça tombe bien, ils sont tous aussi mauvais. Trois chanteurs et pas un seul au gosier convenable. Un sacré exploit. J’en demandais pas tant. L’intrigue est tellement linéaire qu’on sait déjà quand tombera la scène de destruction massive sans le côté Marvel. Bon, on se rassure : ici, c’est léger. On reste dans une linéarité qui confine au sublime. Des chœurs, quelques solos, des rythmiques dignes d’un clip MTV, la grande classe quoi. C’est l’été, y’a pas de surprise, les gars. Mastodon, les titres à rallonge, aventureux, progressifs et surprenants, c’est terminé. On reconnait bien les morceaux à chaque écoute même si on ne s’en souvient pas vraiment au final. Bon allez : « Haunt Lisa », pour sa conclusion en chorale d’enfant ou « Ember City » et son refrain entêtant limite niais, à la limite, mais franchement, avec un batteur du gabarit de Brann Taylor, c’est un peu s’amuser gratos avec un putain de technicien. Pour filer la métaphore, c’est comme voir les effets spéciaux sur le dernier Spiderman : du gâchis.

Et le final, le climax, je te ramène Scott Kelly (Neurosis, c’est un peu l’Oscar du mérite). Alors, là, final apocalyptique, Sean Connery à la fin de « Robin des Bois, Prince des Voleurs » : du velours, l’enseignement de l’ancien. Le final qui tue – réminiscences de « Leviathan » inclus – parce que le reste, on s’en fout un peu quand même. Et on va dire que c’est du bidon de lessive ou que je prends un plaisir sadique à massacrer le truc. Dans les deux cas, ce n’est pas faux. Mais, le pire, c’est que, malgré son artillerie lourde bien anodine, Mastodon marque son coup. Si l’album est mauvais ? Pas plus que ça, finalement. Par contre, il était dans ma set-list de vacances sur la plage, parce que, putain, c’est l’album de l’été ! En voiture ou sur les oreilles, « Once More’ Round The Sun » appelle le soleil, le sable, les serviettes et l’indice de protection huilée maximal. Le kif d’un instant et c’est tout ce qu’on lui demande au final.

Un peu mal au cul quand même, surtout si on connait Mastodon depuis les débuts (je n’aurais même pas jeté une oreille si je n’écrivais pas des chroniques) mais, si on prend l’album tel qu’il est, il passe le cap au moins le temps de l’été quand il fait beau. D’ailleurs, j’ai encore mes tongs neuves Tribord aux pieds et sorti mes shorts pour montrer mes tatouages. Alors, comme quoi ce n’est pas si mauvais, tout dépend du contexte…

Jérémy Urbain (6,5/10)

http://www.mastodonrocks.com/

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