Mariusz Duda – AFR AI D

AFR AI D
Mariusz Duda
Kscope
2023
Palabras De Oro

Mariusz Duda – AFR AI D

Mariusz Duda – AFR AI D

Si je devais nommer des artistes prolifiques, les noms de Neal Morse, Neil Young ou autre Steve Lukather me viendraient en premier lieu à l’esprit. Or, lorsque je reçus AFR AI D, l’album de Mariusz Duda, j’eus la surprise de découvrir qu’il s’agissait déjà du sixième rejeton (dont une trilogie) du talentueux musicien polonais depuis sa transat musicale en solitaire entamée il y a seulement trois ans. Ajoutez à cela ses huit albums sortis avec Riverside et les sept autres dans le cadre de son principal projet solo, Lunatic Soul, ça devient conséquent. Il faut noter cependant que ce penchant soliste a été impulsé en 2020 par le confinement dû à la covid 19 avec un premier opus nommé Lockdown Spaces.
S’il est surtout reconnu pour être la tête pensante, la voix et la basse de Riverside, Mariusz s’immerge dans un monde synthétique quand il s’agit de composer sous son propre nom. Adieu les manches (enfin presque) et les micros ; bonjour les touches noires et blanches et autres potards ou curseurs de claviers. C’est en effet un album 99,9 % synthétique et instrumental qui nous est proposé.

Mariusz Duda – AFR AI D band1

Contrairement à son patronyme, AFR AI D (vous aurez noté le focus volontairement mis sur l’acronyme british de l’intelligence artificielle) n’est pas une transcription d’un blocage de l’artiste envers les nouvelles technologies créatrices, mais plutôt une prise de conscience sur la nécessité de savoir l’utiliser à bon escient. « Malgré une légère peur inconsciente de l’inconnu, je suis prêt à embrasser l’avenir 🙂 » nous confie-t-il. Ce Mariusz Duda synthétique livre un opus plutôt dynamique et métronomique. Les rythmiques et les arrangements ne sont pas emphatiques. On se rapproche plus de ce que propose musicalement un John Carpenter que de la magnificence d’un Giant Sky Jarrien. Le début de cette galette se révèle très vaporeux jusqu’à ce que les séquences à la Tangerine Dream se posent et s’imposent progressivement pour construire la trame d’un « Taming Nightmares » introductif ambitieux. Son solo final façon saxo floydien est admirable. Ensuite, « Good Morning Fearmongering » pose, sur une basse monocorde, des variations séquentielles à l’infini qui, cependant, trainent un peu en longueur. « Fake Me Deep, Mure » se montre beaucoup plus aérien avant de s’étoffer grâce à l’apport de quelques riffs de guitare judicieusement plaqués par le seul guest de l’album : le guitariste Mateusz Owczarek. Son rôle s’affirme sur « Bot’s Party » où, après une partie de piano/basse envoutante, il dégaine un inattendu solo de guitare heavy. « I Love To Chat With You » est le titre le plus planant de l’opus avec sa succession de gammes d’arpèges évocateurs de l’histoire d’amour impossible entre Theodore Twombly et Samantha, son assistante artificielle, le synopsis du film de SF Her (2013). Une certaine forme de groove imprègne les titres suivants « Why So Serious Cassandra » et « Mid Journey To Freedom » qui contribuent efficacement au côté rythmé de l’album. Ce dernier approche de son terme avec un « Embracing The Unknow » qui fut le premier single à en être extrait, un peu surprenamment, étant donné qu’il est le morceau le plus long de cet opus. Cette durée lui permet de faire un peu le tour d’horizon des sonorités et ambiances qui prévalent sur AFR AI D, mais aussi sur toute la discographie solo de Mariusz Duda.

Mariusz Duda – AFR AI D band2
Il est toujours intéressant de se pencher sur le parcours en solitaire d’un musicien, surtout lorsqu’il sort complètement de sa zone de confort. Pourtant, AFR AI D, avec ses séquences et ses arrangements qui ne se démarquent pas suffisamment de la production electro, me laisse un peu sur ma faim, je me dois de le dire. D’ailleurs, Mariusz déclare que « Dans un monde où la vérité est souvent camouflée par la tromperie, le cœur électronique d’AFR AI D ne peut jamais mentir… Ou le peut-il? ». Il doute donc de la totale franchise du virtuel alors, je me devais de lui montrer qu’un humain pouvait concurrencer une AI, y compris dans ce domaine. Pour autant, ces expérimentations synthétiques sont agréables à l’oreille. Elles lorgnent du côté de l’ambient, car elles parviennent à créer des atmosphères propres à la rêverie et à habiller ce thème de la montée en puissance de l’AI. En cela, Mariusz Duda a mis dans le mille. Moi, beaucoup moins, puisque je dois confesser que cette chronique n’a pas été écrite avec le concours de ChatGPT 😉

https://www.facebook.com/mariusz.duda.official

https://mariuszduda.bandcamp.com/album/afr-ai-d

https://mariuszduda.md/

 

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