John Carpenter – Lost Themes III : Alive After Death

Lost Themes III : Alive After Death
John Carpenter
Sacred Bones / Modulor
2021
Rudzik

John Carpenter – Lost Themes III : Alive After Death

John Carpenter Lost Themes III : Alive After Death

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous retracer toute la fabuleuse carrière de réalisateur de cinéma de John Carpenter dit « Big John », ni celle moins connue de musicien qu’il privilégie depuis cinq ans désormais. Pour cela, je vous renvoie à l’excellente chronique de son premier album « non B.O. » Lost Themes parue dans nos colonnes à l’époque.
Ainsi, de musicien de B.O. qu’il avait toujours été pour la plupart de ses films, Big John est devenu musicien tout court. Pourtant, les deux premiers Lost Themes sonnaient comme des B.O. (on ne se refait pas), le maître les ayant même qualifiés de « bande-son pour les films de votre esprit ». D’ailleurs, ces deux albums ont été joués sur scène lors d’une tournée en compagnie de titres extraits des B.O. de Carpenter. Ensuite, des classiques de la musique de ses films ont été réenregistrés pour figurer dans l’album Anthology sorti en 2017 avant qu’on ne lui propose de produire et composer la bande-son du nouvel Halloween (de David Gordon Green), un retour aux sources en quelque sorte pour celui qui avait réalisé le premier Halloween de l’histoire.

John Carpenter Lost Themes III : Alive After Death band1
Ce troisième volet nommé Lost Themes III : Alive After Death est différent. Si les noms des morceaux sont encore évocateurs de titres de films d’horreur, leur contenu s’écoute sans que ne nous vienne forcément à l’esprit des images cinématographiques. Tant mieux car j’ai toujours eu du mal avec les albums de véritables B.O. avec cette impression d’être orphelin des images tellement la musique crée l’ambiance et se met à leur service. Du coup, les dix plages de Lost Themes III : Alive After Death sont autant de véritables morceaux instrumentaux dont certains sont même bien rythmés tel « Vampire’s Touch » avec son solo de guitare final nerveux. John a poursuivi sa collaboration avec Cody Carpenter (claviers) et Daniel Davies (guitare). Il s’est aussi adressé à l’illustrateur Boneface pour réaliser le troublant et génial clip d’animation d’« Alive After Death », le titre introductif de l’album. Rappelons que l’artiste est un autodidacte qui ne sait ni lire ni écrire la musique et ça se sent sur les mélodies de ces dix pièces. Celles-ci sont simplissimes, mais d’une efficacité redoutable. Plaquées sur des rythmiques typées krautrock, cela donne parfois l’impression que Kraftwerk habille Tangerine Dream… et le parfume de Mike Oldfield avec le solo de guitare de Davies sur ce « Alive After Death ». Et puisque je parle de krautrock, ne vous attendez cependant pas à une rafale de descriptions très techniques de ma part car je n’y connais absolument rien en matériel et surtout pas en matière de modèles de synthétiseurs constituant probablement l’armée de claviers qui ont pu servir à élaborer Lost Themes III : Alive After Death. Tout au plus, je me bornerai à exprimer mon ressenti à l’écoute de ces claviers numériques qui sont d’une froideur clinique que les Carpenter n’obtiendraient probablement pas avec du matériel analogique. On constate que ces sonorités glacées sont idéales pour les univers et ambiances qu’affectionne John Carpenter.
Je l’ai dit plus haut, Lost Themes III : Alive After Death comporte dix pièces et celles-ci sont d’un format assez court, entre trois et cinq minutes. Elles sont très variées, très différentes et ne sont pas enchaînées. Par exemple, nous n’avons pas droit à ces transitions électroniques merveilleuses telles que nous les concoctait JM Jarre sur Equinoxe (Celles d’Equinoxe 3 à 4 et 6 à 7 sont des must!), restées malheureusement lettres mortes dans la suite de sa carrière. Alors ça donne un album un peu patchwork sur lequel on ne s’ennuie pas, mais qui n’offre pas LE morceau ultime et épique qui marque les esprits. Seuls les séquençages de « Cemetery » et « Skeleton » juxtaposés sont très similaires et assurent une certaine continuité avec un côté un peu « dance » pour le second que l’on retrouve également dans « The Dead Walk » et « Wheeping Ghost ». Le propos est beaucoup plus ambiancé sur « Dripping Blood » et « Turning The Bones » tristes à souhait. John Carpenter et ses acolytes ont le bon goût de réserver le meilleur pour la fin avec « Carpathian Darkness ». Cette pièce est plus organique car rythmée par un piano lancinant renforcé à certains moments par des parties de guitare.

John Carpenter Lost Themes III : Alive After Death band2
Petit à petit, John Carpenter se détache lentement de ses racines cinématographiques et nous sort pour la première fois un véritable album de morceaux de musique non dédiés au septième art. Mais on sent bien que dans son incroyable imagination fertile, ces deux mondes ne seront jamais très éloignés. Il reste qu’il faut saluer ce grand Monsieur qui n’hésite pas à donner à sa carrière artistique un sacré coup de volant sans pour autant frôler la sortie de route. Pas étonnant de la part de celui qui a maîtrisé « Christine » à l’écran!

John Carpenter Lost Themes III : Alive After Death Christine

https://theofficialjohncarpenter.com/music/

 

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