Live report Julia Sarr au 360 Paris Music Factory de Paris le 25 janvier 2024

Live report Julia Sarr au 360 Paris Music Factory de Paris le 25 janvier 2024
Julia Sarr
2024
Lucas Biela

Live report Julia Sarr au 360 Paris Music Factory de Paris le 25 janvier 2024

Live report Julia Sarr Au Fil Des Voix

Julia Sarr, vous avez dû voir son nom dans la liste de mentions spéciales de mon top/flop 2023. Mais au-delà de cette liste, il s’agit d’une de mes découvertes récentes les plus attachantes. Et j’avoue que j’ai un peu honte de ne pas l’avoir connue plus tôt, son premier album datant en effet d’il y a près de dix ans. Que voulez-vous, malgré mon esprit curieux, il y a tellement d’artistes créatifs, mais si peu parmi eux qui parviennent à ma connaissance. Quand on lit la biographie de la vedette de la soirée, on apprend qu’elle a collaboré avec de nombreux artistes de la chanson française, dont Francis Cabrel (vous verrez plus tard pourquoi je le cite en particulier).

Dans sa carrière solo, la chanteuse, établie en France depuis trente ans, s’évertue à chanter en wolof. Elle est en effet très attachée à ses racines, le titre de son dernier album, Njaboot, signifiant d’ailleurs « famille ». Elle s’était produite l’année dernière au Café De La Danse, mais je n’avais pas pu y assister. C’est dans le cadre du festival varié et cosmopolite, Au Fil Des Voix, que je corrige donc le tir. Et c’est au 360 Paris Music Factory que cela se passe, là-même où j’avais pu voir les Volunteered Slaves en compagnie de l’ami Xavier Chezleprêtre.

Live report Julia Sarr Au Fil Des Voix band2

Maniant habilement un chant soul/jazz dans un écrin feutré, elle l’agrémente d’expressions faciales et de gestes qui rendent son message plus vivant. J’avais déjà pu faire l’expérience de ce type de « langage corporel » avec Rokia Koné. Autour de Julia, ce sont deux musiciens chevronnés qui l’épaulent. Fred Søul, « le viking de Dakar », comme elle l’appelle affectueusement, me fait penser dès son entrée sur scène à l’ancien leader de Celtic Frost, Tom G. Warrior. En effet, difficile de ne pas avoir en tête le fondateur de Triptykon avec le bonnet noir couvrant une partie de ses cheveux longs et sa barbichette. D’inspiration classique, son jeu au piano est le plus souvent intimiste avec quelques fulgurances dans les moments plus rythmés. Il convient parfaitement à l’univers globalement réflectif et quelque peu mélancolique de la chanteuse. Quant à Stéphane Édouard, vous avez pu lire ses exploits percussifs dans nos colonnes. Sa batterie, comme vous pouvez le voir dans la vidéo partagée à la suite de l’article sus-mentionné, n’est pas conventionnelle. On y trouve une calebasse à la place de la grosse caisse, et juste une caisse claire en dehors des cymbales. Pas de toms en effet. Ce dispositif limité, associé à un petit djembé qu’il cale de temps à autre entre ses jambes, lui permet de contribuer à l’univers intimiste, tout en apportant la couleur nécessaire aux passages les plus enlevés. Par moments, on entend aussi un ensemble de tamas (le tama, c’est le fameux « talking drum » qu’on peut lire dans les line-ups de certains albums pop ou rock) et de sabars, les instruments emblématiques du mbalax. Cependant, ceux-ci sont samplés, car notre brave batteur/percussionniste n’a que deux bras.

Sur le thème de la famille, Julia évoque des événements qui accompagnent la vie : la naissance, le mariage, le deuil. Elle le fait non sans humour, notamment quand elle nous rassure que quand vient le tour du deuil, « ce ne sera pas glauque, puisque c’est une promesse de l’éternité ». La foi, d’ailleurs, c’est celle qui va conclure la prestation avant le rappel dans ce « Notre Père en wolof ». En effet, en ce début d’année, la femme toute vêtue de noir nous indique que nous avons besoin d’espérance pour passer l’année. Par ailleurs, la grande prêtresse (c’est l’impression qu’elle donne quand son vêtement ample se déploie à la levée des bras), outre son talent indiscutable en matière de chant, aime jouer avec les mots. Ainsi, elle sera contente d’être présente parmi nous un « Jeudi Soir Sur La Terre » (vous voyez maintenant pourquoi je mentionnais plus haut l’auteur de « L’Encre De Tes Yeux »). Plus tard, lorsque viendra le temps de chanter le mariage, elle nous fera remarquer que certains de ces événements au pays sont « mal arrangés, voire même dérangés ». Et n’oublions pas la promotion faite à son pianiste-compositeur, auteur de La Comédie Des Silences, « mais sans qui il n’y aurait pas de musique ». Je vous disais que les compositions de notre trio étaient très feutrées, dans un écrin soul/jazz tantôt rêveur, tantôt plus animé. Mais c’est sans compter la participation du public au « moment de chanter », et au « moment de danser ». Avec le premier, votre serviteur a dû choisir entre le groupe des graves et le groupe des aigus pour assurer les harmonies. Je vous laisse deviner auquel il a pris part… Ah oui, allez-vous me demander, mais alors, tu as chanté en wolof ? Là aussi, vous devinerez aisément la réponse… Quant au déhanchement, la chanteuse a en effet demandé au public de la rejoindre sur scène dans le rappel, permettant de conclure le concert dans la joie et l’allégresse.

Live report Julia Sarr Au Fil Des Voix band1

Ainsi, se sont succédés dans ce concert des moments de partage, en sus des improvisations des deux compères de la pétillante Julia, qui nous rappellent que la musique se vit sur scène, et pas uniquement chez soi. Établie en France, il y a fort à parier que vous aurez encore l’occasion de croiser la route de Julia Sarr. Avec son univers musical mêlant tradition et modernité, ne passez pas à côté de sa discographie et de ses prestations scéniques.

https://juliasarr.com/

https://www.facebook.com/gregoryprivatmusic

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