Live Report – Jon Anderson and the Band Geeks – Epics & Classics and More – salle Tobin San Antonio (Texas) – 27/06/2025

Epics & Classics and More
Jon Anderson and the Band Geeks
2025
Pascal Bouquillard

Live Report – Jon Anderson and the Band Geeks – Epics & Classics and More – salle Tobin San Antonio (Texas) – 27/06/2025

LR Jon Anderson and the Geeks - Epics & Classics

Eh, j’en ai une bonne à te raconter !
C’est l’histoire d’un mec qui habite aux États-Unis, et comme tout bon Américain qui se respecte, il a la relativité des distances bien différente de celle que nous avons dans l’Hexagone. Par exemple, pour aller du Sud au Sud-Est, en France, tu n’as pas besoin de faire 10 heures d’avion. Lui, le mec, il fait 10 heures d’avion pour aller de Charleston, en Caroline du Sud, où il habite (le pauvre), à San Antonio, au Texas (les pauvres), pour aller voir Jon Anderson et sa bande de geeks. Il a 80 ans, le rocker, alors le mec s’est dit que c’était le moment ou jamais. Pas con, le mec ! Coup de bol, un éminent membre de sa famille habite justement San Antonio. Et comme un plaisir n’est vraiment bon que s’il est partagé (sauf s’il s’agit de pognon ou de pouvoir), son épouse a eu la gentillesse de l’accompagner.
Le voilà donc sur place, salle Tobin, charmant théâtre à l’italienne, pas trop grand ni trop petit. Le concert commence à l’heure, parce qu’à 80 ans, on évite de se coucher trop tard. Et vlan, après l’incontournable final de L’Oiseau De Feu du père Igor (ouarf ouarf ouarf)… attends, attends, c’est pas fini ! Voilà-t-y pas que notre rocker des hospices nous balance « Close To The Edge ». Oui monsieur ! Et le mec, il est close to the edge de son fauteuil tellement il est scié. La voix comme au premier jour… bon, disons comme À L’Aube Du Cinquième Jour, pour paraphraser Ennio Morricone.

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Quand même, la vache ! Rien à voir avec le dernier concert de Genesis où le mec, il avait eu l’impression d’accompagner Collins au caveau. Là, ça sonne Yes, et pour les petits jeunes de la bande des geeks, on voit bien que tous les jours, c’est la fête du slip ! Richie Castellano, le bassiste, est haut comme trois pommes, mais sa basse ronfle comme un Squire qui a oublié de nourrir son cheval (si t’es une bille en anglais, laisse tomber celle-là). Andy Graziano, le guitariste, un peu traqueur, mais quand il se laisse aller, y a du Steve Howe dans cette bombe surprise ! Andy Ascolese, le batteur, bat ( très bien, merci !). Et le pauvre Christopher Clark, au synthé, synthétise (on en parle plus tard, attends… attends).
Il faudra le reste du programme pour que le mec s’en remette. Et c’est quoi le reste du programme ?
• « Close to the Edge »
• « Perpetual Change »
• « Counties and Countries »
• « And You and I »
• « True Messenger »
• « Owner of a Lonely Heart »
Pause pipi et un coup de poppers pour Papi afin de relancer la machine à contre-ut et vendre des cacahuètes!
• « Awaken »
• « Shine On »
• « I’ve Seen All Good People »
• « Once Upon a Dream »
• « Starship Trooper »
• « Roundabout »
Petite aparté :
Si tu regardes la setlist en ligne, tu peux lire des invraisemblances du genre (« Close to the Edge », « Awaken », « Starship Trooper », « Roundabout », « Perpetual Change », « I’ve Seen All Good People » – Yes cover). Techniquement, ce n’est pas faux, hein ? Ce n’est pas Yes. Mais si, comme le mec, tu es allé à un concert récent de Yes (pauvre toi !), tu sais que le cover band de Yes, c’est précisément… Yes. Jon Anderson et ses geeks sont bien plus Yes que le Steve Howe momifié et sa bande de Yesmen de seconde zone. (Fin de l’aparté). Les chansons tirées de leur dernier album True — « Counties and Countries », « True Messenger », « Once Upon a Dream » — sont comme du Canada Dry quand tu le compares au whisky : elles ont la couleur de Yes, les structures de Yes, l’avant-goût de Yes. Mais ce n’est pas du Yes. Ou plutôt, c’est du Yes de 1996 et après, ce qui n’est pas vraiment du Yes : ni radicalement yéyé et couillu (comme la période Trevor Rabin qu’il ne faut pas bouder, Ah non Monsieur !), ni radicalement novateur et barré. Et à propos des autres chanteurs du Geek Band, te demandes-tu si justement Ils sont extraordinaires ? Mieux même que Yes d’origine (oui, j’ose !). Clairs, justes et bien balancés. Du grand art de choristes, je te dis !
En parlant de balance justement, seul petit bémol dans cet océan de béatitude : la balance. La basse et la guitare dominent le mixage au point de désintégrer les parties de Rick Wakeman. Quand on connaît la taille de l’ego et des parties du bonhomme, on a du mal à entrer dans le personnage, et par conséquent à entendre ses parties (de claviers, tu l’auras compris, gros dégoûtant ! Mais Rudzik, où vas-tu chercher tout ça?) C’est vraiment dommage, parce qu’il se débrouille vachement bien, le Christopher Clark, au clavier. Là-dessus, la théorie du mec est la suivante : Richie, c’est la pointure. Il a participé à 11:11 de Regina Spektor quand ils étaient encore au Purchase College of Music, il fait partie de Blue Öyster Cult (beurk !) et il a sa chaîne YouTube qui lui a permis d’entrer en contact avec le papi à la voix d’ange. Alors lui et son copain de lycée, Andy Graziano, sont naturellement les grosses pommes de terre qui accompagnent le vieux poisson. Impossible de faire taire un batteur, hein ? On est bien d’accord ! Il ne reste plus que notre pauvre Christopher à martyriser en l’obligeant à jouer en nocturne et en sourdine. Pas glop ! Pas glop ! Parce que la musique, elle, réclame les nappes frénétiques et les soli puissants — et parfois ringards — de son Rick encapé (à l’époque) et bedonnant (à présent).

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Un concert miraculeux pour le mec, mais une aventure pas encore finie, car… qui c’est qui était dans le navion du mec pour ses 10 heures de voyage de retour ? Papi Anderson ! Dingue ! Assis là, en première, alors que le mec arpentait les couloirs de l’avion pour s’insérer au chausse-pied sur son siège. Pour une fois, la bouche du mec a parlé avant que son cerveau ne la retienne :
— « Hey Jon, super concert ! J’en suis encore bouche bée », en lui touchant amicalement l’épaule (qu’il a bien maigre, d’ailleurs). Il me répond en souriant :
— « Oui, j’ai eu beaucoup de plaisir aussi ! » (alors qu’il aurait sans doute été en droit de me répondre : « Casse-toi, cloporte, et enlève tes sales pattes de là ! »). Ben il ne l’a pas fait. La classe quoi ! Alors, comme les autographes et les selfies, c’est pas le genre du mec, ça s’est arrêté là. Mais quand même ! Allez, c’est à ton tour d’y aller s’il passe dans ton coin. Ça vaut le détour !

https://www.jonanderson.com/
https://www.facebook.com/TheJonAnderson
https://www.sacurrent.com/music/yes-singer-jon-anderson-and-the-band-geeks-bringing-ambitious-set-list-to-san-antonio-37835087

 

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