Live report Igorrr + Imperial Triumphant + Master Boot Record à l’Olympia de Paris le 17 octobre 2025

Live report Igorrr + Imperial Triumphant + Master Boot Record à l’Olympia de Paris le 17 octobre 2025
2025
Lucas Biela

Live report Igorrr + Imperial Triumphant + Master Boot Record à l’Olympia de Paris le 17 octobre 2025

Live report Igorrr + Imperial Triumphant + Master Boot Record

Le 17 octobre 2025, les Français d’Igorrr défendent à l’Olympia leur nouvel album, Amen. En même temps que de nouvelles compositions tous azimuts, ce sont les prestations ébouriffantes des remplaçants aux voix et à la batterie que l’on découvre. La troupe française est précédée dans un premier temps de l’univers oppressant mais envoûtant des Américains masqués d’Imperial Triumphant. Puis le « geek » Italien Vittorio D’Amore, alias Master Boot Record, prend le relai. Encapuchonné, c’est accompagné d’un batteur et d’un guitariste qu’il livre des compositions à la croisée du metal et des musiques de jeux vidéo.

Live report Igorrr + Imperial Triumphant + Master Boot Record band 1

Pour porter leurs ambiances poisseuses gorgées de mystère et d’angoisse, Imperial Triumphant privilégient les rythmes tortueux, les guitares troublées et les voix caverneuses aux échos glaçants. Avec la virtuosité que l’on connait à Kenny Grohowski (ne l’a-ton pas vu chez Brand X, John Zorn ou encore PAKT ?), la batterie passe avec aisance de l’assurance propre à un heavy metal conquérant au questionnement porté par un sludge sombre mâtiné de funeral doom endeuillé. Même si des riffs lourds émaillent la musique de nos New-Yorkais, c’est surtout une atmosphère suffocante qui l’entoure. D’entrée de jeu, une guitare mélancolique, une basse fracassante, et des rythmes lents doom préparent les esprits à la noirceur des ambiances à venir. Tout l’univers claustrophobe de nos passionnés du Metropolitan Profane des années 20 prend alors forme. D’un côté, il y a de quoi être pétrifié sur place par cette voix sépulcrale, où le grain de Cronos (Venom) porte les échos désespérés de Johan Edlund (Tiamat période death/doom). De l’autre, les roulements de batterie bouillonnants et les guitares cinglantes apportent mystère et tourments. A la fin du programme, entre deux moments de déroute où la voix crie sa douleur et la batterie cherche frénétiquement une porte de sortie, les blast beats accompagnant des guitares oppressantes accentuent même le sentiment d’effroi. Dans ce dédale d’angoisse et de désespoir, quelques moments attirent plus particulièrement notre attention. Ainsi, quand nos trois âmes ténébreuses empruntent un pont lumineux pour passer d’une terre sombre à l’autre, la basse prolonge le sentiment d’oppression en hurlant à la mort. En coda, les accents western de la guitare et les cymbales mimant le souffle du vent nous feraient presque revivre le terrible Dust Bowl. Ailleurs, cette ouverture mystique où l’affliction de la guitare se mêle aux développements sinueux de la batterie marque également les esprits. Et vers la fin du set, que de délectation à l’écoute de ces rythmes qui quittent leurs labyrinthes pour rejoindre des routes en ligne droite. Pendant ce temps, la guitare est en pleine introspection. Elle livre alors tous ses états d’âme, à la manière d’un patient allongé sur le divan de son psychiatre. En conclusion, la prestation d’Imperial Triumphant peut s’apparenter à une grande goétie dont les échos résonneraient bien au-delà du tréfonds des enfers.

Live report Igorrr + Imperial Triumphant + Master Boot Record band 2

Avec Master Boot Record, autour de rythmes entraînants, c’est l’univers des jeux d’ordinateur et des virtuoses de la musique baroque qui nous saisit. Bien que les guitares saillantes et la batterie aux mesures modérées mettent en avant des influences groove metal, on sent dès le début cette volonté de créer des ambiances tour à tour vaporeuses et enivrantes. Le mystère est en effet apporté aussi bien par la brume typique des musiques de films d’horreur que par des nappes plus aériennes. Sur le versant étourdissant, comment ne pas voir un clin d’œil à la musique baroque dans ces fugues aux notes virtuoses. De même, le metal néo-classique d’un Yngwie Malmsteen n’est pas loin dans les tours de force guitaristiques qui se greffent aux accélérations rythmiques. Ainsi, dès le thème d’Ultrakill, le jeu de batterie se fait plus libre et les excursions progressives se multiplient pour suivre les acrobaties des guitares et synthés. Mais que les différentes influences se mêlent, et c’est alors un véritable feu d’artifice qui résonne à nos oreilles. Ainsi, quand riffs heavy et synthwave vaporeuse se conjuguent, peut-on assister à un moment à couper le souffle. La batterie alterne en effet entre groove/funk et thrash, avant de changer successivement de mesures. Il s’agit d’un des clous de la prestation, se concluant de manière fort surprenante par des guitares mitrailleuses et des rythmes martiaux. Autre temps fort de la soirée, c’est « Duhicebdo ed varicecag parvabiguf » (à mes souhaits !), un morceau de l’autre projet de notre Italien, Keygen Church. Dans un écrin presque liturgique, entre débordements et contrôle, l’exubérance de la batterie y contraste avec la concentration de la guitare. Avec son programme éclectique et virtuose, Master Boot Record a ainsi su se poser en maître du « computer metal ».

Live report Igorrr + Imperial Triumphant + Master Boot Record band 3

Vocalises lamentées, voix de petite fille puis chant lyrique ! En l’espace de quelques secondes, Marthe Alexandre pose le mot d’ordre d’Igorrr : jeux sans frontières. En effet, à des atmosphères sombres et effroyables, marquées par une batterie groove agressive et des guitares acérées, se joignent des éléments plus légers. Igorrr est alors terre de contraste. Ainsi, alors que des déclamations glaçantes transforment la prestation en messe noire, des samples de musique baroque et des breakbeats amusés offrent une autre orientation à la composition. De même, à la voix féminine aérienne répond un chant guttural entremêlé de cris à frémir d’horreur. Par ailleurs, comment ne pas être bouche bée devant ce mélange de blast beats foudroyants et de chant lyrique, quand ce n’est pas un piano guilleret. Et sur « Blastbeat Falafel », ce sont encore ces accélérations rythmiques bien sombres qui surprennent quand elles s’invitent à la table d’ornements anatoliens parés de mille couleurs. Humour et courroux s’entendent alors comme cul et chemise ! Le parapluie bariolé s’ouvre à nouveau quand les breakbeats tortueux composent avec des samples de flûte, de clavecin et de voix éparses. Avec des rythmes sinueux mais propices au déhanchement, on pourrait parler de fête chez les geeks ! Mais quand les éléments marchent de pair, le résultat est tout aussi convaincant. Ainsi, quelle joie dans la foule quand des vociférations abominables se joignent aux blast beats. De même, quand il est question d’entretenir une atmosphère de mystère, les rythmes tribaux angoissants font bon ménage avec des incantations effrayantes. Autre entente, et c’est parmi les moments marquants que l’on en est témoin. Il s’agit de cet instant où les claviers entremêlés de séquences planantes partagent leur mélancolie avec la voix endolorie de la remplaçante de Laure Le Prunenec. Et notre ébahissement ne s’arrête pas là, car il suffit que des machines ténébreuses viennent assombrir l’atmosphère pour que le chant lyrique se mette à crier son désespoir. L’abattement est alors parfaitement mis en valeur par la chorégraphie touchante de Marthe. Et puisque nous sommes dans les temps forts, il en est un autre qui est à tomber à la renverse. Autour d’un clavecin insistant et de roulements de batterie enivrants, le chant passionné prend son envol avec des vocalises à donner la chair de poule. L’émotion passe aussi par des mélopées typiques du folklore slave. Dans la voix, il faut alors penser à l’Ukrainienne Poloneya (SvaDaRa, Sventoyar), ou, référence plus connue, Le Mystère Des Voix Bulgares. Vraiment un talent unique cette Marthe : voici une perle rare qui était taillée pour un groupe aussi singulier. Ainsi, avec leurs nombreuses influences et leur énergie, Igorrr ont su captiver l’audience.

https://igorrr.com/

https://www.imperial-triumphant.com/

https://mbrserver.com/

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