Isildurs Bane & Steve Hogarth – Colours Not Found In Nature

Colours Not Found In Nature
Isildurs Bane & Steve Hogarth
Ataraxia
2017

Isildurs Bane & Steve Hogarth – Colours Not Found In Nature

Isildurs Bane & Steve Hogarth Colours Not Found In Nature

Il a fallu plus de dix ans à Isildurs Bane pour sortir un nouvel album. Et quand les Suédois se décident à mettre du chant dans leur musique progressive dite « de chambre », ce n’est rien de moins que le chanteur de Marillion qui s’y colle, et avec délectation, pour ce Colours Not Found In Nature. C’est Richard Barbieri qui a présenté le groupe à Steve Hogarth et du coup, il a été invité à mettre des paroles sur les morceaux qu’il recevait, entre deux concerts. Le résultat est surprenant, la musique fabuleusement riche, avec beaucoup de rebondissements, les paroles sont belles et intimes, comme d’habitude, avec beaucoup de mélancolie mais aussi du fun et également des réflexions sociétales quasi métaphysiques par moments ! Des paroles qui ressemblent à son auteur, fidèle à lui-même, avec une voix divinement belle. Isildurs Bane, c’est un grand ensemble de musiciens, avec tout un tas d’instruments à base de cordes, de cuivres, de percussions et j’en passe. Du haut niveau, c’est indiscutable. D’ailleurs, dans la première performance live de Colours Not Found In Nature (que je vous encourage à visionner en bas de cette chronique), on sent bien Mister H heureux de faire partie de l’ensemble, et même impressionné, voire intimidé, alors que lui-même est un cador du chant à base d’émotion.

Isildurs Bane & Steve Hogarth Colours Not Found In Nature Band1

Chaque morceau est une pièce d’orfèvrerie. Seulement six, mais quarante et une minutes de musique. « Ice Pop » ouvre le bal avec un titre qu’on aurait dit fait pour Marillion, augmenté bien entendu d’une orchestration plus plus, notamment les violons virtuoses. Un mélange cordes, cuivres et instruments classiques réjouissant, avec des paroles plutôt décalées et drôles. Une chanson sur un mister freeze avec ses couleurs qu’on ne trouve pas dans la nature, personnellement ça me fait rire ! Les passages s’enchaînent et forment un morceau particulier mais parfait. « The Random Fires », la suite de « Ice Pop », reprend les mêmes paroles mais en plus… pop (quasiment beatlesque) et s’en va dans une instrumentation plus free form et épique. Steve H s’amuse, les musiciens s’en donnent à cœur joie, c’est purement incroyable. Ce qui est bon, ce sont ces agencements d’instruments qui nous emportent loin dans la musique, avec une belle intelligence qui rend ses gallons au genre progressif un peu en berne ces dernières années. « Peripheral Vision » donne à entendre le H le plus intime, dans un paysage de violons, violoncelle et piano mélancoliques, comme si Isildurs Bane se transformait en petit orchestre au service de son chanteur pour devenir un écrin de beauté, dans lequel la voix porte les émotions au plus haut. Un exercice d’équilibriste, remporté haut la main, qui impressionne de maîtrise, notamment dans son développement final. Ces mecs savent construire des morceaux qui contiennent leur lot de surprises. Magnifique.

Les dix minutes de « The Love & The Affair » semblent coller de très près à H qui se retrouve en terrain connu, les paroles faisant penser à ses obsessions sur Sounds That Can’t Be Made, par exemple. Musicalement, c’est encore une fois maîtrisé, et ça fait aussi penser à Marillion, notamment sur la rythmique et les claviers. Les idées s’enchaînent, ça joue magistralement dans une version plus rock ici. « Diamonds & Amnesia » a tout d’une histoire à morale, et pour la raconter, Steve H fait penser par moments à Peter Gabriel, rien de moins ! Solennité de la musique, mise en scène de la voix, mélodies vocales travaillées, un moment prenant et absolument réussi. Enfin, pour le final « Incandescent », le groupe sort tout ce qu’il a dans un morceau complexe et mélodique. Puissant dans ses trouvailles musicales, Isildurs Bane impressionne et rend encore plus probante la facilité d’interprétation de Steve Hogarth, réellement au sommet de sa forme et très inspiré.

Isildurs Bane & Steve Hogarth Colours Not Found In Nature Band2

Ces six morceaux sont bluffants. Non seulement ils prouvent qu’Isildurs Bane, formation de 1976, a encore beaucoup de choses à dire, mais le chant et les paroles de Steve H montrent que, lui aussi, est encore dans la course et peut aller au-delà de ce que Marillion peut lui offrir, même si son groupe d’adoption est, quand même, l’un des meilleurs et qu’il arrive à se renouveler d’album en album. Colours Not Found In Nature offre un voyage musical détonnant, étonnant, et nous fait du bien aux oreilles. Chapeau bas.

Fred Natuzzi

Coup de Coeur C&O

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