Hedvig Mollestad Trio – Enfant Terrible

Enfant Terrible
Hedvig Mollestad Trio
2014
Rune Grammofon

Hedvig Enfant Terrible

Dans la vie, il existe de tous petits riens qui vous rendent heureux. « Enfant Terrible », sans surprise, fait partie de ceux-là. La galette qui met la banane avec un bon gros sourire niais et qui fait étrangement ressembler l’auditeur que je suis à Homer Simpson devant une côte de porc et une bière Duff. Il y a des albums qu’on attend, l’écume aux lèvres, mais qu’on se surprend à voir sortir bigrement si vite, à tel point qu’on se sent un peu perdu, désemparé, et qu’on ne trouve rien à dire sur le moment. Oui, oui, ami lecteur, j’étais égaré, confus, déstabilisé. Je connais pourtant le groupe, son style, sa générosité, alors, putain, pourquoi est-ce si difficile d’en parler ? Je vais donc tenter autre chose. « Enfant Terrible », c’est avant tout une histoire… Ah merde, je l’ai déjà faite celle-là (voir ou revoir ici). Bon essayons une approche plus directe alors. « Enfant Terrible », quand tu le mets, et bien, tu le repasses en boucle et basta ! Pourquoi, me diras-tu ? C’est que la bestiole est foutrement attractive, pleine de détails, gourmande à souhait. Que tu sois adepte, simple novice ou touriste en tongs, Heldvig Mollestad Trio a le chic, la sympathie disons-le clairement, de rendre chaque seconde fun, jouissive, et où la technicité musicale ne veut pas dire branlage compulsif de manche (surtout avec une femme à la barre, ce serait malencontreux). Ici, les instruments dialoguent entre eux, le sourire aux lèvres, dans une sarabande facétieuse, et tout le monde y trouvera son compte.

Oui cher lecteur, tu peux très bien ne piffer que dalle au jazz, au rock ou au jazz-rock, confondre contrebasse et guitare-basse, et te prendre une mandale de plaisir à l’écoute de ce disque. Et du plaisir, tu vas en bouffer au kilo, avec des descentes de basses terrifiantes, des déhanchés et des riffs (tudieu !) qui me rappellent qu’un bon riff justement, c’est une science, un don, une bénédiction. Ces machins là ont en général bercé ta jeunesse en se scotchant dans ta cervelle pour ne plus s’en échapper (pas la peine de chercher loin là-dedans, ça vient tout seul n’est-ce pas ?). Ajoutez à cela des parties de batterie limpides, un bon groove, de la délicatesse, et j’ai l’impression tenace d’être à l’époque des heureux et salopards d’auditeurs des premiers albums de Led Zeppelin ou du Black Sabbath (Ouais, rien que ça, mon p’tit neveu à moi ! T’as beau n’avoir que deux ans, puisque je te cite ici, il faut bien que tu comprennes ce qui est bon et beau. Tu verras, tu me remercieras un jour).

Hedvig Mollestad Trio Live

35 petites minutes. Ah, c’est piège… Trop court tu te dis ? Mais c’est pour mieux remettre la galette dans ta platine, mon enfant. Et l’effet est immédiat ! Je me souviens davantage de cet album (par rapport à « All Them Witches« , on s’entend bien), de chaque titre ensorcelant, de leur développement plus long, de l’apport mélodique scintillant, des phases d’improvisations égalitaires glissant comme des sushis sur une mer d’albâtre (c’est bon, j’hallucine). Non, mais bordel, ça foisonne tout du long. T’as même l’envie irrépressible de te joindre au groupe et, même si t’es pas foutu de jouer correctement du triangle, tu veux malgré tout les accompagner comme si tu étais l’un d’eux et à leur hauteur. « Enfant Terrible », c’est une danse, une danse de notes, de groove, de riffs, de corps en excitation, bref, juste du plaisir, simple, jouissif et ludique. Le dépassement, rien que ça. Et c’est toute la force du truc : rendre l’ensemble attrayant, séducteur, la nonchalance avec classe (écoutez donc ces putains d’enchaînements, du grand art !).

Alors oui, « Enfant Terrible », comme le précédent finalement, est lui aussi une histoire, un objet que j’ai fait découvrir, un CD anxiogène aussi bien pour les fans acharnés des Melvins (y’en a plus qu’on croit) que pour ceux d’un Jimmy Page ou d’un Sonny Sharrock. Et vous voulez encore que je rajoute quelque chose sur cette bombe ? Un petit rien terrible qui rend heureux !! Voilà quoi, mince alors !!

Jérémy Urbain (9/10)

https://www.facebook.com/HedvigMollestadTrio

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