Hedvig Mollestad Trio – All Of Them Witches

All Of Them Witches
Hedvig Mollestad Trio
2013
Rune Grammofon

Hedvig Mollestad Trio – All Of Them Witches

« All Of Them Witches », c’est avant tout une histoire, celle d’une galette dénichée quasiment par hasard. Une écoute chez le disquaire, et puis hop, atterrissage direct dans mon petit panier. Ensuite, le dit album revient souvent, très souvent dans ma platine, on ne sait pas trop le pourquoi ni le comment. Et chaque matin qui suivent ma p’tite course bienheureuse chez Souffle Continu, c’est quarante minutes qui foutent la pêche, en mode « air guitar » face à la machine à café, alors que je ne connais encore rien du groupe en question. Et vous savez quoi ? Je m’en fous. Ces putains de riffs de guitares bien gras, cette basse ronde rebondissant contre les parois, j’ai même cru un moment que Buzz Osborne himself s’était invité chez Rune Grammofon, le temps d’un album. Le son ! Et puis voilà, la période pour vous faire découvrir cette merveille est venue. Quand notre rédacteur en chef et sa douce nous convient chez eux (bonne table, bonne ambiance, si si !), à peine arrivé, je leur conjure de mettre la chose dans le lecteur. Et boum, claque générale ! M (chère M, te revoilà ! ) adore instantanément « All Of Them Witches ». On se savait déjà connectés par les Melvins, comme par télépathie presque, et voilà maintenant que Hedvig Mollestad Trio te transporte, tout comme Philippe, transi de bonheur, et déjà en train de penser à un article dithyrambique bientôt en ligne sur C&O.

Et on reste là, en sirotant du rhum arrangé, à apprécier chaque parcelle et seconde de cet album incroyable. On en discute, on y voit du Led Zeppelin (n’est-ce pas M ?), du Frank Zappa aussi à certains moments. Bien sûr, la lourdeur des Melvins se fait pressante, entre stoner et noise-rock. Et c’est signé sur un label de jazz ? Mais il est où, le jazz ? Il est pourtant bien là, entrecoupant ce bloc pachydermique, bluesy, contrebasse aguichante, reposant même parfois, il se glisse mine de rien et sans problème dans ce magma jouissif et infernal, à tel point qu’on l’élude, partie intégrante d’une classe folle.

Et puis voilà qu’arrivent d’autres invités, le Fred, le Bruno, le Mario aussi. Personne n’y coupe, « All Of Them Witches » repasse, c’est LE disque de la soirée. Led Zeppelin est à nouveau cité, King Crimson aussi, les têtes bougent tranquillement en même temps qu’on descend une bonne bouteille de vin dans une chaleur bienveillante. M s’est déjà fait sa copie CD en perspective du trajet boulot le lendemain, Philippe a déjà commandé compulsivement la chose sur le net. Mais bordel, qu’est-ce que ce disque qui comble tout le monde fort aisément et sans interjection aucune ? C’est (encore) chez Rune Grammofon que ça se passe, ce label à part qui transforme le jazz en on ne sait quoi.

Et pourtant, c’est bien son aspect rock frontal et pesant qui a acquis les néophytes présents autour de la table. On me demande si une chronique est prévue, quelle note je vais y mettre… C’est qu’ils sont pressés les obscurantistes éclairés ! Mais toi M, Ô M, tu as su saisir les mots qu’il fallait, et ton regard en dit plus qu’un long discours ! (Quelle sacrée « mélowoman » cette M !). Un peu plus tard, je découvrirai qui sont vraiment les membres du groupe, que Hedvig est une belle Norvégienne qui ferait passer Buzz pour un playmobil, etc.

Voilà, c’est la fin de l’histoire. Peut-être que ça n’en valait pas plus la peine, mais c’est le seul moyen qui m’est apparu pour vous parler de cette perle sans cesse redemandée par mes oreilles avides et assoiffées, et qui trônera fermement dans mon top 10 annuel et inutile.

Jérémy Urbain (9/10)

https://myspace.com/hedvigmollestadtrio

2 commentaires

  • Il y a donc des disquaires français qui vendent du Hedvig Mollestad Trio! Je n’en aurai pas mis ma main au feu avant de lire cette chronique, mais cette nouvelle permet de rêver à une possible
    date en France à moyen terme… Et pour le coup, il faudra catégoriquement en être, car ce trio arrache tout sur scène, en particulier la (contre)bassiste, absolument écoeurante de maîtrise et de
    technique.

  • Philippe Vallin

    Oui en effet, ce trio arrache tout ! Pour moi, c’est l’album de l’année, ni plus ni moins, et on le retrouvera bien placé dans le prochain « top 10 » des rédacteurs ! 🙂

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