Gabriel – New Life
Auto Production
2020
Christophe Gigon
Gabriel – New Life
Ce disque étonnera l’auditeur par son professionnalisme et sa beauté sidérante. Gabriel Agudo peut être fier de son premier essai en solo. On savait la voix du bonhomme impeccable dans son travail avec les groupes Bad Dreams ou In Continuum ou en tant que remplaçant épatant de Fish ou Steve Hogarth (les deux chanteurs de Marillion) dans le Steve Rothery Band. En plus, Gabriel possède un carnet d’adresse en or. La liste des invités prestigieux parle d’elle-même : Steve Rothery de Marillion, Clive Nolan (Pendragon, Arena, Shadowland), Jan Vincent Velazco (Pendragon), Dave Kerzner (Sound Of Contact, In Continuum) sans oublier le musicien et directeur d’orchestre René Bosc, co-producteur de ce magnifique album. Les arrangements de cordes, sublimes, font accéder les compositions de New Life à un degré supérieur. Comme Neal Morse avec Testimony (2003), Gabriel Agudo raconte sa nouvelle vie, celle qu’il a souhaitée après avoir reconquis la sérénité qu’il recherchait. Il a trouvé l’issue dans la spiritualité. Force est d’avouer que sa musique, à l’instar des meilleures œuvres de Yes (Close To The Edge ou Awaken), pousse à croire en l’existence d’une force supérieure. Tant de beauté donne à penser.
« Free As A Bird », le titre d’ouverture, fera penser au Peter Gabriel de la période Scratch My Back / New Blood. La qualité des choix de production laisse sans voix : épure grandiloquente. Dès le deuxième titre, « Karmatic », on retrouve un rock progressif plus classique mais d’excellente qualité. Les rythmes étonnants utilisés raviront les auditeurs les plus habitués au Genesis de la grande époque. A relever les parties de piano, proprement sublimes, que n’aurait pas reniées Tony Banks. « Angel’s Call » sonne comme du Pendragon du meilleur tonneau. La voix de Gabriel se donne d’ailleurs comme une liqueur divine, elle permet de changer chaque recette en délice inédit. A mi-chemin, « A New Life » marque le coup de grâce : presque dix minutes de pur bonheur, un des meilleurs titres de rock progressif entendu depuis longtemps. Les parties de guitare apportées par le géant Steve Rothery, mêlées aux incroyables mélopées de clavier de l’énorme Clive Nolan ne pourront laisser de marbre les mélomanes. Comme si Marillion, Yes et Galaad s’étaient retrouvés pour proposer le meilleur, en une fois, pour une chanson, en quelques minutes. L’achat vaut rien que pour ce titre. On peut même avancer que, depuis Brave (1994), jamais la guitare de Marillion n’avait sonné si magnifiquement. A pleurer !
« Awakening » doit donc réveiller l’auditeur après cette magistrale preuve de génie musical que fut la piste précédente. Cette courte séquence mène à « Shining Spark », autre pièce maîtresse de ce New Life sidérant de richesse. Le voyage se termine comme il a commencé, avec « Free As A Bird », mais dans une version dantesque, augmentée, réarrangée de presque vingt minutes ! Dès les premières nappes, on se croirait transportés dans le monde de Clutching At Straws (Marillion). Les dernières notes du dernier morceau font corps avec les premières du premier, créant ainsi un cycle musical universel, symbole de perfection. On n’ose pas imaginer ce à quoi aurait pu ressembler un tel disque si Gabriel Agudo avait eu les moyens d’un Peter Gabriel ou d’un David Bowie. Pour dire qu’il s’agit d’une œuvre auto-produite, l’essai force le respect. Dans le genre, Gabriel dépasse le maître. Neal Morse arrive de moins en moins à canaliser sa créativité (qu’il confond avec dextérité et polyproductivité). Alors que New Life est sublime de bout en bout. Et chaque symphonie, aisément mémorisable, peut se fredonner sous la douche. A condition de prendre de très longues douches. Une sidérante surprise que ce disque venu d’Argentine.
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