Electric Oscillation – Alone
Auto Production
2018
Christophe Gigon
Electric Oscillation – Alone
A l’instar du Porcupine Tree de la première époque, Electric Oscillation est le projet d’un seul homme : Steve Jeanbourquin, professeur de guitare de son état. Sur ce premier album, Alone, il n’est pourtant pas seul : des musiciens solides de la région (Jura suisse, comme Galaad !) l’accompagnent pour ce voyage inaugural. L’illustration de la pochette – magnifique – sied parfaitement au concept de ce disque. L’idée principale de ce voyage évoquera évidemment l’album célèbre de Steven Wilson, Hand, Cannot, Erase, sorti en 2015. L’aliénation de la solitude et le vide au milieu du trop plein forment la gaine narrative de ce parcours au fil de la folie. Dès le premier titre, « The Subway », l’hommage au Porcupine Tree de l’époque The Sky Moves Sideways (1995) est appuyé. Preuve en est la guitare ciselée qui fait son apparition à partir de la cinquième minute du morceau : on se croirait transporté à l’époque bénie d’Incantations (1978) de Mike Oldfield ou de…..The Sky Moves Sideways. Ces références connues ne servent qu’à guider le lecteur en mal de repères. La musique d’Electric Oscillation se montre plus originale que ce que pourraient laisser penser ces quelques commentaires d’ouverture.
Passée la bonne surprise de cette piste 1 (qui ravira les amateurs d’Eloy), « The Appearence » se veut plus accessible. Là encore, le rapprochement avec la période pop de la troupe à Wilson (Stupid Dream ou Lightbulb Sun) est prégnant. Le chant féminin accentue encore cette impression de composition hommage. Mais la qualité est bien là, et c’est bien cela qui compte. Une fois encore, la guitare passée au phaser vous fera penser à qui vous savez. Mais peut-on véritablement reprocher au premier album d’un jeune guitariste inspiré de se rassurer en se (re)posant sur des bases révélées ? Steven Wilson lui-même a débuté sa carrière en s’acceptant en clone de David Gilmour puis, assez vite, son propre style s’est défini. Et c’est bien ce style-là qui semble former la matrice du son de Steve Jeanbourquin. Pour le moment en tous cas. Après l’éthéré « Timeless », « The Escape » nous ramène au Porcupine Tree dernière époque, la formation la plus metal. Electric Oscillation, à l’instar des Américains d’Abigail’s Ghost ou des autres Suisses de Metamorphosis, assume ses choix et accepte sa position d’épigone. La base rythmique de « The Slums » semble samplée sur celle de « Waiting Phase 2 » de Signify (1996), le disque par lequel Porcupine Tree a commencé à se faire connaître en France grâce, entre autres, au défunt mais excellent magazine Rockstyle. « The Graveyard » convaincra les plus sceptiques. Le voyage prend fin avec « Epilogue ».
Un très beau voyage, parfaitement exécuté et mené de main de maître par son initiateur. Certes, la maîtrise vocale et la prise de son ne bénéficient pas encore de l’éclat des derniers albums de Steven Wilson ou de Riverside mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une création autoproduite et « artisanale ». Comparons ce qui est comparable et rendons à César… Alone ravira les amateurs de rock progressif aux ambiances planantes. La suite nous dira si cette tentative courageuse fera des petits. Des petits de Steve qui prendront leur distance face à l’autre Steve. C’est ainsi qu’une œuvre se crée.
http://electricoscillation.ch/