Celeste – Morte(s) Née(s)
Celeste
Denovali Records
… Devrais-je avoir des remords ? Mon Dieu, qu’en pensez-vous ? Jamais je ne me suis écarté du droit chemin. Ces filles égarées méritaient ce que je leur ai donné. La saveur de la Parole. La vôtre… Certains ne l’ont pas vu de cette manière. Ce qui est fort dommageable à votre verbe. Maintenant, je parcours les traces de ces aventures érotiques volontairement déviantes. Pierres tombales de nacres et de souffre sont mes visions. Souvenances délicates de mes emprises charnelles en ce monde que je ne comprends pas, ou ne comprends plus. Le foutre qui ruissèle, les odeurs de sexe m’enivrent, la pisse et la merde fonctionnent comme la convenance du temps. Un jour il fait beau, un jour sera plus maussade. J’aime ça. Ça me donne envie de refleurir les fantasmes anciens. Ces corps si sûrs d’eux, mini-jupes et décolletés affriolants, à peine rentrés dans l’âge ingrat et si quémandeurs de corruption biologique. On se demande ce que je fais bien là dans cet environnement. Moi-même, je me pose la question, naviguant au travers des tombes de ce cimetière imaginaire tout droit sorti de mon impulsion débordante. Entendez mes mots ! Voyez ma souffrance ! Vivez là ! Ressentez-là ! Ce bloc de colère est le mien. Mais au travers moi, c’est cette humanité pourrie qui le discerne. Cette humanité que je refuse de suivre, trop balourde, insensée, infestée de vers, bouffant et chiant par le même orifice. J’étais prêt à violer et pervertir tout ce qui me touchait de ses doigts innocents. Car, avouons-le, nous sommes tous et toutes, Morte(s) Née(s). Déjà né(e), déjà mort(e). Destin inéluctable et capricieux. Ses yeux, je les revois, perçants, inquisiteurs. Non ! Laissez-moi ! Je veux sortir de cet endroit. Ce trou. J’en ai assez vu. J’ai assez ressenti le moindre effluve de chaque pore de peau décharnée et décomposée. Non ! J’ai dit. L’atmosphère de cet espace m’indispose et pourtant, je me refuse de le quitter. Tous ces fragments de vies fanées sont en moi et me construisent, bien que cela n’ait aucune importance. Ce n’est qu’une fuite. Je suis déjà mort, un cadavre ambulant, un zombie, claudiquant d’un pas mal assuré. De ma bouche ne sort qu’un râle d’agonie funèbre, éternel et irritant. Que j’aime voir ces corps danser au gré du vent. Dansez ! Dansez mesdemoiselles ! Dansez jeunes filles ! Que la mort vous redonne beauté…
Jérémy Urbain (8,5/10)
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