Black Pumas – Chronicles Of A Diamond

Chronicles Of A Diamond
Black Pumas
ATO Records
2023
General Eclectic

Black Pumas – Chronicles Of A Diamond

Black Pumas – Chronicles Of A Diamond

Après la claque du premier album, j’étais prêt à tendre l’autre joue à l’écoute du deuxième opus du duo d’Austin (USA), Black Pumas, Chronicles Of A Diamond sorti cet automne. Il ne me fallut alors que quelques minutes d’écoute de ces chroniques pour m’apercevoir que les deux gros matous avaient sorti à nouveaux leurs griffes. La question était alors de savoir si le groupe fondé par Eric Burton (chant) et Adrian Quesada (guitare, production) avait réussi à confirmer le coup de maître du premier album (au titre éponyme sorti en 2019 et nominé pas moins de six fois aux Grammy Awards») et à dépasser la seule critique que l’on pouvait leur faire : un style un peu trop léché voir académique et ancré dans la zone de confort de la néo-soul américaine pure sauce Motown et Stax. De là à dire que ce sont ces petites imperfections qui nous rendent humains et donnent un charme indéniable aux productions imparfaites (en témoignent le retour en force des vinyles aux grésillements vintage) dans un monde de en plus « intelligence-artificialisé », il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas sans mettre au doigt le diamant proposé par nos félins…
L’opus s’ouvre sur un titre évocateur « More Than A Love Song » (premier single de l’album) avec un joli assemblage de cordes (guitare acoustique et violons discrets) et moulte claquements de mains pour nous rappeler, si vous en doutiez encore, que « la vie est plus, plus qu’une chanson d’amour, c’est plus qu’un fantasme » (message que Burton aurait emprunté à son oncle Steve !). Le superbe et puissant refrain gospel est de bon augure pour la suite. On aurait toutefois pu en attendre un peu plus de la vidéo aux belles couleurs, mais tout de même sonnant un peu faux : le quartier avec les enfants jouant au basket, la street version édulcorée avec jolies maisons et partie d’échec dans le jardin. Mais bon, c’est une chanson d’amour, donc passons.

Black Pumas – Chronicles Of A Diamond band1
Le morceau « Ice Cream (Pay Phone) » suit avec son rythme enjoué, son riff accrocheur en ré majeur, sa batterie discrètement funky et son côté estival. Notre ami Burton nous raconte durant ses 3’54’’ revigorantes qu’il appelle sa petite amie et lui promet qu’il ne restera pas loin d’elle très longtemps tandis que Mr Quesada nous gratifie d’un solo convainquant sur sa guitare jazzmaster rouge et blanche pour clôturer la pause crème glacée.
Avec « Mrs. Postman » qui enchaine, le panel des sonorités s’élargit et le piano qui est l’’une des nouveautés les plus intéressantes de cet opus installe une ambiance jazzy de boudoir enfumé. Le morceau marque d’ailleurs un tournant puisque c’est le premier coécrit avec un autre musicien, en l’occurrence l’excellent claviériste JaRon Marshall. Un hommage soul-jazz, une fois n’est pas coutume, à la factrice qui brave les aléas du climat et de la vie. Burton précise d’ailleurs : « Je pensais en partie à la joie que les facteurs peuvent apporter dans la vie des gens, mais je voulais aussi encourager les membres de ma famille et tous ceux qui travaillent comme ouvriers… Je sais par expérience combien cela peut être difficile, et je voulais envoyer un message disant : Je vois toujours toute la beauté et la lumière en vous ».
La versatilité vocale d’Eric Burton prend alors toute son ampleur avec la ballade acoustique et sobre « Angel » aux élans presque mystiques. Le chanteur recrée un dialogue qu’il imaginait quand il était enfant, avec un ange dans la buanderie dans laquelle il se réfugiait dans les moments de tristesse. Difficile d’éviter les superlatifs. On pense forcément à Al Green, Otis Redding, voire même Har Mar Superstar à certains moments. Le morceau « Sauvignon » peu après, semble même un hommage à Gary Clarke Jr., une pédale wah wah en fond, marquant le territoire aux parfums seventies avec une touche moderne. L’exercice est maitrisé et le rythme hypnotique : une vraie réussite. La charge émotionnelle de la voix d’Eric et de la guitare blues d’Adrian fonctionne à merveille. En témoigne la ballade « Tomorrow » concentré d’élégance en forme de road trip (Mettez les clés dans le contact) qui s’achève crescendo sur l’un des meilleurs soli de guitare de ces chroniques.

Black Pumas – Chronicles Of A Diamond band2
Riche d’arrangements bien léchés, de rythmes serrés et d’un sens aigu de l’équilibre sonore, le groupe propose un ensemble convaincant, fort d’un lyrisme qui manquait, je crois, au premier album. À l’image du morceau « Rock And Roll » qui clôture l’album en beauté et prêche tel un mantra « Motivation, innovation, inspiration and temptation ! ». Quatre éléments fondamentaux qui guident à n’en pas douter nos félins: à savoir, création musicale, inspiration constante alliées à un fort désir de renouer avec la pure tradition.

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