Apogee – Waiting For The Challenge
Apogee
Musea
Apogee est le projet solo d’Arne Schäfer, le guitariste de l’excellent groupe allemand Versus X. Epaulé de Ebi Greaf et de Thomas Reiner à la batterie, Arne tient lui-même tous les autres instruments avec talent (claviers, guitares et chant) et se charge des arrangements orchestraux. Déjà auteur de nombreuses œuvres remarquables de contraste(s) et de densité, le combo a remis le couvert fin 2012. Et quel couvert ! La formation nous plonge ici au cœur d’un progressif introspectif et épuré, débarrassé de tout le clinquant (tape à l’œil ?) que néo-prog et hard-prog imposent trop souvent au genre. Loin du matraquage explosif bourré jusqu’à la gueule d’effets spéciaux ou des déferlantes instrumentales speedées qui constituent le fond de commerce de très nombreux groupes, « Waiting For The Challenge » présente une musique symphonique, authentique et souvent dépouillée jusqu’à l’ascèse.
Composée de trois longues pièces ouvragées culminant respectivement à 11’20 (« Values Of My Past »), 13’43 (« Mutual For Real ») et 14’50 (« Waiting For The Challenge ») et de quatre compositions plus resserrées mais tout aussi ambitieuses, cette œuvre au noir, emprunte d’un troublant mysticisme, développe une inspiration d’une rare authenticité qui n’est pas sans évoquer les grandes heures de VDGG (paroles philosophico-torturées, atmosphères mélodiques ténébreuses, constructions complexes, crescendos tendus et alambiqués, etc..) ou de Tony Banks (les parties de piano déliées du père Schäffer). Bref, nous nous trouvons au cœur de l’esprit Charisma, mais avec un sens harmonique résolument novateur et inclassable allié à un savoir-faire en tous points irréprochable (putain de prise de son !).
Qu’ajouter ? Il est difficile, au regard de la pléthore actuelle de productions de qualité, de porter un album aux nues plutôt qu’un autre. Sachez toutefois que si vous veniez à rater ce « Waiting For The Challenge », vous risqueriez fort de passer à côté de l’un des grands disques de ce début d’année. On vous aura prévenus !
Bertrand Pourcheron (8/10)