Dreadnaught – Gettin’ Tight With Dreadnaught
Dreadnaught
Red Fez Records
Beaucoup moins belliqueux que son nom ne le suggère (le cuirassé), Dreadnaught est une plongée dans un monde de liberté où se croisent un rock sudiste à faire taper du pied et un post-funk à faire balancer les bras et les hanches. 19 ans que le groupe existe, et pourtant, à la manière des Melvins, il semblerait qu’ils ne soient guère sensibles a l’exposition médiatique.
Gettin’ Tight With Dreadnaught, ce sont des moments de bonheur où l’on savoure une barbe à papa rose sous un ciel dégagé, tandis que tout autour de nous, la fête foraine bat son plein. Là où un (trop) rare violon nous étourdit, comme si nous défiions les lois de la gravité, sanglés dans la nacelle de la grande roue, des guitares grondantes annoncent l’imminence d’un orage, qui ne réussira néanmoins pas à déjouer les attentats ludiques de nos joyeux drilles. Revenant sur elle-même dans sa progression entraînante, la batterie présente à la fois la détermination et la malice d’un garçon qui sauterait à pieds joints dans une flaque d’eau. Le résultat en est tout aussi intriguant qu’amusant. Impossible d’interrompre cette marche allègre, les voix elles-mêmes n’y parviennent pas. En effet, entre enjouement choral et insouciance, elles se font même complices de cette attaque rythmique gorgée de fantaisie. Par ailleurs, tour à tour pimpants et effarés, des claviers épars, mais à nouveau rares, viennent apporter leur grain de sel dans les productions sucrées de nos forains. Mais, tel un bipolaire passant en phase euphorique, c’est la six-corde qui s’amuse également à égayer l’ambiance en lançant des confettis dans la foule en liesse.
Avec audace et amusement, Dreadnaught nous surprennent par leur capacité à jongler entre tension et récréation. Rares sont les groupes qui arrivent à nous faire prendre notre pied autant qu’ils le prennent. Dreadnaught est bien de ceux-là. Gettin’ tight ? (se sentir à l’étroit) : on en est loin ici, tellement on se sent a l’aise avec eux !
Lucas Biela
