Yes – Magnification
Yes
Eagle records
La traversée des 90’s a été pour Yes un véritable chemin de croix. Le groupe semblait en effet atteint de cyclothymie aiguë, enchaînant dans la plus parfaite confusion le pire (« Open Your Eyes »), et le meilleur (les deux volumes des « Keys To Ascension »). Des mauvaises langues en avaient même conclu que c’était dans le pire que le combo se montrait le meilleur. Dans ce contexte difficile, « Magnification » venait à point nommé redorer le blason de la bande a Chris Squire. La féconde rencontre avec l’univers de la musique classique a permis à cette formation culte de se renouveler. Entouré d’un orchestre au grand complet, et pour la première fois de son histoire, sans claviériste, Yes nous livre une œuvre qui renoue avec le faste des grandes odyssées homériques façon « Relayer » ou « Tales From Topographie Oceans ». L’osmose rock/classique s’y avère remarquable (le superbe « Spirit Of Survival » ou la suite « In The Présence Of »), mieux encore, nos joyeux quinquagénaires semblent avoir retrouvé la fougue de leurs 20 ans. Les parties vocales sont enthousiasmantes de fraîcheur et de passion (« Don’t Go »). Quant à la guitare de Steve Howe et à la basse de Chris Squire, elles semblent avoir subi une cure de jouvence (« Give Love Each Day »). Superbe retour, donc, qui se confirmera quelques années plus tard avec l’excellent « Fly From Here » et son line-up encore remanié. Jon Anderson, le grand absent du projet, semble bien malheureusement avoir été définitivement évincé du navire par ses collègues par toujours très tendres entre eux. En espérant maintenant que la suite sera du même niveau. On sait en effet qu’un nouvel album est en chantier, avec la participation au chant de John Davison, actuel vocaliste du groupe progressif américain Glass Hammer, et clone de qui vous savez. Et là, hélas, rien n’est moins sûr avec Yes !
Bertrand Pourcheron (8/10)