Watine Géométries sous cutanées

Watine – Géométries Sous Cutanées

Géométries Sous Cutanées
Watine
Differ'ant
2019
Rudzik

Watine – Géométries Sous Cutanées

Watine Géométries sous cutanées

Il arrive (rarement cependant) que la magie sonore survienne sans crier gare et vous prenne totalement au dépourvu, inondant mine de rien pêle-mêle marteaux, enclumes, étriers et tympans de notre audition incrédule (cf la pertinente jaquette ci-dessus) ; surtout lorsqu’elle provient de contrées musicales inattendues. La symbiose parfaite de l’électronique avec l’organique n’est pas, a priori, propice à m’émouvoir à ce point et pourtant, contrairement à Ulysse et à ses compagnons soumis au chant des sirènes, j’ai succombé à celui de Watine ou plutôt à son œuvre musicale remarquablement ambiancée. Bien fait pour moi, je n’avais qu’à glisser des boules de cire dans mes esgourdes ou m’attacher solidement aux bras de mon fauteuil. Fort heureusement, Watine ne m’a pas drossé sur les rochers de l’enfer musical. Elle m’a simplement noyé dans un océan de notes cristallines et de ritournelles envoûtantes dont je n’ai dû mon salut qu’à la volonté tenace de coucher sur le papier les émotions addictives qui m’ont submergé.
Ici, on a affaire à une création d’une richesse sonore très originale. La trame mélodique de Géométries Sous-Cutanées s’appuie résolument sur l’électronique que l’artiste construit sur son Pleyel et son clavier maître. Les thèmes étant élaborés, Catherine les renforce par une multitude de samplers organiques de percussions qu’elle a préalablement enregistrés dans ce qu’elle appelle sa « bibliothèque personnelle de sons », un vrai travail de fourmi lui ayant permis de la construire patiemment sur plusieurs années. Celle-ci la fournit également en sonorités originales (pluie, souffles, pas, trains, cloches, filins des mâts de bateau qui claquent au vent…), qu’elle saupoudre intelligemment sur la texture électronique précitée.

Watine Géométries sous cutanées band1

Mais vous allez me dire, « A part cet électronique et ces samplers omniprésents, joue t’elle véritablement de la musique ? ». Et je vous réponds par un franc OUI ! Le piano de Catherine est récurrent sur Géométries Sous-Cutanées et lui permet de trouver un fragile équilibre entre l’électronique et l’organique. Egalement, il y a quelques années, elle a collaboré avec le génial multi-instrumentiste Arnaud Delannoy sur un album qui n’a jamais vu le jour. De ce travail en commun, elle a recyclé des extraits de violoncelle, de violon et de cor (« Melancholia My Love ») et l’a de nouveau associé pour les nombreuses parties de percussion avec des timbales. Ajoutez à ce melting-pot complexe un soupçon d’indus, une basse poppy et vous obtenez le secret de la rythmique de la valse baroque du fabuleux « Jet Lag » final (une quinzaine de pistes arrangées rien que pour ces drums). C’est que Catherine Watine, cette compulsive de la découpe, de la transformation et de la décoration orchestrale est une perfectionniste, une sculptrice de sons qui accouche par exemple de l’étonnant sampler de voix africaines de « Raining Bee » ou du piano délirant sur le riff cinglant et les percussions tribales de « Sheer Power ».
Le recalage rythmique et le mixage ont été confiés au précieux Damien Somville (Studio Plastic Folk Inventions). Son travail est particulièrement prégnant sur « Lovesick », l’un des deux titres (avec « Jet Lag ») chantés ou plutôt parlés par Catherine Watine avec cet avertissement psalmodié « Attention à la secousse des corps et au moindre de nos efforts ».  Ses textes sont autant de questions existentialistes sur l’homme et sa place dans l’univers fini et infini.

Watine Géométries sous cutanées band2

Les montées en puissance font parfois penser à Mike Oldfield (« Undying Pizzicato »). Quelques accents de claviers désincarnés de « Verrophone » paraissent resurgir des tréfonds de « Lucy In The Sky » alors que la rythmique électronique de « Erratic Soul » lorgne du côté de Tangerine Dream.
Etonnant de réaliser que je pourrais écrire encore des pages et des pages sur cet opus mais, les meilleures étant les plus courtes, telle Circé, il me faut conclure en vous mettant en garde : si vous cliquez sur la touche play de la vidéo ci-après, vous succomberez à Watine, l’ensorceleuse sonore qui vous entraînera dans son Iliade captivante.

https://www.facebook.com/Watine.officiel/

https://watine.bandcamp.com/

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