Totorro + Oiseaux-Tempête + True Widow au Point Ephémère, Paris, le 25 avril 2014

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Totorro + Oiseaux-Tempête + True Widow

Live au Point Ephémère, Paris, le 25 avril 2014

Quand j’apprends que True Widow traverse enfin l’océan pour arriver en nos contrées, il m’a fallu, disons, 2 minutes et 34 secondes pour me décider à prendre ma place, et encore, j’suis lent ! Quand je découvre, en plus, que Oiseaux-Tempête, dont le premier album m’avait bien marqué le cortex, assure la première partie avec d’autres frenchies de Totorro, j’étais déjà au bord de l’orgasme ou, tout du moins, particulièrement excité. Les premiers à fouler la scène sont nos petits français de Totorro. Leur premier album était loin de m’avoir convaincu. En gros, vous prenez tous les ingrédients du post-rock, les fulgurances comme les tares, vous mélangez, vous jetez et vous obtenez un bon aperçu. Bon, maintenant, c’est bien plus enjoué avec une bonne louche de math-rock. Donc, oubliez le neurasthénique qui pleure son malheur dégoulinant des latrines. Et hop-là que ça sautille, que ça swingue, que je te fous une pêche avec piments et sucre. Et vas-y que tu arbores un bon sourire tout jouasse. Le batteur est quasi debout, ça claque des mains, les guitaristes agissent comme des pantins désarticulés. C’est frais, ce n’est certes pas neuf : forcément on pense à Jean Jean ou Pneu mais ça patate sec et ça pousse la barre Ovomaltine au paroxysme. Bref, énergique, un peu tout fou et sympatoche. Miyasaki sous hallucinogène. Jéjé approved !

http://totorro.bandcamp.com/

Encore des frenchies, Oiseaux-Tempête. Enfin, dès que le matos est installé et y’en a des caisses. Je disais déjà tout le bien que je pense de ce trio, qui s’il reste catalogué dans le post-rock ne s’en éloigne pas moins pour naviguer vers d’autres horizons bien moins barbants et d’avantage contemplatifs (ce qui ne veut pas dire chiant) traversés de fulgurances telluriques. Les deux premiers morceaux seront exécutés dans une concentration à tirer le slip. Le public ne s’y perdra pas, retenant son souffle devant le travail d’orfèvre tissé. Foutrement cinématique, des musiciens prenant leur pied, douces montées nébuleuses, une pointe de krautrock : n’en jetez plus, je suis déjà conquis. Après ce cap, les musiciens, plus relâchés, vont embrayer directement en troisième avec ce que je comparerai, en toute simplicité, à un déchirement du ciel, un écartèlement qui atteindra son point d’acmé lors du final où impro bruitiste sur matériel analogique et saxo free déchireront l’espace sensitif. Tout ceci me laisse supputer qu’un Mats Gustafsson aurait largement eu sa place ici-bas. Rien que d’y repenser, j’en suis encore remué. Professionnalisme, puissance, écoute, vigilance, quarante minutes en apesanteur distordues. Bravo Messieurs ! Jéjé approved !

http://www.oiseaux-tempete.com/

C’est bizarre, plus on s’approche du set de True Widow et plus on se rend compte qu’il s’est opéré comme une dissection des styles durant la soirée, une épuration du fond et de la forme pour arriver à… True Widow. Enlevez l’énergie, mettez d’avantage d’inertie, retirez la cinématique et on  plonge en eaux profondes. Le statisme des texans a de quoi surprendre. Tout parait vide et la distance entre les musiciens semble énorme. De la sobriété des instrumentistes et de leur jeu de scène à leurs tenues, leurs compositions monolithiques inclassables, on perd ses repères. Stoner, shoegaze, doom, rock, c’est une mélasse, un voyage brulant sur les routes, avec la clim en rade. La brume sur les marais. On sent la boue, son toucher, sa chaleur. Pourtant, ce n’est pas la tête plongée de force mais une dérive, consciente, acceptée. Et cette chaleur se fera de plus en plus prégnante et tactile. Peu importe le nombre de titres exécutés, on suit la marée, la masse sonore, l’entêtement des rythmiques, le duo vocal mélodique. On en redemande quitte à épuiser le répertoire. True Widow, ça ne se raconte pas, ça ne se décrit pas, ça se reçoit, ça se prend telle une marée. On suit les vagues, après vague, après vague. Encore un peu et ce serait du câlin. Et puis, quel son de gratte, tudieu ! Râpeux, légèrement instable, hypnotique. Une telle épure, une telle clarté. Après… On revient comment sur Terre ? Hein !? On frôle l’anesthésie. Jéjé Approved !

http://truewidow.bandcamp.com/

Ps : Et dans ces vidéos, il vous est possible, oui, vous, lecteurs assidus et clairsemés, d’apercevoir la tête d’olive de votre serviteur plus ou moins humain. Dans ce genre de concert, c’est devant. Na ! Tu connais « Où est Charlie ? » ? Oui ? Et ben vas-y, joue, Go !

Kongfuzzi, merci encore à vous pour l’orga !

Jérémy « Approved » Urbain

Un commentaire

  • Message pour Philippe (posté sur FB, mais son profil a disparu, soudainement) !

    … et pourtant FB est un outil formidable pour garder contacts avec des personnes chères mais que les chemins de nos vies ont contribué à éloigner
    physiquement. Alors, bien sûr il y a la vraie vie, les amis en chair et en os, mais il y a aussi ceux qui sont loin, qu’on a pas l’occasion de voir souvent, ceux que l’on a connu et apprécié et
    que ces instants FB contribuent à faire vivre en nous, à côté de nous. FB est au courrier postal, ce que la cocotte minute est à la casserole, le train à la diligence, mais aussi il est vrai la
    télévision à la veillée au coin du feu… il y a du bon et du moins bon… difficile de trouver son chemin. FB a cela de particulier qu’il est une fenêtre sur nos vies : à nous de l’alimenter
    avec respect et parcimonie, d’éloigner l’intime de cette fenêtre, et d’y maintenir des principes clairs et honnêtes. FB est avant tout un outil, il est ce que nous en faisons. Soyons responsable
    et utilisons le à bon escient… Bon voyage Philippe Vallin, tu reviendras peut-être plus tard…

    Jean-François

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