The Raging Project – Future Days

Future Days
The Raging Project
Autoproduction / Bad Dogs Promotions
2024
Palabras De Oro

The Raging Project – Future Days

The Raging Project - Future Days

Que peut-on faire quand on a la rage et que l’on veut construire un projet ? On peut muter en loup-garou et croquer tout ce qui vous tombe sous la dent à la nuit tombée. Ou bien, plus raisonnablement, se lancer dans Projet Rage comme l’a fait le duo électro-métal formé par Ivan Jacquin et Lionel Fevre en 2007. Après un EP bien reçu par la critique, les deux compères, rejoints par la chanteuse Jeannick Valleur, se sont heurtés au plafond de verre de la scène, provoquant la mise en stand-by prolongé du projet.

Il n’y a pas que les Bretons qui sont têtus, les Bisontins aussi. Alors, Ivan Jacquin a remis le couvert sous le nom de The Raging Project en sortant l’album Future Days, composé de pas moins de douze titres (dont deux bonus) issus du projet précédent et totalement réinterprétés et réarrangés. Le Doubiste a fait appel à une quinzaine de musiciens pour relancer l’aventure dont certains prestigieux comme Amanda Lehmann, Leo Margarit (Pain Of Salvation), Derek Sherinian (ex Dream Theater), Jean-Pierre Louveton… Ivan a mouillé le maillot en se chargeant du chant, des claviers et machines, et de la basse synthétique sur tous les morceaux avec, bien sûr, les apports précités.

The Raging Project - Future Days band1

J’avoue qu’une telle somme d’invités est un truc qui me fait toujours un peu peur. Il en découle souvent beaucoup d’emphase et de surabondances, en particulier au niveau des vocaux, amateurs éclairés d’Ayreon et consort, vous voyez ce que je veux dire. Or ici, il n’en est rien. Si le leader de The Raging Project requiert autant d’invités, il sait aussi éviter la chausse−trappe de la surenchère. C’est, sans doute, parce qu’il est également imprégné d’éclectisme instrumental. Aussi, il n’est pas étonnant que les ambiances créées pour chacun des douze titres de Future Days soient également très variées. Cependant, « Warning » est un avertissement : les rythmiques seront soutenues et très colorées d’electro. D’autre part, les textes posent un regard externe sur la destinée de l’humanité et ses travers qui l’emmènent tout droit dans le mur. Ce sont les deux constantes de cet opus. Si je vous dis « Rage », à qui pensez-vous ? Au mythique groupe germanique ou à la formation de Tom Morello ? C’est le second que rappelle le « Rage! » d’Ivan avec ce mix de metal et de rap puissant et écorché vif bien que popisant sur son refrain. Ce dernier aspect est la trame du single « Don’t Want », fort bien enlevé et entraînant, auquel les growls d’Ingrid Denis apportent beaucoup de corps. Quand la rage s’atténue, elle laisse place à la « Colère » proposant, sous forme d’un mid-tempo, un joli solo d’orgue Hammond en intro. Le propos est très heavy tout en se muant en rock alternatif pour les enchaînements de soli de claviers et de guitare. Une version british (« Wrath ») de ce titre, encore plus puissante, est adjointe à l’album sous forme de bonus. La première partie de Future Days est très métallique, mais « Even if I Bleed » opère un tournant plus groovy et progressif sous l’impulsion de Leo Margarit, dont la rythmique de batterie est absolument jouissive. Les vocaux se teintent de chant féminin et les parties de guitare sont superbes. Assurément, le meilleur titre de l’opus qui est également repris en bonus, mais en français cette fois-ci. Ivan continue son exploration des différents styles musicaux en lançant dans l’arène le court « I Wanna Dance », dont le rythme synthpop métallisé donne effectivement envie de remuer du popotin. Place à un « Ambient » loungy et bluesy reposant solidement sur la basse de Franz Koehler, puis s’alourdissant au fil des minutes sous l’impulsion de parties de chant magnifiques d’Ingrid Denis et de la monumentale guitare de Geoffrey Beaumont. Ensuite, « Turn » représente un interlude alternatif violent moins convaincant avant deux énormes pavés flirtant avec la dizaine de minutes. C’est tout d’abord « On Earth » qui est démarré à la theremin par Derek Sherinian sur lequel s’appuie le chant d’Ivan pour une première partie très ambiancée qui traîne cependant un peu en longueur. À mi-titre, on décolle progressivement avec la mise en place d’une rythmique de plus en plus groovy par Thierry Charlet à la batterie et sous les accords de guitare chargés d’émotion de Fabrice Lacourt. Le final, alternant ambient avec une puissante accélération du tempo et un gros travail sur les chœurs, vaut son pesant de cacahuètes. On a clairement rejoint depuis un moment les rivages du prog. Si le doute était encore existant, « Procession » le dissipe par son rythme alangui, son chant déclamé, ses percussions synthétiques et ses harmonies guitaristiques de toute beauté, « Ils partent pour ailleurs, dans cette ultime procession… ». La rage a laissé place à la résignation et les pérégrinations musicales d’Ivan Jacquin atteignent leur dernière extrémité fataliste après avoir remarquablement couvert toute la palette des émotions que peuvent suggérer les dérives de l’âme humaine.

The Raging Project - Future Days band2

Sortis d’une dizaine d’années d’hibernation, The Raging Project et son mentor avaient encore bien des choses à dire. Future Days le démontre amplement avec un panel musical d’une richesse impressionante, un line-up et une jaquette qui ne sont pas en reste.

https://theragingproject.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/theragingproject

 

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