Sons Of Apollo – Psychotic Symphony

Psychotic Symphony
Sons Of Apollo
Century Media Records
2017

Sons Of Apollo – Psychotic Symphony

Sons Of Apollo Psychotic Symphony

Sons Of Apollo ! Vous n’allez pas me dire, ils se prennent pour qui ? Sans déconner. Quand vous lisez la déclaration de Mike Portnoy (eh oui, encore lui !) selon laquelle, « Apollon est le dieu de la musique, alors, ayant ça à l’esprit, il semblait que le nom [Sons Of Apollo] nous allait comme un gant »… D’accord, on sait que Portnoy est un peu comme les mégalos de Au Bonheur Des Dames à l’époque, et ne se prend pas pour de la crotte, mais quand même ! Ajoutez un visuel de pochette – magnifique au demeurant – qui ne fait pas dans la modestie non plus, et vous aurez immédiatement envie, soit de claquer le beignet de cet imbu de lui-même de Portnoy, soit de vérifier si nous tenons bien là les descendants du plus beau des dieux de l’Olympe. Quoi qu’il en soit, Sons Of Apollo et leur Psychotic Symphony déboulent comme la huitième merveille du monde. À tout le moins, on trouvera du pour et du contre à propos d’un album qui fera certainement débat…

Sons Of Apollo Psychotic Symphony Band 1

Un groupe de malades

Évidemment, quand on regarde la composition de Sons Of Apollo, on se dit que les clients sont sérieux et que l’on a encore affaire à un de ces super-groupes qui fleurissent de plus en plus dans le monde musical. Mais là, il faut bien dire que c’est vrai. Déjà, à l’origine de Sons Of Apollo, on trouve Mike Portnoy et Derek Sherinian. Mike et Derek, on se souviendra qu’ils s’étaient croisés un bref moment dans Dream Theater (1995-1999). Remplaçant Kevin Moore pour la tournée de l’album Awake (1994), Sherinian n’aura l’occasion de s’exprimer que sur le seul Falling Into Infinity (1997), plus commercial mais néanmoins excellent. Hélas pour lui, Sherinian sera débarqué au profit de Jordan Rudess pour ce qui reste le meilleur album de Dream Theater : Metropolis Pt. 2: Scenes From A Memory (1999). Ce n’est qu’après le départ de Portnoy du Théâtre des Rêves en 2010 que nos deux virtuoses se retrouveront dans le projet instrumental Portnoy – Sheehan – MacAlpine – Sherinian (Live In Tokyo, 2013). Du sérieux également, et le croisement avec le virtuose de la basse, Billy Sheehan (Mr. Big), qui intègre lui-aussi Sons Of Apollo. Il ne restait plus qu’à trouver un guitariste et un chanteur. Forcément, il ne pouvait s’agir de seconds couteaux. Musicien et producteur, c’est le guitariste virtuose Ron « Bumblefoot » Thal qui est choisi, celui-là même qui officie avec talent (et beaucoup de sang-froid) dans Guns N’ Roses de 2006 à 2014 (donc sur l’album au coût aussi énorme que l’égo d’Axl Rose, Chinese Democracy, 2008). Trouver un chanteur à la hauteur n’est pas une mince affaire. Et c’est là une des belles surprises du projet à mon sens, puisque c’est Jeff Scott Soto qui officie. Soto a quand même été le chanteur des deux premiers albums du Yngwie Malmsteen’s Rising Force, de l’excellent groupe Talisman, du Trans-Siberian Orchestra, etc., et d’un paquet d’albums solo de grande qualité (dont les excellents Prism [2002], Lost In The Translation [2004] et Beautiful Mess [2009], ce qui vous donne à penser que je suis fan de la voix du Jeff ; bingo, vous avez raison). Mais évidemment, se pose toujours la sempiternelle question : un super line-up fait-il pour autant un super-groupe ?

Selon que l’on est fan de ce genre de réunion ou plus circonspect, on se forgera une opinion différente. À tout le moins, ce Psychotic Symphony recèle d’autant de qualités que de défauts. Et ironie de la chose, les Sons Of Apollo sont surtout bons là où ils veulent sans doute moins l’être…

Sons Of Apollo Psychotic Symphony Band2

Une impression mitigée

D’un côté, il y a l’immense travail et la complicité retrouvée du duo The Del Fuvio Brothers, à savoir Portnoy et Sherinian. Il n’y a pas. Ces deux-là semblent s’entendre comme larrons en foire et c’est évident sur cette galette. J’avais déjà souligné il y a peu combien j’appréciais Sherinian et son apport retrouvé à Black Country Communion. Bon, la production, comme trop souvent dans les productions actuelles souffre d’un écrasement de la dynamique, ce qui dessert en particulier la batterie de Portnoy. Déjà que je ne suis pas forcément fan de son jeu (je sens déjà le courroux des zélotes de saint Mike fondre sur mes frêles épaules). Néanmoins, il y a de très agréables choses sur ce Psychotic Symphony. Et c’est surtout dans le registre le plus rock que l’on apprécie le quintet. La voix de Soto est parfaite pour porter les mélodies les plus enlevées (le « Coming Home » de la vidéo ci-dessous, « Labyrinth », le standard « Alive », le très NWOBHM « Lost In Oblivion »). Sherinian est également tout à son avantage. Bien entendu, sur le très démonstratif « Figaro’s Whore », instrumental solo au titre assez déplaisant, mais aussi sur bon nombre de passages les plus complexes et progressifs (les longs « God Of The Sun » introductif et « Opus Maximus » conclusif, l’alambiqué « Labyrinth »). Ron Thal montre une technique guitaristique impressionnante (« God Of The Sun »,  « Signs Of The Time », le blackmorien « Divine Addiction »…). Et, ma foi, Sheehan fait du Sheehan, reconnaissable entre mille, peut-être trop même… Et comme son compère Portnoy fait de même, on s’imagine avec la rythmique de The Winery Dogs… en moins inspirée et sans le génial Richie Kotzen (voir nos chroniques de The Winery Dogs et Hot Streak !

Et un bilan contrasté…

Bref, loin de moi l’envie de vous faire accroire que ce Psychotic Symphony soit un mauvais album. C’est bon, et c’est même diablement bon ! Seulement, il me reste la désagréable sensation de ne rien entendre de fondamentalement nouveau ou de véritablement transcendant. Si tous les musiciens de Sons Of Apollo sont à tout le moins impressionnants, je suis surtout heureux d’entendre Sherinian s’éclater de la sorte et Soto dans un groupe d’une telle envergure (sans parler d’un Thal libéré de la citrouille mégalo Axl Rose). Chacun pourra donc y aller de son jugement et de son commentaire. Et je vous fiche mon billet que cet album sera jugé tout autant comme un album indispensable que comme une galette inintéressante. Moi, je me retrouve entre deux eaux et je n’aime pas ça du tout. Mais bon, après tout je ne suis pas d’essence divine comme d’autres…

Henri Vaugrand

https://www.sonsofapollo.com/

https://www.facebook.com/SonsOfApollo1/

6 commentaires

  • Edit

    Pour ma part, j’aime bien Portnoy, mais ne suis pas fervent admirateur du reste de la lignée. Trop d’attitude, trop de hairspray, vestige des années 80 et des guitares flying V que je déteste. Mais bon, je me suis moi-même nuancé et j’ai écouté par moi-même à la sortie de l’album. C’est un album comme tant d’autres du genre qui, on dirait, a été mis sur pied pour contenter une envie : la leur. Un album d’auto-plaisir un peu masturbatoire en mon sens (pardonnez le pléonasme). Rien ne lève. C’est plat comme une ligne de fibrillation de cadavre sur un moniteur cardiaque. Ils ont l’air d’être les seuls à prendre leur pied. Je suis sévère, je sais. Mais des cabrioles pour des cabrioles, il me semble que ce ne soit que vanité, non pas plaisir pour l’auditeur. Enfin, c’est mon avis. Mais il fallait bien écrire un papier sur eux, on ne pouvait passer à côté… tout de même ! 🙂

  • 2ni

    C’est vrai que ça tient de la dreamteam !!! Maintenant faut écouter ça comme un divertissement ! Pas l’album du siècle mais un chouette album ! 😉

  • Henri Vaugrand

    Vos avis reflètent les deux facettes de mon ressenti. C’est bien, mais…

  • CHFAB

    dommage qu’il n’y ait pas de double manche aux claviers… et à la batterie… bon, tout ça ne donne pas très envie d’écouter…

  • CHFAB

    dans le genre technique, j’invite tout le monde à écouter Nova Collective… diablement joué, mais aussi diablement construit, composé, écrit. Pour les férus de fusion jazz-rock ET métal…

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