Black Country Communion – BCCIV

BCCIV
Black Country Communion
Mascot Records
2017

 Black Country Communion – BCCIV

Black Country Communion BCCIV

Black Country Communion (BCC pour les flemmards), c’est comme la rencontre du feu et de l’eau, comme ce métal surchauffé que l’on cogne avant de le plonger dans le froid liquide. Pas étonnant quand on connaît un peu le Pays Noir… Black Country Communion, c’est aussi un groupe qui, avec ce BCCIV, revient du diable vauvert alors qu’on n’osait plus espérer sa résurrection depuis la sortie de Afterglow en 2012. Bon, souvenez-vous, Black Country Communion, c’est quand même, encore et toujours depuis le début : Glenn Hughes (dois-je vous présenter « The Voice Of Rock », bassiste et chanteur au pedigree plus long qu’un jour sans pain, qui a joué avec ce que la planète rock compte de plus estimable, de Trapeze, à Black Sabbath en passant par Deep Purple évidemment) ; Joe Bonamassa, l’idole blanche du blues (dont je ne suis pas forcément un énorme fan, sauf quand il joue avec Beth Hart ou… BCC !) ; Jason Bonham (fils de…, mais surtout excellent batteur qui a tout pris et compris chez son papa… et donc l’a remplacé dans les reformations éphémères de Led Zeppelin) ; et enfin Derek Sherinian, claviériste émérite que l’on a d’abord découvert chez Dream Theater (puis Planet X, entre autres). Et puis, le quatuor nous avait gratifiés – en seulement trois ans ! – d’autant excellents albums studio : Black Country Communion (2010), Black Country Communion 2 (2011) et Afterglow (2012), et d’un live époustouflant (Live Over Europe, 2011).

Black Country Communion BCCIV Band1

Puis cinq années d’interruption passèrent pour Black Country Communion avant un retour dans la formation originelle, et pendant ce temps, des projets et des concerts se sont accumulés, notamment pour Bonamassa – motif de l’arrêt de BCC – et Hughes. Rien que pour Hughes : un enchaînement de tournées avec ou sans albums (je vous avais concocté un live report de son passage en trio à Riom avec Pontus Engborg et Doug Aldrich), et quand même deux albums assez extraordinaires, le premier avec la comète California Breed (avec encore Jason Bonham, et la pépite américaine Andrew Watt; California Breed, 2014), le second sous son nom (Resonate, 2016). Quel sens peut donc prendre la sortie de ce BCCIV, au moment même où Hughes tourne sous forme de Deep Purple Tribute et où Derek Sherinian se lance dans l’aventure Sons Of Apollo  (avec, excusez du peu, Jeff Scott Soto, Ron Thal, Mike Portnoy et Billy Sheehan) ?

À quoi s’attendre pour ce BCCIV quand, de prime abord, c’est une recette rodée qui paraît être appliquée : mêmes musiciens, même maison de disque (Mascot Records), même producteur (l’incontournable Kevin « Caveman » Shirley), même ingénieur du son principal (Jared Kvitka) et même style de pochette (tirant de plus en plus du marron vers l’orange, mais par le même illustrateur : Denis Friel Art Studios)… Pourtant, il y a un peu de changement, notamment dans l’écriture des titres de l’album. La composition n’est plus assurée que par Bonamassa et Hughes, les paroles par Hughes (sauf pour « The Last Song For My Resting Place », paroles écrites et chantées par Joe). Cela devrait donc ressembler à du Black Country Communion… Eh bien, oui, avec néanmoins l’apport nouveau et inattendu du violon irlandais de Gerry O’Connor et puis, un petit quelque chose en plus…

Black Country Communion BCCIV Band2

Chacun y retrouvera pourtant les principaux aspects de Black Country Communion. Un enregistrement proche du live, comme l’attestent l’intro du premier morceau, « Collide » (très Led Zep bien entendu, voir et entendre la vidéo ci-dessous) et celle de « Awake ». Le côté zeppelinien est omniprésent (« Sway », « The Crow », un « Love Remains » écrit par Hughes après la mort récente de ses deux parents). Un aspect plus mainstream avec l’excellent « Over My Head » (le pendant du « One Last Soul » du premier album, comme le reconnaît Glenn Hughes lui-même). Un morceau dédié à la voix de Joe Banamassa, « The Last Song For My Resting Place », avec le violon de Gerry O’Connor. Titre très proche de Free et Bad Company, avec un léger côté « Stairway To Heaven » pour le son de flûte. Racontant l’histoire du violoniste du Titanic, ce morceau semble décalé, mais se trouve être particulièrement réussi, loin d’un titre de remplissage pour permettre à Joe de chanter. La ballade bluesy bien lourde est également là avec « The Cove » (une chanson sur la défense des dauphins, chère à Hughes) et le blues-rock omniprésent dans « Wanderlust » (avec le superbe piano de Sherinian et un solo de « ouf » de Bonamassa). Une envolée sur un riff funky – où la voix de Hughes atteint des sommets – est proposée sur « Awake » qui distille soli de guitare et d’orgue Hammond se répondant de manière impressionnante. Et enfin, le dernier titre, « When The Morning Comes » – très Free lui aussi dans l’approche des guitares, et avec un passage digne du Deep Purple de Perfect Strangers – propose une fusion de tout ce que savent faire nos quatre BCC en pleine communion.

Enregistré en seulement sept jours, BCCIV semblait receler tous les pièges de la recette éculée voire boursouflée, de l’album de trop. C’est tout le contraire. Comme si nos quatre lascars s’étaient renforcés de leur séparation et de leurs expériences de ces cinq dernières années. Derek Sherinian est bien plus présent que sur Black Country Communion 2, par exemple, et cela apporte énormément à BCCIV. Bonamassa démontre qu’il est bien capable de tout jouer tellement ses approches sont différentes sur cet album. Jason Bonham déploie toute sa science du drumming et emporte parfois ses compères dans une furia qui nous rappelle un autre quatuor du Black Country… Et puis Hughes. A-t-il jamais été aussi bon que ces dernières années ? Dans le songwriting ? Le son et le jeu de basse (ce solo sur « The Crow » !) ? Et que dire de sa voix, plus impressionnante et surtout au service de la musique que jamais ! Black Country Communion est bel et bien revenu, délivrant au passage son meilleur album – et donc le meilleur album de l’année dans le genre. Quand d’autres se prennent pour les fils d’Apollon, Black Country Communion fait du rock, comme une urgence vitale, une thérapie individuelle et collective, en osmose avec les dernières paroles de l’album : « You gotta live your life / And I hope to see you soon / When the Morning comes »

Henri Vaugrand

Coup de Coeur C&Osmall

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