Quand Faada Freddy active le mode « Kiffologie » au Festival Métis !

Affiche Faada Freddy

Faada Freddy en concert à Villetaneuse (93), le mercredi 25 mai 2016 

C’est au gymnase Jesse Owens de Villetaneuse que le jongleur d’ambiances vocales Faada Freddy et sa troupe de choristes polyvalents ont donné rendez-vous à un public on ne peut plus composite de connaisseurs, mais surtout de complets néophytes, le mercredi 25 mai 2016 à 20h30. En effet, pour une majorité de personnes, c’est la simple curiosité qui les aura poussés à répondre présents, mais aussi le prix attractif, presque symbolique, de ce concert programmé dans le cadre du Festival Métis en Seine-Saint-Denis. A cette occasion, deux chroniqueurs de Clair & Obscur se sont donnés rendez-vous pour une soirée musicale explosive et haute en couleurs, qui restera dans les annales du Festival. L’un d’entre eux est déjà passionné par cet artiste exceptionnel évoluant dans la lignée de Bobby McFerrin, tout en insufflant à son œuvre furieusement originale une dimension rythmique héritée de ses débuts dans le milieu du rap au Sénégal. En effet, le fondateur de votre blog préféré ne tarit pas d’éloges à son sujet, en témoignent les compte-rendus précédents à lire ici et . Pour son collègue et complice du moment, il s’agissait d’un baptême du feu… de dieu (c’est le cas de le dire !), motivé par la lecture des articles et des vidéos partagées sur le blog.

Une fois tous les spectateurs installés dans une salle qui affiche complet, c’est une vague de chants coordonnés, de sifflements maîtrisés et de percussions corporelles qui les enveloppent dans leur sérénité bienveillante (l’envoûtant « Truth »). Mais ça, c’est avant que la vedette quarantenaire sénégalaise ne fasse irruption sous une déflagration d’applaudissements, et ne se pose en maître de cérémonie. Tout au long d’un set fleuve sans aucun temps mort et entièrement réarrangé pour le plus grand plaisir des amateurs (set quasi « expérimental » parfois !) , on ne voit pas d’instruments, mais on entend de-ci une trompette jazz, de-là un bugle, le tout sur fond de rythmiques émanant de claquements de doigts, de « human beat-box », de la frappe des mains entre elles, mais aussi sur le torse ou sur les cuisses. L’ensemble est amplifié par une batterie de micros bien placés, le rendu sonore est juste parfait (souvent impressionnant de puissance), idem pour l’extrême musicalité de la performance globale. Quant à la coordination de ce collectif, celle-ci est tout simplement extraordinaire de précision ! Parmi les choristes, l’on notera la présence d’une soprano (Gisela Razanajatovo) qui apporte une couleur tour à tour lyrique et byzantine à un ensemble de voix déjà fort bigarré.

Concert Faada Freddy

Comme tout bon leader qui se respecte, l’homme à l’éternel chapon melon et à la texture de voix proche d’un Bob Marley fait participer son public, sans cesse sollicité, à ce point que l’audience devient vite partie intégrante du show. Et c’est tout votre corps qui se prête au jeu, d’un bout à l’autre du concert. C’est ainsi que nous nous retrouvons à entonner un refrain avec notre larynx, à frapper des mains quand ce n’est pas directement sur notre poitrine, et à esquisser des pas de danse avec nos pieds rendus épileptiques pour l’occasion. Tout au long de la soirée, les morceaux au groove irrésistible se suivent mais ne se ressemblent pas. Au simple moyen de leurs mains et de leurs voix, le showman et ses soutiens font cohabiter le doo wop (« Little Black Sandals »), la soul, le r’n’b (« Slow Down » et son intro étonnante, mixture de chant de gorge asiatique et de didgeridoo aborigène !), la funk (« Generation Lost »), le gospel (le superbe « Lost », l’hymne « Letter To The Lord »…), la chanson traditionnelle africaine (« Borom Bi »), etc… En bref, tout un panel de styles à faire trembler les gosiers et bouger les corps ! On s’étonnera également de voir Faada devenir Freddy quand une de ses chansons se transforme en « We Will Rock You » participatif, manifeste rock et intemporel du groupe Queen.

Concert Faada Freddy

Les rappels mettront même à l’honneur le reggae (avec une reprise très émotionnelle de « No Woman, No Cry ») et la techno (sur « Move Your Body », on cherche en vain où sont cachées les machines !), le temps desquels le devant de la scène se transforme en véritable piste de danse endiablée. Faada Freddy nous quitte sans rappel (mais sans provoquer le moindre sentiment de frustration) avec une version anthologique de son single « We Sing In Time », fusionnant corps et âme avec un public aux anges, et en transe ! Rarement nous aurons vu un groupe dépenser autant d’énergie à l’occasion d’un concert donné dans une petit coin de banlieue presque anonyme, surtout à la veille d’une prestation médiatisée dans un Zénith de Paris blindé de monde. On appelle cela la générosité, le respect et la passion, tout simplement. Chapeau bas les artistes !

L’univers du lumineux Faada Freddy est une expérience unique en son genre qui se vit sur scène, en live, indéniablement. L’homme et sa troupe écument régulièrement les salles de France et de Navarre, alors ne manquez pas de les encourager s’ils passent dans une des villes qui vous est la plus proche. En retour, vous rentrerez tous chez vous avec la banane aux lèvres, et rechargés à bloc pour affronter la grisaille et les soucis du quotidien. C’est ça, la « kiffologie active » ! Et le résultat est garanti à 100%, vous voilà prévenus.

Lucas Biela & Philippe Vallin
Photos : Erwan Quéré

Remerciements à Angadrème Grangia (Festival de Saint-Denis)

http://faadafreddy.com/


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