Porcupine Tree – Stupid Dream
Porcupine Tree
Delitium/Kscope
Il fallait s’y attendre, le « rêve stupide » de Porcupine Tree nous entraîne vers un monde onirique plus pop que prog. Cette orientation avait déjà été quelque peu amorcée avec l’excellent et éclectique « Signify », dernier album studio en date. Mais Porcupine Tree a-t-il seulement un jour été un groupe « progressif » au sens stylistique ? Personnellement, je ne crois pas. Cette formation hybride n’a jamais revendiqué la moindre étiquette, ni même une quelconque appartenance à un genre précis, et son propos musical s’est toujours envolé vers des horizons différents: le psychédélisme (dès le 1er album), le rock planant (« The Sky », proche du meilleur Pink Floyd), la pop (« Signify » et ses titres plus carrés), voir même la new-wave et l’ambient-techno (le glacial et très transe « Up The Downstair »). La bande à Steve Wilson poursuit simplement son bonhomme de chemin, se moquant des étiquettes qu’on lui colle un peu partout. Elle fait aujourd’hui une escale dans la pop de qualité avant de redécoller vers on ne sait où. Mais venons en au contenu proprement dit de ce nouveau CD : niveau mélodique, c’est la classe, rien ou presque à ajouter avec des titres comme « Piano Lessons » (1er single), « Pure Narcotic » ou « Stranger By The Minute ». C’est bien foutu, très british dans le son et l’ambiance, et enfin calibré radio à 100 %, la qualité en plus. L’amateur de musiques plus aventureuses s’attardera peut être davantage sur les 6 minutes bien déjantées d’un « Tinto Brass », bourré d’effet sonores en tout genre et sujet à de multiples rebondissements, ou encore sur le magnifique « Don’t Hate Me », superbe complainte désespérée sur laquelle le chant de Wilson prend une dimension toute particulière. Ce titre contient également une partie instrumentale centrale digne du meilleur Gong, avec glissando de guitare façon Daevid Allen, accompagné d’un solo de saxophone signé Théo Travis, ici clone de Didier Malherbe. Magnifique trip !
On trouvera également, dans la série des grands moments du disque, deux superbes ballades atmosphériques dont seul Porcupine Tree a le secret (« A Smart Kid » et « Stop Swimming »), ainsi qu’un titre d’ouverture fabuleux (« even less »), futur classique du groupe où Steve Wilson riff comme un damné sur des textures planantes signées Richard Barbieri, le maître des claviers atmosphériques. Pour le fan absolu, il faut savoir qu’une version longue de 20 minutes de ce même titre doit sortir sous peu en CD via internet. Quelques autres morceaux que ne renierait pas un Radiohead valent également le détour (« Slave Called Shiver », « This Is No Rehearsal »), rien à jeter donc sur cet excellent nouvel album qui veut ratisser large. Mais rassurez vous, si la démarche est la même, « Stupid Dream » est mille fois plus réussi que le « Radiation » de Marillion, autre cousin affranchi de l’étiquette « prog », qui voudrait, lui aussi, être reconnu pour ce qu’il est : un authentique groupe de rock évolutif.
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