Nodwès – Anima

Anima
Bastien Jouvin / Nodwès
Makara Records
2017
Frédéric Gerchambeau

Nodwes - Anima

Je ne vais pas chercher à vous le cacher, nous recevons à Clair & Obscur beaucoup de demandes de chroniques venant d’un peu partout et de qualités fort variées, parfois bien goûtues et parfois franchement décevantes. Et quelque fois, il y a de superbes surprises, des évidences, de petits miracles. Autant vous le dire d’emblée et avec enthousiasme, l’Anima que je chronique ici de Bastien Jouvin, alias Nodwès, fait totalement partie de ces albums pour lesquels on attend de s’enflammer et d’écrire. Ça en est même à un point tel que j’ai un peu d’étonnement d’avoir à écrire sur cet album et sur cet artiste tant ce qu’il produit est clairement frappé du sceau du talent et de la créativité. Il faut parfois se faire modeste en tant que chroniqueur, juste se faire passeur et dire au lecteur : peut-être n’aimerez vous pas de prime abord le style musical de cet artiste, mais de grâce écoutez sa musique et regardez ses vidéos, elles en valent réellement la peine.

Car la musique de Bastien Jouvin / Nodwès, batteur/percussionniste dans l’âme, est comme l’athanor en perpétuel ébullition d’une alchimie de styles souvent aux antipodes les uns des autres, alliant dans des degrés divers et au fil des morceaux gammes traditionnelles et dissonances contemporaines, boîtes à rythmes à fond de rendement et moments de flottement atemporels ou encore lignes de basse agressivement distordues et mélodies joliment travaillées. Et c’est encore peu vouloir montrer à quel niveau de multi-disciplinarité de styles musicaux ce musicien est parvenu. Et je ne parle là que du contenu sonore de ses vidéos ! Parce que, observez bien celles-ci, les images, les animations, c’est lui aussi !

Mais, bien sûr, c’est lui-même qui parle le mieux d’Anima :

« Dans un premier temps, ce projet musical semble donc être un projet studio, même si j’ai prévu de travailler un live set, que je jouerai probablement dans des conditions les plus intimes possible, sans prétention et en essayant de rendre le spectacle le plus attrayant possible. Un concert est prévu chez mes parents, pour les copains, la famille. D’autres auront surement lieu dans des maisons, chez des potes ou au pire dans des bars pouvant garantir des conditions de lumière sympa. Je ne suis pas un fanatique de lumière et d’exposition, même si comme tout artiste je tends à avoir des retours, de la reconnaissance pour mon travail.

Les vidéos ne suivent aucun critère, si ce n’est de fournir à celui qui visionne des émotions, encourager la réflexion, susciter l’interrogation. Elles ont été faites par moi-même avec l’aide d’un ami qui m’a fourni beaucoup de matière graphique. Mais au niveau narratif, les idées, le montage, les prises de vues et la post prod, j’ai tout fait tout seul. Ces vidéos, c’est un bonus pour le projet, pour les gens qui veulent suivre ma musique, un cadeau visuel en somme, vu que les concerts seront rares. C’est une manière de fournir un petit spectacle pour les yeux, et une trace durable sur la toile, pour celui ou celle qui aime ma musique.

J’ai envie de vous dire que je n’ai pas de grandes expectatives, j’ai déjà vécu des grosses périodes d’ébullition avec mes anciens groupes, des tournées en camion épuisantes, avec les excès qui vont avec, et en tant que musicien classique, des grosses scènes, jusqu’à 700 personnes. Aujourd’hui je tends à la tranquillité, pouvoir être dans une création libre de toutes contraintes, loin de toute idée de professionnalisation.

J’en viens donc à l’alchimie que vous évoquez. Je pense que si je voyais les choses autrement, que si j’avais de grands projets ou attentes, ma musique ne serait pas du tout la même. Quand je compose, il y a une urgence. Je suis mon instinct, je me laisse porter par la faim qui m’habite, je bois du café, souvent a jeun, et le résultat c’est juste la digestion de tout ce que j’écoute depuis mon enfance, ce que j’ai vécu, ce que je vis aujourd’hui. L’alternance ou l’association entre des styles très différents se fait naturellement, comme un hommage à ma culture et mon héritage, et l’envie de lier culturellement des paysages lointains. J’ai les mêmes envies dans ma vision du monde, dans ma façon d’aborder chacun avec un souci d’équité. Je pense aussi que les opposés forment des beaux couples, poétiques, oxymoriens. »

Voilà, cette courte chronique s’arrête-là. Mais je suis sûr qu’elle vous aura donné envie de vous plonger dans l’univers musical et visuel de Bastien Jouvin / Nodwès et dans son Anima. L’album en vaut vraiment l’écoute et les vidéos le regard.

https://nodwes.bandcamp.com/

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