Nabil Baly – Amghar In

Amghar In
Nabil Baly
2016
Ezlan/Reaktion)

Nabil Baly Amghar In

Nabil Baly est un nom qui ne me disait rien avant de me lancer dans cet article, et pourtant ils n’en sont pas à leurs premières armes. L’ami Philippe s’était d’ailleurs fort admirablement épanché sur un de leurs précédents opus (chronique ici). Nabil Baly, c’est quatre passionnés originaires d’Algérie, qui souhaitent partager leur amour de la musique touareg, mais également des mots, comme vous le lirez plus loin. Ils rejoignent dans ce style d’autres illustres ambassadeurs tels que Tinariwen et Tamikrest. Bien que la musique que nous propose Nabil Baly trouve ses racines dans les déserts traversés par ce peuple nomade, c’est notamment à un public foulant le goudron de nos contrées qu’elle s’adresse. En effet, grâce à la fraîcheur et la sincérité de son propos, elle parvient à nous captiver . Et sur le plan musical justement, là où les percussions gorgées de soleil dessinent un rythme cyclique pour que nos pieds suivent la danse, ce sont en revanche des modulations vertigineuses que la guitare humble et les voix pleines d’entrain peignent pour nous faire tourner la tête… vers le ciel. Les variations se retrouvent également dans les éléments sollicités, puisque, quand ce n’est pas le feu qui embrase nos quatre itinérants (l’incandescent « Tamawat »), c’est l’air qui les porte aux nues (le délicat « Ana Imanet »).

Il n’était pas question cependant pour nos artisans mobiles de faire une halte dans le confort de machines et de programmations. Percussions traditionnelles et tamasheq (une langue berbère) sont donc de rigueur, même si, paradoxalement, c’est sur des paroles en français et des rythmes reggae que le groupe revendique son « Identité ». Mais c’est pour mieux s’affranchir de l’héritage paternel. En effet, même si le titre de l’album (Amghar In, mon père) suggère un opus orienté vers les racines de la musique touareg, il n’en demeure pas moins ambivalent, puisque, outre le bagage traditionnel, il faut également y voir un appel des anciennes générations vers les nouvelles à développer sa propre vision de la musique, en s’ouvrant à d’autres horizons notamment. En cela, on ne s’étonnera donc guère que les musiques « nomades » se voient enrichies d’accents « sédentaires ». Il s’agirait d’une façon pour eux de montrer qu’on peut rester attaché à ses origines tout en s’ouvrant aux autres cultures. Voilà que les belles envolées traditionnelles se voient doublées d’un message de tolérance !

Nabil Baly Band

D’ordinaire solaire, le contenu musical peut prendre cependant une tournure plus mélancolique, comme sur le poignant morceau-titre, mais toujours avec le sourire. A ce propos, les textes (tous traduits en français dans le livret) se révèlent être le plus souvent des paraboles traitant de constats amers et de réflexion sur le bien et le mal. D’une grande richesse poétique, ils témoignent du talent d’écriture de Nabil Othmani, le leader du groupe, qui s’ajoute donc à son talent pour la composition.

Nabil Baly, c’est le soleil qui brille dans un ciel couvert, c’est une lueur d’espoir dans un monde empli de désespoir. Cette musique n’a pas de frontière, elle véhicule de manière éclatante un message d’amour vis-à-vis des siens autant que vis-à-vis des « autres ». En cela, elle devrait être savourée sans modération.

Lucas Biela

http://nabilbaly.wixsite.com/nabil-baly

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