Live report The Lord Weird Slough Feg + Cabaret Fantôme, au Klub, Paris, le 8 mars 2025

Live report The Lord Weird Slough Feg + Cabaret Fantôme, au Klub, Paris, le 8 mars 2025
The Lord Weird Slough Feg
2025
Lucas Biela

Live report The Lord Weird Slough Feg + Cabaret Fantôme, au Klub, Paris, le 8 mars 2025

Live report The Lord Weird Slough Feg

Dans le cadre d’une mini-tournée européenne, les Américains de The Lord Weird Slough Feg donnaient le 8 mars 2025 leur unique concert en France. Arrivé bien en avance, je croise le chanteur, Mike Scalzi. J’apprends que la formation signée chez Cruz Del Sur a du succès en Grèce. Et un rapide coup d’œil aux dates figurant au dos des T-shirts en vente permet de se rendre compte que l’Allemagne les plébiscite aussi. Également présent, Jérémy Chollet, leader de Cabaret Fantôme, m’indique qu’outre la première partie de la soirée, il officie au sein d’Hexecutor. Il s’agit d’un très bon groupe de black/thrash metal, qui foulera à nouveau les planches du Hellfest cette année. Dès lors, il n’est pas étonnant que le Rennais sache reconnaître les groupes de death metal qui passent en fond sonore.

Notons cependant le beau contraste entre Hexecutor et Cabaret Fantôme, groupe aux accents… post-punk ! Mais en même temps, on ne peut que s’incliner devant cette ouverture d’esprit. Et quand Jérémy monte sur scène, c’est de sa voix nonchalante qu’il nous transporte. Il est entouré d’acolytes déroulant un tapis tout aussi insouciant. Mais une fois que le pouls s’accélère et que les guitares semblent perdues, c’est un monde plus glacial qui s’offre à nous. On découvre alors ce décalage entre angoisse et légèreté qui nous accompagnera tout au long du set. Le chant prend même une voie plus désolée par la suite, un peu dans la lignée de Peter Murphy de Bauhaus. Avec la guitare grelotante et la batterie hésitante, nous voilà arrivés en Coldwavie ! Mais à nouveau, le chemin de la félicité n’est jamais très loin : il y a de l’espoir dans le désarroi ! Versant tantôt dans le doute à travers les roulements indécis, ou cherchant à panser les plaies dans les pas plus sûrs, la rythmique apporte de nombreuses teintes aux compositions. Par ailleurs, le travail de la guitare a de quoi impressionner. Que les riffs soient marécageux, torturés (pensez au U2 de « The Ocean »), éplorés, effarés, étonnés, ou incandescents, c’est une vraie bande-son qui se crée. Toujours dans un jeu d’équilibre entre ombre et lumière, la six-cordes peint des tableaux d’une grande expressivité. Ainsi quand l’instrument prend des accents plaintifs après avoir illuminé l’atmosphère, ou quand les arabesques légères (rappelant The Mission) se fondent dans une épaisse noirceur, la musique semble suivre nos états d’âme et il est alors plus facile de s’y identifier. On apprécie tous ces volte-faces successifs. Par ailleurs, le côté virtuose des solos a de quoi intriguer, le post-punk n’étant pas un style où le shredding est habituellement mis en avant. Ce n’est cependant qu’un autre bon point pour cette formation résolument surprenante. Et l’étonnement ne s’arrête pas là, puisque quand la batterie marche d’un pas lourd aux côtés de la basse insistante, on jurerait que le spectre d’Alice Cooper (je pense notamment à « Go To Hell ») est venu hanter la musique de nos quatre garçons. Cela nous permet d’admirer les tapisseries sonores sous un angle différent. Mais n’oublions pas les mélopées de Jérémy. Loin du ton agressif d’Hexecutor, c’est également à un jeu d’ombres et de lumières que la voix se livre. On a vu le côté nonchalant en entrée, mais il faut signaler les appels à l’espoir dans un contexte de chagrin. Ainsi, même s’il exhibe les stigmates d’une douleur difficile à soulager, le chanteur parvient à regarder la vie du bon côté quand le refrain d’Eric Idle (des Monty Pythons) lui revient en mémoire. Mais il arrive aussi au chant de s’emporter quand la lumière des riffs se voile et la batterie marche avec entrain. Ensemble, les éléments semblent alors lutter avec énergie contre les démons nostalgiques. Cabaret Fantôme ont ainsi offert un beau contrepoint post-punk à une soirée placée sous le signe du heavy metal. Il sera intéressant de suivre l’évolution du groupe à l’avenir. En attendant, on pourra toujours savourer leur EP Seas Of Light.

Live report The Lord Weird Slough Feg Band 1

The Lord Weird Slough Feg sillonnent le paysage metal depuis 35 ans. Ils se sont très vite hissés parmi les plus grands grâce à un chant théâtral, des textes riches et une musique aussi captivante que difficile à classer. Cette dernière allie en effet la spontanéité du garage rock, les riffs lourds du heavy metal, et les sophistications du power/prog metal. Les paroles s’inspirent entre autres de la bande dessinée Sláine, dont un des personnages a donné son nom au groupe. A travers sa mini-tournée passant par la France, la Belgique, l’Allemagne, la Grèce et l’Espagne, la formation souhaite présenter son nouvel opus. Celui-ci, intitulé Traveller Supplement 1: The Ephemeral Glades, doit paraître en avril 2025. Il se veut être la suite de l’album-phare, Traveller, datant de 2003. Une fois les quatre férus de mythes celtes en selle, les hymnes heavy aux guitares rugissantes abondent. Ces derniers sont lancés à toute allure, à la manière d’une Harley dévalant à grande vitesse la route 66. Viennent alors en tête les moments les plus marquants de Judas Priest ou Saxon. Avec sa voix passionnée et allègre, Mike Scalzi entraîne la foule dans le refrain. En revanche, quand les roulements de batterie se font menaçants, le chant devient plus courroucé et va même jusqu’à crier son désespoir, notamment à travers ce petit tremblement qu’on lui connaît. Dans ces instants, les guitares semblent le plus souvent effarées, mais n’hésitent pas à mettre de l’eau dans le vin une fois rentrées dans des accès guillerets. Quand les rythmes lorgnent vers l’école UK82 (GBH, The Exploited, Discharge…), le tonnerre gronde et une pluie de riffs s’abat sur le public. Groove et énergie sont alors de la partie. En revanche, quand elle affiche des envies tribales, la batterie peut perdre son sang-froid et partir dans des délires hallucinés. La voix possédée donne alors l’impression de subir un exorcisme. C’est du grand art typique du côté décalé de nos Franciscanais. Et la bizarrerie se poursuit quand un des hymnes heavy dévie de sa trajectoire pour partir dans des eaux plus troubles. Les cadences empruntent alors des chemins tortueux et la voix se pare d’atours baroques faisant défiler étonnement, allégresse et plainte. On ne sera pas surpris non plus d’entendre ce chant excentrique quand une musique de cirque égayée rencontre le sludge sombre des Melvins. L’humour nous vient même de la guitare quand les rythmes se mettent à tanguer tel un navire sur une mer agitée. Mais c’est également une ambiance plus poisseuse, à la Cirith Ungol, qui peut se mettre en place autour de l’enivrement que créent les riffs tournant à la manière d’un carrousel. Toujours perdus dans nos Everglades, nous voilà maintenant figés par un metal « brouillé », où se croisent roulements du tonnerre de Dieu et guitares enragées.

Live report The Lord Weird Slough Feg Band 2

On continue à s’embourber dans les marécages quand des notes tout droit sorties de l’enfer ouvrent la porte à un thème lourd à la « Whole Lotta Love ». Et c’est loin d’être la seule référence à Led Zeppelin. En effet, l’air de « The Song Remains The Same » semble se profiler quand l’étonnement des guitares se transforme en amusement. Un appel est alors lancé pour sortir du bourbier et danser. En outre, avant que la six-cordes ne se lance dans des improvisations fantasques entre blues et jazz, la basse entame quelques notes réminiscentes de « How Many More Times ». Même si l’on sent que la voix de Mike n’est plus aussi puissante qu’il y a vingt ans, la prestation des Lord Weird Slough Feg au Klub mérite d’être saluée. Il ne reste plus qu’à attendre le 11 avril pour découvrir les sept nouvelles compositions de la formation.

Crédits photos : Kevin le Corre, David Wright

https://linktr.ee/cabaret_fantome

http://www.sloughfeg.com/

 

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