Levin Torn White – Levin Torn White

Il est des albums où l’on est de suite enthousiaste, il en est d’autres qui incitent à la patience. Ce nouvel album collaboratif signé Tony Levin est de ceux-là. Habitué à travailler avec David Torn à la guitare dans moultes galettes, la présence ici du batteur de Yes, Alan White, est LA grosse surprise de cet opus. En effet, plutôt discret, jamais on n’aurait pu imaginer trouver ce dinosaure du rock progressif dans un album expérimental, très loin des canons du prog classique. Ici point d’envolées de guitare ou de claviers façon Liquid Tension Experiment, mais des morceaux atmosphériques plutôt courts, expérimentaux, et difficiles d’accès. Il y a du métal, du jazz fusion, de l’électro, du progressif, de l’expérimental, bref, l’album est riche et multiple. White apporte une frappe inédite pour le fan de Yes, notamment sur « Prom Night of the Centipedes » ou sur le space rock « Ultra Mullet », et un groove bien senti, sur entres autres « White Noise » ou « Crunch Time » très dynamique. On pense souvent à King Crimson, tout au long du disque, référence ultime et évidente pour les amateurs de rock aventureux. Même si l’album montre des faiblesses sur certains morceaux (on penserait à des jams pas finies), les ambiances varient cependant suffisamment pour ne pas se lasser, mais il faut se laisser porter par les multiples variations pour en apprécier leurs saveurs. Souvent l’auditeur se perdra dans ce labyrinthe sonore, ou se retrouvera pris dans des contrées sombres et inquiétantes, comme sur les très surprenants Convergence » ou « Sleeping Horse », que ne renierait pas un Earth qui aurait pris un virage électronique ! Cependant, rien de bien nouveau sous le soleil (voilé) de ce genre de musique, il en résulte une œuvre bien pensée, bien jouée, assez froide et intellectuelle, mais qui ne réussit pas à convaincre outre mesure.

Fred Natuzzi (5/10)

http://levintornwhite.com/

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