Kurtz Mindfields & Tajmahal – Analogic Touch

Analogic Touch
Kurtz Mindfields & Tajmahal
Electrik Dream
2017

Kurtz Mindfields & Tajmahal – Analogic Touch

Kurtz Mindfields & Tajmahal Analogic Touch

Je vous avais déjà parlé au tout début de l’année 2017 de Kurtz Mindfields, de son vrai nom Jean-Luc Briançon, et de ses deux albums, Journey Through The Analog Adventure, sorti en 2015, et The Dreaming Void, paru en 2016. Et j’écrivais ceci : « On tape dans le lourd, le très lourd de la musique électronique de ces dernières années. D’abord parce que Jean-Luc Briançon n’est pas le premier claviériste venu, et assurément aussi du fait de la profusion musicale presque insensée représentée par l’addition de ces deux albums. Et si on y ajoute la liste ébouriffante des synthés utilisés, on entre directement dans l’onirique, ou dans l’indécent, comme on voudra. » Que devrais-je écrire maintenant pour décrire le tout récent Analogic Touch ? Quels compliments superlatifs employer ? Aaaargh ! Parce que là, franchement… Bon, je vais tenter de vous la faire courte. Alors voilà, il y a dans Analogic Touch tout, mais alors vraiment absolument tout, ce que peut aimer, adorer, vénérer un fan (comme moi, bien sûr !) de musique électronique à l’ancienne façon Berlin School. Je veux évidemment parler des séquences, des solos, des nappes et tous les synthés fabuleux sur lesquels tout ceci a été joué. Mais avec cet Analogic Touch, décrire tout cela en détails – et ce serait déjà juste monstrueux – ne suffirait même pas à exprimer le dixième de ce qui rend cet album unique. Il faudrait encore avouer les états paranormaux dans lesquels me mettent certains titres de cet opus, se plonger dans toutes les coopérations avec d’autres merveilleux musiciens qu’il a nécessité ou encore feuilleter chaque page du fantastique livret – un véritable musée des plus beaux synthés !  – qui accompagne Analogic Touch. Allez, je vous le dis comme je le pense : c’est pour ce genre d’album que j’aime me passionner, écouter chaque nuance, me lancer dans des tas de recherches et prendre ma plume jusqu’à très tard dans la nuit.

Kurtz Mindfields & Tajmahal Analogic Touch Band

Jean-Luc Briançon a commencé l’apprentissage du piano à l’âge de dix ans, au départ par le biais de la méthode traditionnelle classique, puis au travers du blues, du boogie et la pop. Il découvre les synthétiseurs à l’âge de quinze ans. Viennent ensuite les premiers groupes, les premières compositions, et enfin la professionnalisation. Après deux ans d’études à l’école de jazz de l’AIMRA de Lyon, de vingt-deux à vingt-trois ans, il part aux États-Unis et plus exactement au Musician Institute de Los Angeles dont il est revenu diplômé avec même un Award du meilleur groupe instrumental de l’année en 1992. À son retour en France, il crée le studio Nuage7 et fonde le très excellent groupe de jazz Abigoba. C’est en 1976 que Jean-Luc Briançon découvre Oxygène de Jean-Michel Jarre. C’est une révélation. D’autant plus qu’il est sidéré peu de temps après par la musique de Tangerine Dream. Alors, il achète un orgue électronique GEM qu’un ami avait modifié pour avoir une sortie audio qui lui permettait de connecter des effets genre phasing et flanger, puis c’est le tour d’un premier synthétiseur, un Teisco S60 F. Plus tard vint son premier polyphonique, le JX3P Roland et enfin, pour ses vingt ans, il s’offre ses deux pièces maîtresses, un Minimoog et un Fender Rhodes. À partir de là, il ne fait qu’explorer la musique électronique des années 70, en rêvant d’un gros Moog modulaire comme ceux qu’il voyait dans les disques. Mais il a commencé à se sentir seul derrière ses machines et a découvert que des groupes comme Pink Floyd, ELP ou Yes utilisaient les mêmes claviers, mais avec des batteurs, des guitaristes, en bref toute une artillerie, souvent très imposante. Dès lors, il a switché progressivement jusqu’au jazz mêlé à beaucoup de claviers de tous les genres. C’est donc bien un retour à ses premières sources d’inspiration qu’accomplit Kurtz Mindfields/Jean-Luc Briançon avec ses albums. Il y rend un pléthorique et vibrant hommage à Klaus Schulze, Tangerine Dream, Jean-Michel Jarre, Brian Eno, Vangelis, Edgar Froese, Ash Ra Tempel, pour ne citer qu’eux, il y en a tellement ! Tout ceci donne de sa part une multitude de merveilleuses occasions pour des voyages aussi mélodiques que cosmiques, encore embellis par son incroyable savoir-faire en tant que claviériste et sa profonde passion pour les sons venus d’ailleurs et les synthés de légende.

Comme toujours avec Jean-Luc Briançon, tout nouvel album commence par une longue visite au studio d’Olivier Grall, le maître incontesté français des synthés de rêve, massifs ou rares. S’enregistrer aux commandes d’un EMS Synthi A, d’un ARP 2500, d’un Moog Modulaire 3P ou encore d’un Yamaha CS 80, pas de problème ! Le studio d’Olivier Grall est connu pour abriter tout un arsenal de synthés à couper le souffle. Il est aisé de sentir que le courant est bien passé entre eux à l’écoute de l’impressionnant océan de sonorités synthétiques et de séquences de toute beauté qui en a résulté. Cependant, ce qui distingue Analogic Touch de ses prédécesseurs – qui avaient pourtant déjà faits très forts ! – c’est le nombre et surtout la qualité des coopérations. Nous venons de parler de celle avec Olivier Grall, à l’origine d’un ensemble impressionnant de séquences tout à fait magnifiques. Il y a bien sûr aussi celle concernant l’excellent DJ qu’est Tajmahal. Citons encore celle concernant l’extraordinaire Robert Rich, dont la discographie est à faire pâlir tant par sa quantité que par sa qualité, sans oublier le talent considérable du musicien dès qu’il est question de patcher un gros modulaire. Citons encore, Jean-Michel Zanetti, Kliment, Stéphane Gally, Milena Sergeeva ou Wendy Martinez, qui mériterait à elle seule une étude spéciale tant ce qu’elle crée par elle-même est beau, profond et intéressant. Mais c’est sûrement la coopération avec Irina Mikhailova qui est la plus intéressante. Là, rien que pour elle, c’est toute une longue chronique qu’il faudrait consacrer pour seulement résumer l’œuvre de cette diva à la voix sublime et envoûtante. Écoutez « After Earth Song » pour savourer les délices vocaux dont je veux parler. Impossible de tout évoquer à propos de ce brillantissime Analogic Touch, il y a trop à dire, trop de matière, trop à creuser. Je vais juste revenir, pour finir, sur le magnifique livret qui accompagne l’album, un véritable cadeau pour tous les amoureux des beaux synthés. Que je sois bien clair, Analogic Touch est plus qu’un album exemplaire, c’est un sommet, un must, le rendez-vous de tant de talents exceptionnels qu’on ne saurait passer à côté si on est un fan du genre. Bravo, bravo et encore bravo !

Frédéric Gerchambeau

Coup de Coeur C&O

https://www.facebook.com/KurtzMindfields/

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